Il a consacré sa vie à faire connaître l'eucharistie, ce qui lui a valu le titre d'apôtre de l'eucharistie.
Pierre Julien Eymard est né dans le petit village de la Mure d’Isère le 4 février 1811. Il est le dixième enfant de Julien Eymard, artisan coutelier, mais le quatrième avec sa deuxième femme, la première étant décédée. Mais la mortalité infantile est énorme à l’époque. Des six enfants du premier mariage, deux seulement survivent ; des quatre enfants du second mariage, lui seul survit. À sa naissance, il a un frère de 17 ans, Antoine, et une sœur de 12 ans, Marianne. La famille Eymard est très dévote. Le père est membre de la Confrérie des Pénitents du Saint-Sacrement à partir de 1817. Le jeune Pierre Julien est donc élevé dans un milieu fervent et lui-même est attiré par Dieu. Une anecdote le prouve sans aucun doute. Un jour, alors qu’il a 5 ans, on ne retrouve plus le petit Pierre Julien. On le cherche partout. Sa sœur finit par le retrouver, juché sur un escabeau derrière le maître-autel de l’église, à la hauteur du tabernacle. - Que fais-tu là ? , demande sa sœur. - Je suis près de Jésus, et je l’écoute, répond candidement son petit frère.
Très tôt, Pierre Julien éprouve le désir de devenir prêtre, mais son père refuse de voir partir celui sur lequel il compte pour reprendre son entreprise de couteaux. Ce refus implique de très grandes difficultés pour arriver à étudier. Pierre Julien apprend le latin en secret, à l’insu de son père. En 1821, puis en 1824, au cours de pèlerinages à Notre Dame du Laus, il rencontre les Oblats de Marie Immaculée, fondé par Eugène de Mazenod, encore vivant à l’époque. En 1828, sa maman meurt, laissant son papa une deuxième fois veuf. Pas question de l’abandonner et de le laisser seul.
En mai 1829, les Oblats viennent prêcher une mission paroissiale à la Mure. Le papa de Pierre Julien se laisse convaincre et son fils entre chez les Oblats à Saint Just, près de Marseille. Pierre Julien se donne sans compter dans les études pour rattraper le temps perdu. Il présume de ses forces et tombe malade. Il doit quitter les Oblats pour raison de santé après 5 mois. Il rentre à la Mure. C’est à Marseille que Pierre Julien découvre la dévotion eucharistique, suite à une expiation solennelle voulue par Mgr de Mazenod pour un sacrilège commissions dans une église. Pierre Julien avouera plus tard, relisant le fil rouge de sa vie : « Il me fallait Marseille pour me donner l’amour exclusif de l’Eucharistie et en faire le centre de ma vie. »
De retour à la Mure, Pierre Julien est présent à la mort de son père en 1831. Ensuite, il rencontre fortuitement Mgr de Mazenod qui est vicaire général de Marseille, en plus d’être fondateur des Oblats. Pierre Julien obtient de lui une lettre de recommandation pour le séminaire de Grenoble où il est admis. Il est finalement ordonné prêtre le 20 juillet 1835 dans la même chapelle où le curé d’Ars a été ordonné. Les Oblats l’invitent à revenir dans leurs rangs, mais Pierre Julien préfère rester prêtre diocésain.
Il est nommé vicaire à la Chatte où il fait une expérience mystique fondatrice qu’il a gardée secrète. Malade, il est nommé curé de Monteynard, mais il reste habité par le désir de la vie religieuse. Finalement, il entre à Lyon chez les frères maristes qui viennent d’être fondés en 1817 par saint Marcellin Champagnat. On l’envoie à Belley dans le collège de sa congrégation. Il en devient directeur, puis en 1845, il devient provincial de sa congrégation, avant d’être visiteur général. Dans la même année, il devient aussi directeur du tiers-ordre de Marie. C’est en 1845 aussi, pendant la procession de la Fête-Dieu qu’il préside à la paroisse Saint-Paul de Lyon, que le père Eymard reçoit comprend qu’il doit prêcher Jésus-Christ et Jésus-Christ eucharistique. En 1848, à Paris, le père Eymard découvre les œuvres fondées pour raviver la dévotion eucharistique, en particulier l’œuvre d’adoration réparatrice fondée par Adeline Dubouché. Cette découverte le prépare à l’étape décisive de sa vie.
C’est en 1851, dans la basilique Notre Dame de Fourvière à Lyon, que le père Pierre Julien Eymard fait cette expérience qui va orienter définitivement le reste de sa vie.
Il est profondément marqué par l’absence de formation des laïcs qui n’ont pas de directeurs spirituels, par l’état d’abandon spirituel des prêtres et surtout par le manque de dévotion dont souffre le Saint Sacrement, sans compter les sacrilèges qui sont commis à son égard.
Il écrit : « J’ai souvent réfléchi sur les remèdes à cette indifférence universelle qui s’empare d’une manière effrayante de tant de catholiques, et je n’en trouve qu’un : l’Eucharistie, l’amour à Jésus Eucharistique. La perte de la foi vient de la perte de l’amour. » Il fonde un tiers-ordre dédié à l’adoration réparatrice qui va devenir une congrégation religieuse dédiée au culte et à l’apostolat de l’eucharistie : la congrégation du Saint Sacrement. En 1856, le père Eymard est relevé de ses vœux chez les maristes. Il peut alors se consacrer à la fondation de sa nouvelle congrégation dont le cœur est l’adoration perpétuelle. En 1858, il se lance dans la fondation de la branche féminine, les Servantes du Saint Sacrement.
Les premières années sont extrêmement rudes. La jeune congrégation doit déménager plusieurs fois. Elle s’installe finalement dans le quartier très pauvre de la barrière d’Arcueil. Là le père Eymard rassemble des jeunes non catéchisés, et les prépare à la première communion, suivie de la confirmation. Ce sont les prémices de l’œuvre de la Première Communion des Adultes. La vie du jeune fondateur n’est pas simple. Le père Eymard est proche du découragement. Il décide d’aller demander conseil au curé d’Ars. « Mon bon ami, lui dit-celui-ci, vous voulez que je prie le bon Maître pour vous ? Mais vous l’avez, vous, vous l’avez toujours devant vous ! » En mai 1863, le pape Pie IX signe le décret pontifical d’approbation de la congrégation du Très Saint Sacrement. En plus de son travail de fondateur, le père Eymard se dévoue à la prédication pour faire aimer l’eucharistie et l’adoration du très Saint Sacrement. C’est ce qui lui vaut le titre d’apôtre de l’eucharistie.
À partir de 1863, le père Eymard dédie tout son temps à la réalisation d’un grand projet qui lui tient à cœur : acquérir le cénacle de Jérusalem, le lieu où Jésus a institué l’eucharistie, pour en faire un centre de rayonnement eucharistique. Il va à Rome, tente de contacter le pape Pie IX, mais le projet se heurte à de fortes résistances auxquelles il ne s’attendait pas. Malgré son travail et ses prières incessantes, le projet est finalement refusé en mars 1865. C’est l’échec. On peut être saint et mystique et rencontrer l’échec. La sainteté n’est pas la garantie d’une vie où tout réussit selon ses projets. Mais Dieu a préparé le père Eymard à cette épreuve par ce qu’on a appelé « le vœu de la personnalité ». Il s’agit d’une grâce mystique majeure qui transforme le père Eymard. Il se donne entièrement au Seigneur : rien pour lui-même, rien par lui-même, tout pour Dieu. Il doit abandonner ses propres projets pour se laisser façonner par l’Esprit Saint afin que le Christ vive en lui (cf. Galates 2, 20), pour devenir Eucharistie, « un pain savoureux » pour la vie de ses frères.
De retour en France, le père Eymard se consacre à sa congrégation. Il doit faire face à toutes sortes de problèmes, d’humiliations et d’incompréhensions. Il vit une véritable nuit spirituelle. Sa prière est un combat, il subit les assauts du diable. Et pourtant, à la suite d’une retraite en 1865, le père chante les merveilles que Dieu a accomplies pour lui : « Comme le Bon Dieu m’a aimé, écrit-il ! Il m’a conduit par la main jusqu’à la Société du Très Saint-Sacrement ! Toutes mes grâces ont été des grâces de préparation, tous mes états, un noviciat ! Toujours le Saint-Sacrement a dominé. C’est la Très Sainte Vierge qui m’a conduit à Notre-Seigneur : à la communion de tous les dimanches par le Laus à 12 ans ; de la Société de Marie à celle du Très Saint Sacrement. » La santé du père décline rapidement. Le médecin lui ordonne de retourner dans son village natal, la Mure d’Isère, espérant que cela l’aidera à guérir. Le père Eymard arrive à la Mure le 21 juillet 1868. Il meurt épuisé dix jours plus tard, le 1er juillet, de suites d’une hémorragie vasculaire cérébrale. Sur sa tombe, on écrit l’épitaphe suivante qui résume la vie du père Eymard : « Aimons Jésus, qui nous aime tant dans son divin Sacrement. »
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