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Sainte Ana Maria Taigi

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 2 août 2023 - Modifié le 2 août 2023

Mère de famille nombreuse, elle est la première laïque femme du peuple à avoir été béatifiée. 

Ana Maria TaigiAna Maria Taigi

Lorsque nous étions à Rome, ma femme et moi, nous avions l’habitude de nous balader le week-end en marchant au hasard et en entrant dans toutes les églises que nous rencontrions à la recherche des saints de la ville éternelle. Nous avons fait ainsi de belles découvertes. Un jour, nous sommes entrés dans la basilique San Crisogono dans le quartier du Trastevere. Cette église est tenue par l’ordre des Trinitaires. Dans une chapelle latérale, nous avons trouvé le gisant d’une femme avec cette inscription : « Beata Anna Maria Taigi, madre di sette figli » (Bienheureuse Anne-Marie Taïgi, mère de sept enfants). Immédiatement, je me suis tourné vers Anne, ma femme : « Anna Maria Taigi a eu 7 enfants comme toi. Elle pourrait être ta patronne ! Elle manifeste qu’on peut être mère de famille nombreuse et sainte (ce dont je n’ai jamais douté par ailleurs) ! »

 

Quand on m’a demandé de raconter des vie des saints, je n’ai pas oublié cet épisode de notre vie romaine et je me suis promis de chercher à mieux connaître cette bienheureuse mère de famille, tertiaire trinitaire. C’est ainsi que j’ai découvert qu’elle était la grande amie d’une autre bienheureuse dont je vous ai déjà parlé, tertiaire trinitaire elle aussi : Elisabetta Canori Mora, patronne des couples en difficulté. Ces deux femmes mariées, mères de famille, qui ont traversé de grandes épreuves se sont soutenues dans le chemin de sainteté, illustrant une fois de plus ce que je vous répète si souvent : on ne devient jamais saint tout seul. Mais mes découvertes ne sont pas arrêtées là.

 

 

Rencontre extraordinaire avec un prêtre !

 

 

Anna Maria Giannetti – Taigi est son nom d’épouse – est née à Sienne le 29 mai 1769. À Rome, elle devient domestique et c’est ainsi qu’elle rencontre Dominique Taigi qui exerce le métier de valet au palazzo du prince Chigi. Les deux jeunes gens tombent amoureux et le mariage est célébré rapidement dans l’église San Marcello del Corso. Anna Maria a vingt ans. Le couple aura sept enfants, dont trois sont morts en bas âge. Anna Maria découvre le caractère difficile de son mari – il est plutôt colérique, mais elle l’aime et le sert fidèlement toute sa vie sans jamais se plaindre. Elle doit également supporter la présence de sa belle-mère qui n’est pas facile à vivre. Domenico témoignera de tout cela au procès de béatification où il sera appelé à l’âge de 91 ans. Un jour, la maman d’Anna Maria lui lit un texte sur le jugement dernier qui la secoue profondément. Elle décide d’abandonner toute vaine gloire et de se confesser.

 

Elle entre pour cela dans l’église San Marcello où elle accueillie par un père servite, le père Angelo Verardi qui lui dit, tout de go : « Ah ! vous êtes enfin venue. Cela fait longtemps que je vous attends ! » Anna Maria est interloquée. Le père Verardi lui explique : « C’est vrai que je ne vous connais pas. Vous êtes passée un jour à côté de moi dans la basilique saint Pierre, et j’ai entendu une voix intérieure qui me disait : “Regarde cette femme. Un jour, elle arrivera devant toi. Tu dois la confesser et la convertir.

 

 

Elle deviendra sainte parce que je l’ai destinée à le devenir. 

 

Entrée dans le tiers-ordre trinitaire

 

Anna Maria fait donc une confession générale et vit une profonde conversion. Elle veut faire pénitence et se livre à des excès que son confesseur modère. Un jour, peu de temps après sa conversion, Anna Maria est malade, couchée dans son lit. Le Seigneur lui apparaît, il la fait lever, la guérit et déclare qu’elle est désormais son épouse. Avec toutes les grâces qu’elle reçoit, Anna Maria brûle du désir de devenir religieuse. Impossible puisqu’elle est mariée et mère de famille. Mais elle peut adhérer à un tiers-ordre, ce qu’elle fait en 1802 avec l’accord de son mari : elle devient tertiaire de l’ordre des Trinitaires, fondé par saint Jean de Matha. La cérémonie a lieu à l’église San Carlino alle Quattro Fontane, là même où se trouve enterrée son amie, tertiaire trinitaire elle aussi, la bienheureuse Elisabetta Canori Mora. Au cours de la messe de son engagement, au moment de la communion, elle entend le Seigneur lui dire :

 

 

Aujourd'hui, je t’ai choisie pour aller dans le monde convertir les âmes et consoler les personnes de toutes conditions : prêtres, religieux, prélats, cardinaux et même mon Vicaire (entendez le pape). 

 

Apôtre de la charité

 

Comme tertiaire trinitaire, Anna Maria se dévoue au service des pauvres et des malades. Sa maison leur est toujours ouverte. Elle est connue comme une véritable apôtre de la charité. Tout cela ne l’empêche pas de continuer à s’occuper de sa famille et de son ménage. Sa vie est aussi émaillée de nombreux prodiges et miracles. Un des plus fameux est le miracle du globe lumineux, un peu comme un soleil miniature, au-dessus de sa tête. L’événement se déroule alors qu’Anna Maria se mortifie devant un crucifix. Soudain, elle aperçoit suspendu à un mètre de son visage et 25 cm plus haut que sa tête un globe lumineux, entouré d'épines entrelacées. En regardant ce globe, Anna Maria voit l’état des âmes des vivants et des morts, elle peut annoncer des événements futurs, etc. L'existence de ce mystérieux soleil, qui a brillé devant Anna-Maria pendant quarante-sept ans, est attestée par des milliers de faits miraculeux, corroborés par de nombreux témoins. En effet, Anna Maria commence à recevoir de nombreuses visites de personnages de tout genre, y compris des princes de l’Église, mais aussi des saints, comme Vincent Pallotti, Gaspare del Bufalo ou l’évêque passionniste Vincent Marie Strambi.

 

Une vie d'extases et de grâces mystiques

 

Anna Maria est favorisée d’extases et de grâces charismatiques nombreuses qui la poursuivent, même durant ses activités de mère de famille. On l’entend parfois s’adresser au Seigneur : « Laisse-moi tranquille, mon Seigneur ! J’ai autre chose à faire. Je suis une mère de famille, pars, je t’en prie ! » Puis, revenant à elle, elle dit joyeusement : « Mon Dieu ! Sans toi, c’est impossible ! » Elle avait un charisme de guérison et aussi le don de prophétie. On ne compte plus les visions prophétiques qu’elle a eues et qui se sont révélées exactes. Beaucoup bénéficient des conseils spirituels d’Anna Maria. Ainsi, par exemple, son propre directeur spirituel, le père Raphael Natali, arrive à se corriger de ses défauts sur les indications très détaillées de notre bienheureuse. Anna-Maria Taigi s’éteint à l’âge de 68 ans, le 9 juin 1837, à Rome. Elle est béatifiée par le pape Benoît XV en 1920.

 

Comme le signale une des biographes de notre bienheureuse, Giovanna Cossu Merendino, Anna Maria Taigi a été « la première femme du peuple qui a atteint la perfection chrétienne dans la vie conjugale ; avant elle, de nombreuses femmes ont eu les honneurs des autels, mais elles étaient célibataires, ou veuves ou religieuses, reines ou princesses. » Comme toujours, ce ne sont pas les dons extraordinaires d’Anna Maria qui ont fait d’elle une sainte, c’est sa charité indéfectible pour les pauvres et les nécessiteux, le don d’elle-même comme épouse, mère de famille et grand-mère, sa vie de prière, sa patience avec un mari et une belle-mère difficiles… toutes choses que les mères de famille qui nous écoutent peuvent imiter pour devenir elles aussi des saintes avec la grâce de Dieu et pour sa gloire.

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