Le 9 mars, l’Église fête sainte Françoise Romaine, épouse, mère, veuve et fondatrice des « Oblates Olivétaines de Marie », une congrégation qui n’existe qu’à Rome.
Voyons un peu son histoire, une nouvelle fois hors du commun. Dieu a toujours beaucoup d’imagination avec ses saints.
Sa maman, Jacovella, est très pieuse et emmène sa fille visiter les églises de son quartier. Françoise se confesse régulièrement chez les Bénédictins du Mont Oliveto. C’est ainsi qu’elle trouve son premier père spirituel, le père bénédictin Antonello. Celui-ci constate l’attrait de l’enfant pour la vie religieuse.
Paolo, le père de Françoise, ne voit pas les choses ainsi. Dès que sa fille atteint l’âge de 12 ans, il arrange son mariage selon les coutumes de l’époque avec le jeune noble Lorenzo de Ponziani, un homme bon, fils d’une riche famille du Trastevere.
C’est le père Antonello qui convainc Françoise d’accepter ce mariage qui va à l’encontre de son désir de vie consacrée. Il lui pose cette question qui devrait tous nous inspirer dans notre vie spirituelle : « Pleures-tu parce que tu veux faire la volonté du Seigneur ou parce que tu veux que Dieu fasse ta volonté ? » Françoise décide donc d’accepter la croix de ne pas devenir religieuse et elle épouse donc Lorenzo de Ponziani.
Une fois mariée, Françoise va habiter dans le palais des Ponziani, mais elle tombe alors dans une profonde anorexie et une grande prostration jusqu’à ce qu’à l’aube du 16 juillet 1398, lui apparaît en songe Saint Alexis, un saint qui s’était enfui de chez lui quand sa famille avait voulu le forcer à se marier. Saint Alexis lui dit :
Tu dois vivre, le Seigneur veut que tu vives pour glorifier son nom.
À son réveil, Françoise obéit de tout son cœur. Sa vie change ; elle accepte pleinement sa condition d’épouse et à 16 ans, en 1400, elle tient le premier de ses 6 enfants dans ses bras : Jean-Baptiste (Battista en italien). Trois de ses enfants mourront en bas âge. En plus de Battista, deux dépasseront l’âge des nourrissons : Jean l’Évangéliste (Evangelista en italien) et Agnès. Mais seul Jean-Baptiste est arrivé à l’âge adulte. Les deux autres enfants sont morts de la peste respectivement à 9 ans et 5 ans.
À l’époque de Françoise, la ville de Rome traverse des temps très difficiles. Le grand schisme d’Occident, commencé en 1378, divise l’Église. Papes et anti-papes se disputent l’autorité sur l’Église, l’un à Rome, l’autre à Avignon. Rome est abandonnée à elle-même. Il manque une autorité centrale et reconnue pour maintenir l’ordre et permettre la prospérité. En outre, la ville est saccagée et occupée à trois reprises par le roi de Naples, Ladislas di Durazzo. Il y a des scènes de guérilla urbaine. La ville de Rome qui du temps des empereurs romains avait plus d’un million d’habitants est réduite à une petite bourgade de pauvres. La situation est dramatique.
Dans ces circonstances, Françoise et sa belle-sœur Vanozza se consacrent à l’aide des miséreux et des malades qui sont légion dans la ville. En 1401, à la mort de sa belle-mère, son beau-père Andreozzo qui a une grande confiance en elle lui confie la responsabilité de la maison. Françoise en profite pour augmenter sa générosité. Elle a maintenant accès à toutes les réserves, garde-manger, caves, grenier, etc. En peu de temps, elle a épuisé toutes les réserves de la maison. Le grenier est totalement vide. Andreozzo, le beau-père de Françoise, est furieux. Il reprend les clés.
Mais quelques jours plus tard, les greniers et les tonneaux de vins sont à nouveaux miraculeusement pleins. Andreozzo est un homme charitable. Voyant le miracle, il rend les clés à sa belle-fille. Ce miracle encourage Françoise dans la générosité. Dès lors, elle est connue et admirée dans tout le Trastevere, à cause du miracle des greniers, et un groupe de dames se réunit autour d’elle pour suivre son exemple.
À la mort de son beau-père, avec l’accord de son mari, Françoise vend tous ses bijoux et donne l’argent aux pauvres. Elle s’habille d’une simple bure. Elle mendie aussi pour ses pauvres, s’attirant les moqueries des nobles romains. Le peuple de Romme la surnomme « la poverella del Trastevere » (la pauvrette du Trastévère). Plus tard, c’est ce même peuple qui lui donnera le surnom de « Romaine » en reconnaissance de tout ce qu’elle a fait pour les pauvres de la ville éternelle. Sa réputation de sainteté se diffuse partout et les miracles qui lui sont attribués se multiplient.
Françoise commence à bénéficier d’illuminations célestes, de nombreuses d’extases, et de prodiges et guérisons. Elle est aussi en luttes fréquentes contre le démon. Ces attaques du diable sont si éprouvantes que le Seigneur permet à l’ange gardien de Françoise de se faire visible pour mieux repousser les tentations et réprimer tout ce qui pouvait empêcher sa progression vers la sainteté. Toute sa vie Françoise le voit à ses côtés et peut converser familièrement avec lui.
Françoise continue à aider les pauvres et les malades. Elle commence à diriger spirituellement un groupe d’amies qui participent à ses œuvres de charité quotidiennes et qui se réunissent chaque semaine dans l’église de Santa Maria Nova.
Durant une de ces rencontres, Françoise les invite à s’unir en une confraternité consacrée à la Vierge, chacune restant dans sa maison, s’engageant à vivre les vertus monastiques et à se donner aux pauvres.
Le 15 août 1425, fête de l’Assomption, devant l’autel de la Vierge, les 11 femmes fondent l’association des « Oblates Olivetaines de Marie », en hommage à l’église des pères bénédictins Olivétains qu’elles connaissent. Elles prononcent une formule de consécration qui les associe à l’ordre bénédictin.
En 1433, elles se rassemblent dans le monastère, qui est toujours le leur, à Tor de’Specchi (en français la Tour des miroirs), et le Pape Eugène IV érige la communauté en Congrégation. Leur unique maison, selon leur règle, est la maison romaine.
Françoise se rend chaque jour au monastère qu’elle a fondé, mais continue à habiter le Palais Ponziani, pour soigner son mari malade, avec lequel elle a vécu 40 ans en harmonie. Après la mort de son mari, le 21 mars 1436, elle quitte sa maison et la confie à son fils Battista, pour enfin entrer dans le monastère qu’elle a fondé. Les sœurs la choisissent comme supérieure.
Elle vit les 4 dernières années de sa vie dans le monastère.
Au début de l’année 1440, Battista tombe gravement malade. Françoise, en bonne mère, quitte son couvent pour soigner son fils dans le palais Ponziani. Lorsque ce dernier guérit, Françoise s’écroule, épuisée. Elle meurt le 9 mars 1440 dans la maison de sa famille en prononçant ces paroles : « Le ciel s’ouvre, les anges descendent, l’archange a fini sa tâche, il est debout devant moi et me fait signe de le suivre. » Son ange a fini sa mission : il a conduit Françoise au ciel.
La dévotion populaire du peuple de Rome est telle que le jour anniversaire de sa mort est déclaré férié par le Sénat en 1494.
Elle a été proclamée sainte le 29 mai 1608 par Paul V.
Permettez-moi de souligner deux points qui me semblent importants.
On peut dire que Sainte Françoise Romaine est l’exemple « type » de la vocation contrariée. Dès son jeune âge, elle se sent une vocation contemplative et religieuse, et à 13 ans, son père l’oblige à se marier.
L’exemple de sainte Françoise Romaine nous invite à utiliser les circonstances de notre vie pour devenir des saints. Il n’y aucune situation de vie qui puisse nous empêcher de devenir des saints. Regardez Françoise : elle a d’abord baissé les bras et elle se laissait mourir. Puis elle s’est ressaisie et elle a commencé à avancer à pas de géant vers la sainteté tout simplement en vivant pleinement son devoir d’état.
Un deuxième point que nous rappelle la vie de Françoise Romaine, c’est la présence de notre ange gardien.
Notre ange est un grand don de Dieu. Chacun de nous, nous avons un ange protecteur personnel qui a un grand pouvoir et qui est toujours à nos côtés. Sa présence est très réelle. Il est là pour nous protéger en toute circonstance, nous inspirer, nous diriger à faire la volonté de Dieu, pour nous défendre des dangers. Jésus, en parlant des anges, dit qu’ils voient sans cesse la face de Dieu tout en s’occupant attentivement de nous (Mt 18, 10).
À l’exemple de sainte Françoise Romaine, ayons souvent recours à notre saint ange gardien. Ne l’oublions plus. Prions-le. Vous pouvez utiliser la prière suivante attribuée à Saint Vincent Ferrier et que les catholiques italiens connaissent tous par cœur :
Ange de Dieu, qui es mon gardien, et à qui j’ai été confié par la bonté divine, éclaire-moi, défends-moi, conduis-moi et dirige-moi. Amen.
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