Le jubilé de sainte Thérèse de Lisieux s'est achevé le 7 janvier. Une année pour célébrer une figure mondialement célèbre, que même l'Unesco reconnaît comme "personnalité universelle, sentinelle pour notre temps". Pourtant en France la sainte reste mal connue. Il y aurait même un besoin de se réapproprier cette figure.
Dimanche 7 janvier 2024 marque la fin de l’année jubilaire des 150 ans de la naissance de Thérèse de Lisieux et du 100e anniversaire de sa béatification. Au lendemain de la messe de clôture de ce jubilé, un reliquaire est parti de Lisieux pour le Brésil. Durant près d’un an, il sera exposé dans différents endroits du pays et les fidèles pourront adorer les reliques de la sainte française.
Autre signe de son rayonnement international - et bien au-delà des frontières de l’Église - un colloque a été consacré à "la petite Thérèse" à la maison de l’Unesco le 27 novembre 2023. L’Onu reconnaît en la carmélite du XIXe siècle une "personnalité universelle, sentinelle pour notre temps". Et il y avait beaucoup d’étrangers parmi les très nombreuses personnes venues célébrer la fête de sainte Thérèse à Lisieux le 1er octobre dernier... Sans doute plus que de Français car la figure de sainte Thérèse, "paradoxalement, n’est pas si connue que ça en France", estime le recteur du sanctuaire de Lisieux, le Père Schwab. Même du côté d’Alençon, où le Père Thierry Hénault-Morel, recteur du sanctuaire Louis-et-Zélie-Martin identifie un "besoin de se réapproprier la figure de Thérèse".
Sainte Thérèse mériterait donc d’être mieux connue en France. Mais comment faire ? Au lendemain du jubilé, on explore les pistes pour faire découvrir et entendre son message.
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Si sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus (1873-1897) est connue dans le monde entier depuis plus de 100 ans, c’est grâce la publication de son autobiographie, "Histoire d’une âme" (1898). On y lit les douleurs et les grâces d’une vie courte mais vécue dans une grande intensité spirituelle et un amour infini pour le Christ. Au-delà du style que beaucoup jugent fleuri pour ne pas dire mièvre, mais propre à son époque, ce texte est d’une étonnante modernité.
On découvre "la petite voie" : une spiritualité qui invite à consentir à ses propres fragilités plutôt que de lutter contre. Ce qui a de quoi parler à nos contemporains. La spiritualité de Thérèse paraît "extrêmement simple", prévient le Père Schwab, mais "c’est une simplicité qui est difficile à acquérir. D’une certaine manière la petite voie de Thérèse est tout sauf simple en même temps qu’elle l’est…" Difficile de la faire entendre à ceux qui sont "peu instruits de la foi", dans un pays où la culture catholique est en recul.
Publiée en octobre dernier, l’exhortation apostolique du pape François "C’est la confiance" est "un outil très précieux qu’il faut pouvoir exploiter", estime le recteur de Lisieux, pour qui le texte est "une belle porte d’entrée dans l’histoire de Thérèse".
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Une chose est de savoir qui est la carmélite du XIXe siècle, dont les statues ornent bien des églises en France, une autre est de venir à Lisieux ou à Alençon. Visiter la maison de la famille Martin, se rendre sur "le pont de la rencontre", venir prier à la basilique… Ce sont "autant d’itinéraires spirituels symboliques extrêmement forts qui revoient chacun à sa propre histoire", pour le Père Thierry Hénault-Morel.
Selon lui, la présence de Dieu "s’incarne dans des lieux qui sont des lieux très symboliques, c’est ça qui est très fort. Ce n’est pas un lieu fétichiste c’est quelque chose qui ouvre à l’invisible." Si relativement peu de gens se rendent jusqu’à Alençon ou Lisieux, "quand ils viennent ils sont ravis", observe le Père Hénault-Morel.
Ce qui est formidable, c’est que tous les États du monde à l’unanimité ont considéré que la figure de Thérèse méritait cette reconnaissance
Le rayonnement de sainte Thérèse ne doit en tout cas pas être cantonné aux sphères des seuls catholiques, estiment les recteurs de Lisieux et d’Alençon. "Ce qui caractérise sainte Thérèse, selon le Père Schwab, c’est qu’elle est continuellement en sortie, comme d’ailleurs aime à le dire le pape François, c’est-à-dire qu’elle est reçue là où on ne l’attend pas y compris cette grande assemblée non confessionnelle qu’est l’Unesco."
Sainte Thérèse "s’adresse aux croyants et incroyants", estime Nicole Ameline, ancienne députée du Calvados, experte à l’ONU, engagée dans la défense des droits des femmes. "Ce qui est formidable, raconte-t-elle, c’est que tous les États du monde à l’unanimité ont considéré que la figure de Thérèse effectivement méritait cette reconnaissance dans le cadre du millénium de l’Unesco."
De quoi "ouvrir des portes extraordinaires pour l’avenir". Le message de la sainte est porteur de paix, il promeut l’éducation et la culture pour tous en particulier pour les femmes. Pour Emmanuel Schwab, il serait "salutaire" de "ne pas l’enfermer dans un seul aspect, au titre de notre foi".
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