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Saintes Félicité et Perpétue

Un article rédigé par Jean-Luc Moens - 1RCF Belgique, le 15 mars 2022 - Modifié le 15 mars 2022
A l'école des SaintsSaintes Félicité et Perpétue

Le 6 mars, nous fêtons saintes Félicité et Perpétue, deux martyres mortes à Carthage, en Afrique du Nord, en 203.

Saintes Félicité et PerpétueSaintes Félicité et Perpétue

Leur martyre est bien documenté. En effet, un texte relatant ce martyre nous est parvenu : c’est la Passion de Perpétue et Félicité. Ce texte contient des pages écrites par les martyrs eux-mêmes pendant leur captivité, Perpétue et Saturus. C’est donc un document de grande valeur. Félicité et Perpétue sont citées dans le canon romain de la liturgie eucharistique.

Voici donc leur histoire...

 

L'esclave et la maitresse

 

Sous le règne de l’empereur Septime-Sévère, on arrête à Carthage quelques jeunes catéchumènes. Parmi eux il y a Félicité, une jeune esclave, récemment mariée, qui est enceinte, et sa maîtresse, une jeune femme de 22 ans de bonne famille, nommée Perpétue, qui, elle, vient d’accoucher et qui allaite encore son bébé.
 

Le père de Perpétue n’est pas chrétien. Il fait tout ce qui est en son pouvoir pour éviter la mort à sa fille. Il essaie en particulier de lui faire abjurer sa foi. Il suffit qu’elle renonce au Christ pour avoir la vie sauve. On lui parle de son bébé qui va perdre sa maman, etc.
Perpétue raconte elle-même ce qui s’est passé :
« Nous étions encore avec nos persécuteurs, dit-elle, lorsque mon père vint faire de nouveaux efforts pour m'ébranler et me faire changer de résolution.
– Mon père, lui dis-je, vous voyez ce vaisseau de terre que voici. Peut-on lui donner un autre nom que celui qu'il a?
– Non.
– De même, je ne puis être autre que ce que je suis: je suis chrétienne.
À ces mots, mon père se jeta sur moi, furieux et confus de n'avoir pu vaincre ma résolution. Après cette scène, je fus quelques jours sans le revoir. Ce fut pendant ce petit intervalle que nous fûmes baptisés.»

 

Les catéchumènes sont donc baptisés tout juste avant leur martyre. Remarquez que, déjà avant son baptême, Perpétue s’identifie comme chrétienne.

 

Finalement, le groupe passe en jugement après avoir été jeté dans une prison plus infecte que la première. C’est la condamnation à être livrés aux bêtes sauvages dans le cirque. Le père de Perpétue est effondré après avoir tout essayé et supplié sa fille de renoncer à sa foi. Perpétue, de son côté, est triste de la tristesse de son père. Car elle se réjouit d’aller au ciel et voudrait que son père se réjouisse aussi :

 

Vivante, j'ai toujours été gaie ; je le serai plus encore au ciel

explique-t-elle.

 

De son côté, Félicité est enceinte et la loi romaine interdit de tuer des femmes enceintes. Félicité se désole de ne pouvoir être martyrisée avec tout le groupe. Mais finalement, elle accouche en prison d’une petite fille. Pendant l’accouchement, elle crie de douleur. Les geôliers se moquent d’elle en disant : « Que diras-tu en face des bêtes ? » 
Félicité lui répond :

 Aujourd'hui, c'est moi qui souffre ; devant les bêtes, il y en aura un autre qui souffrira pour moi, parce que je souffrirai pour lui.


Elle met au monde une fille qu'une chrétienne adopte.
 

Quelques jours plus tard, les condamnés sont emmenés dans l’amphithéâtre et jetés aux bêtes. Dans le groupe de Félicité et Perpétue, il y a trois hommes : Secondule, mort en prison, Saturnin et un avocat appelé Révocat.

 

Dans l’arène, Saturnin et Révocat sont d’abord donnés en pâture aux bêtes sauvages. Saturnin est épargné. On lâche alors un léopard qui s’attaque à Saturnin.


Vient ensuite le tour des deux femmes. Elles sont mises dans un filet et soumises à l’attaque d’une vache furieuse. Elles sont envoyées en l’air. Elles se relèvent en s’entraidant. Elles remettent en place leur vêtements déchirés. La populace n’est pas satisfaite, elle réclame la mort des survivants. Les condamnés survivants se rendent dignement au centre de l’arène. Perpétue de Félicité, l’esclave et la maîtresse, avancent en se donnant la main.  Les survivants  sont enfin achevés par leurs bourreaux.

Permettez-moi de souligner quelques points qui m’interpellent dans ce beau témoignage des saintes Félicité et Perpétue.
 

 

La foi dans la résurrection 

 

Le témoignage de Félicité et Perpétue est un magnifique témoignage de foi dans la vie éternelle et la résurrection. C’est la seule explication possible pour comprendre leur martyre alors qu’il leur suffisait de renoncer à la foi pour échapper à la mort.
Ce qui est extraordinaire, c’est que malgré les persécutions très violentes, le nombre des chrétiens ne cesse d’augmenter dans l’empire romain.
Une des explications qui a été donnée est la joie des chrétiens. C’est ce que confesse Perpétue avant sa mort : « Vivante, j'ai toujours été gaie ; je le serai plus encore au ciel. »

 

La fraternité chrétienne : esclave et patricienne meurt main dans la main

 

C’est très touchant aussi de voir que le foi chrétienne unit dans un même témoignage une esclave et sa maîtresse. On peut comprendre qu’un tel témoignage ait touché beaucoup d’esclaves de l’empire.

 

La barbarie qui se déchaîne contre les chrétiens

 

Nous avons pu être étonnés par la violence que les romains ont déchaîné contre les chrétiens. Il est bon de nous rappeler que c’est au XXème siècle que les plus terribles et nombreuses persécutions ont eu lieu contre les chrétiens. Nous avons beaucoup de frères et sœurs qui ont payé de leur vie leur foi en Jésus Christ.


Ce qui est extraordinaire, c’est qu’aucune persécution n’est jamais arrivée à éliminer l’Église. Elle n’est jamais aussi forte que quand elle est persécutée, car comme le disait Tertulien,

le sang des martyrs est semence de chrétiens

 

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