« Si le grain de blé tombé en terre meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 20-33)
Méditation par Sœur Catherine de Coster
Chant Final : "Si le grain de blé" de l'Ensemble Saint Jean
En ce temps-là,
il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem
pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque.
Ils abordèrent Philippe,
qui était de Bethsaïde en Galilée,
et lui firent cette demande :
« Nous voudrions voir Jésus. »
Philippe va le dire à André,
et tous deux vont le dire à Jésus.
Alors Jésus leur déclare :
« L’heure est venue où le Fils de l’homme
doit être glorifié.
Amen, amen, je vous le dis :
si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas,
il reste seul ;
mais s’il meurt,
il porte beaucoup de fruit.
Qui aime sa vie
la perd ;
qui s’en détache en ce monde
la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir,
qu’il me suive ;
et là où moi je suis,
là aussi sera mon serviteur.
Si quelqu’un me sert,
mon Père l’honorera.
Maintenant mon âme est bouleversée.
Que vais-je dire ?
“Père, sauve-moi
de cette heure” ?
– Mais non ! C’est pour cela
que je suis parvenu à cette heure-ci !
Père, glorifie ton nom ! »
Alors, du ciel vint une voix qui disait :
« Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. »
En l’entendant, la foule qui se tenait là
disait que c’était un coup de tonnerre.
D’autres disaient :
« C’est un ange qui lui a parlé. »
Mais Jésus leur répondit :
« Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix,
mais pour vous.
Maintenant a lieu le jugement de ce monde ;
maintenant le prince de ce monde
va être jeté dehors ;
et moi, quand j’aurai été élevé de terre,
j’attirerai à moi tous les hommes. »
Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.
Source : AELF
Aujourd’hui, l’Evangile est annoncé à des étrangers : « les Grecs qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu durant la Pâque ». Les Grecs ont une autre culture, une autre manière de penser et de vivre. Alors que les pharisiens n’ont eu de cesse de SAVOIR qui était Jésus et de lui tendre des pièges pour le tuer, ces étrangers, eux, veulent VOIR Jésus pour le connaître. Ils ne sont pas enfermés dans leurs certitudes et leurs pratiques religieuses, leur désir et leur espérance sont éveillés et les tournent vers Jésus par l’intermédiaire de Philippe et André, qui portent eux aussi des prénoms grecs.
Les autres et leur monde viennent bousculer notre foi souvent trop installée. Et, il nous faudra passer par la mort pour voir Jésus, vraiment ! Oui, le mystère de la Passion-Résurrection ne cesse de mettre notre foi en question, et le carême que nous vivons vient ouvrir une brèche dans le rempart de nos certitudes. Le carême n’est pas le temps de notre perfectionnement moral mais plutôt celui du dépouillement de notre foi !
Ce n’est qu’en mourant à nos certitudes, à notre culture, à nos routines religieuses, à nos vérités bien closes, à nos images rassurantes, à nos prétentions … que nous pourrons ressusciter avec le Christ !
C’est seulement « si le grain meurt qu’il porte beaucoup de fruits ». Ainsi en est-il de notre foi ! Elle ne peut voir Jésus qu’en passant par la mort : dès que nous nous faisons une image de Jésus, elle est déjà morte. Dès que nous enfermons Jésus dans une idée, dès que nous croyons le toucher et le connaître, il n’est plus là … il vit toujours ailleurs !
On ne peut voir Jésus qu’en chemin, dans la rencontre toujours nouvelle, surprenante, inattendue de nos frères humains qui ne cessent de nous faire mourir à nous-mêmes pour nous ouvrir au Tout-Autre.
Laissons-nous surprendre, laissons-nous déplacer, laissons mourir toutes nos attaches, pour devenir vraiment libres de rencontrer Jésus, mort et ressuscité, toujours nouveau, toujours ailleurs, toujours vivant.
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