"Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes (Mt 19, 16-22)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

    En ce temps-là,
    voici que quelqu’un s’approcha de Jésus et lui dit :
« Maître, que dois-je faire de bon
pour avoir la vie éternelle ? »
    Jésus lui dit :
« Pourquoi m’interroges-tu sur ce qui est bon ?
Celui qui est bon, c’est Dieu, et lui seul !
Si tu veux entrer dans la vie,
observe les commandements. »
    Il lui dit :
« Lesquels ? »
Jésus reprit :
« Tu ne commettras pas de meurtre.
Tu ne commettras pas d’adultère.
Tu ne commettras pas de vol.
Tu ne porteras pas de faux témoignage.
    Honore ton père et ta mère.
Et aussi :
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
    Le jeune homme lui dit :
« Tout cela, je l’ai observé :
que me manque-t-il encore ?
    Jésus lui répondit :
« Si tu veux être parfait,
va, vends ce que tu possèdes,
donne-le aux pauvres,
et tu auras un trésor dans les cieux.
Puis viens, suis-moi. »

    À ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste,
car il avait de grands biens.

Source : AELF

Méditation Père Michel Quesnel

« Si tu veux être parfait… » Nous estimons en général que la perfection n’est pas de ce monde. Et pourtant, Jésus invite cet homme, qui a déjà observé tous les commandements, à faire un pas de plus. Il a déjà dit à ses auditeurs, dans le sermon sur la Montagne : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48).

Et il annonce à son interlocuteur la voie de la perfection : « Vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres… » Cette voie de la perfection, c’est celle que Dieu a choisie : Dieu ne garde rien pour soi de ce qu’il possède, Dieu partage avec des pauvres toutes ses richesses. Il réalise cela depuis toujours en étant créateur ; il l’a historiquement réalisé en envoyant son Fils parmi les humains et en acceptant qu’il meure dans des souffrances atroces ; il continue de le faire en étant un Dieu de pardon. Devant tant de générosité divine, comment pourrions-nous avoir pour nos biens matériels un attachement démesuré ?

Certes, chaque chrétien n’est pas appelé à un tel détachement. Il faut bien gagner sa vie pour faire vivre sa famille, on ne vit pas de l’air du temps. Mais certains le sont matériellement, notamment les moines et les moniales, et tous sont appelés à un détachement intérieur. « La vie vaut plus que la nourriture, et le corps, plus que le vêtement… Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent. »

Appelé à la perfection, incapable de répondre à cet appel, l’interlocuteur de Jésus s’en est allé tout triste. Le texte ne dit pas s’il s’est ensuite repenti.

Quand sommes-nous le plus triste ? Quand il nous arrive des malheurs, ou quand nous restons sourds aux appels exigeants qui nous sont adressés ?