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Soeur Laurice, provinciale des Filles de la Charité à Beyrouth : "Dieu est là pour nous aider à nous relever"

Un article rédigé par Amélie Gazeau - RCF,  - Modifié le 5 décembre 2021
TémoinSoeur Laurice Obeid, provinciale des Filles de la Charité du Proche Orient

C'est dans le quartier d'Archrafieh, à Beyrouth que se trouve la maison provinciale des Filles de la Charité du Proche Orient. Dans cette grande maison aux teints ocres, Véronique Alzieu est accueillie par la "soeur servante" ou provinciale, Soeur Laurice Obeid qui nous parle de la mission de sa communauté au Liban, son pays natal, actuellement plongé dans une crise sans précédent.

Soeur Laurice Obeid, provinciale des Filles de la Chairté du proche Orient/Pauline de Torsiac/RCFSoeur Laurice Obeid, provinciale des Filles de la Chairté du proche Orient/Pauline de Torsiac/RCF

Les filles de la Charité, "servantes" des pauvres

La province des Filles de la Charité du Proche-Orient à son siège à Beyrouth mais regroupe cinq pays : le Liban, la Syrie, l'Egypte, la Terre Sainte et l'Iran. Une province complexe à gérer car elle rassemble des pays ennemis. Certaines soeurs ne peuvent pas circuler librement dans la province, notamment en Terre Sainte. Au Proche Orient, les soeurs de la Charité sont 138 dont 67 au Liban, 21 en Terre Sainte, 36 en Egypte, 7 en Syrie et 5 en Iran.

 

La communauté des Filles de la Charité s'inspire de la spiritualité de Saint Vincent de Paul. Cette spiritualité repose sur "Dieu, les autres mais surtout les pauvres" explique Soeur Laurice. "Nous ne faisons pas trois voeux seulement, nous faisons quatre voeux" ajoute-t-elle "voeu de pauvreté, chasteté, obéissance et le service des pauvres donc c'est une mission propre et importante de la vie d'une fille de la Charité". Simplicité, humilité et charité sont les maîtres mots de la communauté.

 

De là, a poussé dans mon coeur ce désir d'être à Dieu et de porter la Bonne Nouvelle

 

 

Histoire d'une vocation : "je veux être comme vous"

Soeur Laurice est née près de Tripoli, au Liban, dans un petit village inaccessible en voiture. Elle y a vécu jusqu'à 14 ans. Pendant sa scolarité, les filles de la Charité venaient chaque semaine faire la catéchèse dans les petits villages alentour. "Moi, dès ma première communion je disais à la soeur qui nous préparait : "ma soeur moi aussi je veux être comme vous", ce désir a grandi avec moi". Par la suite, elle a étudié chez les filles de la Charité avant de comprendre que le Christ voulait qu'elle devienne missionnaire. "De là, a poussé dans mon coeur ce désir d'être à Dieu et de porter la Bonne Nouvelle" se souvient la provinciale.

La guerre a créé dans le coeur des gens une séparation

 

 

La guerre : gangrène des relations islamo-chrétiennes

Soeur Laurice a grandi aux côtés de jeunes filles musulmanes et garde le souvenir d'un profond respect mutuel. Ses camarades de classe musulmanes admiraient la vocation des filles de la Charité notamment leur célibat. Une vocation religieuse qui n'a pas de semblable dans l'Islam. "On cohabitait très fraternellement. Au fond, elles participaient à tout avec nous, même aux préparations des fêtes à l'affichage, des panneaux [...] maintenant il y a des conflits mais dans le temps ça n'existait pas" raconte Soeur Laurice. 

 

Pour la provinciale des Filles de la Charité du Proche-Orient, c'est la guerre qui a tendu les relations islamo-chrétiennes dans le pays. "La guerre a créé dans le coeur des gens une séparation. Elle a commencé dans le coeur et elle a fini sur le terrain mais on continue, quand on vit ensemble, à être très proches."

 

C'était très dur pour moi et pour toutes les soeurs mais la providence divine veillait pour nous venir en aide de toutes les manières

 

 

Les explosions du 4 aout 2020 : de la peine à la solidarité

Dans la soirée du 4 aout 2020, deux explosions soufflent le port de Beyrouth et ses environs. Ce jour-là, Soeur Laurice est en visite dans un couvent au Nord du Liban. Un jour noir pour les soeurs qui ont perdu l'une des leurs, décédée suite à une blessure causée par l'explosion. "J'ai fait le tour des maisons, et là, vous ne pouvez pas vous imaginer. Devant tous ces dégâts, je me disais heureusement que ce n'est pas une journée où il y avait du monde dans les maisons et dans les écoles. Je me disais : "mais tous ces dégâts Seigneur, comment les réparer, comment les financer ? C'était très dur pour moi et pour toutes les soeurs mais la providence divine veillait pour nous venir en aide de toutes les manières" se souvient Soeur Laurice émue.

 

Elle se souvient particulièrement de la belle énergie fraternelle qui a gagné la population pour nettoyer les rues et s'entraider "sans distinctions ni de religions, ni de villages". Depuis, Soeur Laurice et ses soeurs trouvent la force chaque jour de reconstruire leur pays avec une seule certitude : "Dieu est là pour nous aider à nous relever".

 

 

 

 

 

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