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"Ta foi est grande !" Cinq visages de croyants qui ont ému le Christ

Un article rédigé par Véronique Alzieu, Odile Riffaud - RCF,  - Modifié le 25 août 2022
Halte spirituelle, l'intégrale"Ta foi est grande !" Cinq visages de croyants qui ont ému le Christ

Dans les Évangiles, plusieurs personnages manifestent leur foi à leur manière. Certains suscitent même l'admiration de Jésus. Tous sont comme des "portes d'entrées" pour comprendre ce qu'est la foi. Chaque visage représente une manière de croire, à des degrés divers et selon des formes diverses. Daniel Vigne dresse le portrait de cinq croyants qui ont rencontré Jésus, et expliquent quels sont les actes de foi qu'ils ont posés.

Rembrandt, Tête du Christ ©Wikimédia commonsRembrandt, Tête du Christ ©Wikimédia commons

 

1. Le centurion romain, oser un cri

 

"Jésus était en route avec eux, et déjà il n’était plus loin de la maison, quand le centurion envoya des amis lui dire : « Seigneur, ne prends pas cette peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. C’est pourquoi je ne me suis pas autorisé, moi-même, à venir te trouver. Mais dis une parole, et que mon serviteur soit guéri ! Moi, je suis quelqu’un de subordonné à une autorité, mais j’ai des soldats sous mes ordres ; à l’un, je dis : “Va”, et il va ; à un autre : “Viens”, et il vient ; et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »
Entendant cela, Jésus fut en admiration devant lui. Il se retourna et dit à la foule qui le suivait : « Je vous le déclare, même en Israël, je n’ai pas trouvé une telle foi ! »"

(Lc, 7, 6-9)*

 

Ce passage de l'Evangile est "un peu énigmatique". Un soldat romain vient demander à Jésus une guérison: "Jésus a affaire à quelqu'un qui n'est pas de son milieu, qui est même un ennemi, un occupant romain." Et pourtant "le contact passe", s'étonne Daniel Vigne. 

 

On aurait pu croire que le plus grand des croyants se trouverait parmi les disciples de Jésus. Qu'est-ce donc que Jésus admire? Il y a là "un homme dont la foi est petite au sens où il ne connaît pas la foi d'Israël". À l'instar du centurion, chacun est invité à crier vers Dieu sa supplique, "parfois il faut oser le cri". Et ce qui touche particulièrement "le cœur du Christ", nous dit le théologien, c'est lorsque l'on crie non pas pour soi mais pour les autres.

 

2. La femme hémorroïsse, l'humilité du geste

 

"Or, une femme qui avait des pertes de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tous ses biens chez les médecins sans que personne n’ait pu la guérir, s’approcha de lui par-derrière et toucha la frange de son vêtement. À l’instant même, sa perte de sang s’arrêta.
Mais Jésus dit : « Qui m’a touché ? » Comme ils s’en défendaient tous, Pierre lui dit : « Maître, les foules te bousculent et t’écrasent. » Mais Jésus reprit : « Quelqu’un m’a touché, car j’ai reconnu qu’une force était sortie de moi. » La femme, se voyant découverte, vint, toute tremblante, se jeter à ses pieds ; elle raconta devant tout le peuple pourquoi elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant même.
Jésus lui dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix. »"

(Lc, 8, 43-48)*

 

On l'imagine, cette femme, se faufilant dans la foule pour aller toucher le manteau du Christ. On peut hésiter et rapporter son geste à "de la superstition, convient Daniel Vigne, ce que Jésus ne peut honorer". On peut aussi comprendre son geste comme un acte de confiance: "A travers la chose elle s'adresse à la personne." Le geste de la femme vise celui qu'elle touche.

 

Ce qui touche le Christ, c'est l'humilité du geste, comme si cette femme ne se sentait pas digne de déranger le Christ. Dans la tradition juive, les pertes de sang sont en effet assimilées à de l'impureté. Cette femme a donc le courage de dire sa foi par son geste. "Une force est sortie de moi", dit le Christ. "Il faut crier sa foi, pas simplement la réciter, dit Daniel Vigne, il faut la dire du fond de son âme et du fond de sa misère."

 

3. L'apôtre Pierre, la grandeur et les faiblesses du croyant

 

"Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »"

(Mt, 16, 15-19)*

 

Ce passage de la profession de foi du Christ est le récit fondateur de l'Eglise. Il témoigne de la foi lumineuse de Pierre. Mais les versets suivants vont à l'opposé de ce qui vient d'être dit et montrent la peur de Pierre. Avec l'ambivalence du personnage, l'Évangile montre la grandeur et les faiblesses du croyant. Tout croyant a ses faiblesses, et Pierre est "à cheval entre lumière et ombre, entre foi et doute, entre l'adhésion la plus audacieuse et la peur, la lâcheté."

 

Foi et doute alternent et cohabitent, même chez les plus grands apôtres. La foi chrétienne invite cependant à dépasser le registre émotionnel ou sentimental. "Il faut croire pour professer la foi et professer la foi pour entraîner le cœur."

 

4. La Cananéenne, une bonne repartie... et une immense humilité

 

"Partant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. »
Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. »
Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie."

(Mt, 15, 21-28)*

 

Dans ce curieux dialogue, Jésus, "qui connaît le cœur de l'homme et de la femme", adopte "une stratégie", explique Daniel Vigne. Et c'est tout autant la pertinence de sa repartie que l'immense humilité qu'elle manifeste qui touchent le Christ. Et ce n'est pas pour elle qu'elle vient demander de l'aide, mais pour sa fille malmenée par des forces de morts.

 

La Cananéenne fait preuve d'une "persévérance qui est à la fois humble et fière". Dans cette foi qui est la sienne, cette femme met sa petitesse de mendiante et revendique sa fierté d'avoir sa part du royaume.

 

5. L'apôtre Thomas, invité à donner sa vie

 

"Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! »
Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
"
(Jn, 20, 24-29)*

 

"Je ne crois que ce que je vois", c'est presque devenu un proverbe. La figure de Thomas nous rejoint, nous qui hésitons. "L'Évangile nous dit que ce n'est pas anormal d'avoir des doutes", explique Daniel Vigne. Cependant, l'erreur de Thomas c'est de ne pas avoir cru les autres qui, eux, avaient vu le Christ.

 

Le message du Christ à Thomas est aussi une invitation à donner sa vie, de la même façon que lui a donné la sienne. "Jésus prend Thomas à son propre piège, en quelque sorte." Et au-delà de la preuve, quand il crie "Mon Seigneur et mon Dieu!", il rencontre "le vivant, la personne".

 

*Source: AELF

 

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