Voici quelques jours, dans une atmosphère un peu plombée par la tragédie de Nice et l’explosion de la pandémie, nous célébrions, avec moins d’éclat mais autant de ferveur, la fête de la Toussaint. Tous, nous sommes appelés à être saints, "en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes", comme nous le rappelait notre pape François dans son exhortation apostolique "Gaudete et exsultate" et il aimait s’appuyer sur l’enseignement de Vatican II : "Tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun selon sa route à la sainteté".
Contrairement à ce que certains croient, la sainteté n’est pas un état de l’au-delà, réservé à une élite qui aurait droit à une statue dans une église et un jour dans le calendrier. Comme l’enseignait Francois de Sales, dans le premier best-seller de l’édition religieuse, qu’il intitulait "Introduction à la vie dévote", cet appel à la sainteté concerne aussi bien les gentilshommes que les soldats, les marchands que les mères au foyer. Et s’inscrivant dans cette tradition salésienne, Don Bosco répercutait cet appel à la sainteté auprès de tous ses jeunes.
Il la faisait rimer avec bonheur, fidèle en cela à l’enseignement du Christ qui, dans son Evangile, nous dit : "Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète". C’est ce qu’avait parfaitement compris le jeune Dominique Savio, élève à l’Oratoire, tel est le nom donné par Don Bosco à l’œuvre qu’il ouvrit dans un quartier défavorisé des faubourgs de Turin nommé Valdocco. Interpellé sur ce thème par un camarade nouvellement arrivé, il répondit : "Sache qu’ici nous faisons consister la sainteté à être toujours joyeux !" Le chemin de sainteté est un chemin de bonheur, sur lequel tous les hommes sont invités à marcher.
C’est le chemin des Béatitudes, qui ont été proclamées dans toutes les églises au jour de la Toussaint. Notre pape Francois nous explique, dans sa lettre apostolique, que Jésus a expliqué avec grande simplicité ce que veut dire "être saint" quand il nous a enseignés les Béatitudes. "Le mot 'heureux' devient synonyme de saint, parce qu’il exprime le fait que la personne, qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole, atteint dans le don de soi le vrai bonheur". Voici que dans ce monde qui ne cesse de proclamer "heureux les riches… autrement dit ceux qui ont argent, résidence secondaire, voiture de sport…" surgit une parole neuve : "heureux les pauvres… autrement dit ceux qui manquent !", car seul le manque peut permettre l’échange.
Le vrai bonheur ne réside pas dans ce que l’on possède, mais dans ce que l’on partage, non pas dans ce que l’on a, mais dans ce que l’on donne et reçoit. Voilà pourquoi le pauvre est sur le chemin du bonheur, alors que le riche ne sait même pas que le bonheur est un chemin. Oui, bonheur pour toi si tu manques de quelque chose, car tu sauras goûter le bonheur de recevoir ; si tu manques de quelqu’un, car tu sauras goûter le bonheur d’aimer ; si tu manques de Dieu, car tu sauras découvrir le chemin de sainteté qui y mène !
Cette chronique sur l'éducation vous est proposée en alternance par :
- Xavier de Verchère, salésien de Don Bosco, prêtre, aumônier général des Scouts et Guides de France
- Catherine Fino, salésienne de Don Bosco, théologienne moraliste, professeur à l'Institut Catholique de Paris (où elle est directrice du Département théologie morale et spirituelle)
- Michèle Decoster, salésienne de Don Bosco, formation dans le réseau scolaire Don Bosco (40 000 élèves)
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