“Imiter le Christ dans les choses les plus simples et les plus concrètes de la vie”, c’est la voie suivie par Charles de Foucauld (1858-1916), un long chemin de conversion semé d’embûches et de doutes, mais qui le conduit vers la sainteté. Tour à tour officier, explorateur, moine, prêtre, linguiste, il fait aussi l’expérience d’une fraternité profonde notamment au Maroc et en Algérie avec les Touaregs. Ce cheminement a touché le cardinal Jean-Marc Aveline qui lui a consacré un livre. Entretien dans “Carrefour Catholique”.
C’est un peu par hasard que Mgr Jean-Marc Aveline se plonge dans la vie de Charles de Foucauld. A l’été 2019, devait être prêchée une retraite pour les prêtres du diocèse de Marseille mais l’intervenant se désiste. Face à ce contretemps, Mgr Aveline, alors fraîchement nommé archevêque de Marseille, décide de prêcher lui-même cette retraite et choisit de la consacrer à Charles de Foucauld. En travaillant sa vie, sa pensée, il réalise à quel point son parcours est d’actualité.
Ce qui m’a touché dans cette figure de sainteté, c’est le caractère progressif et jamais achevé de sa propre vocation (...). Sa vocation passe par beaucoup d’étapes et cela me paraît très actuel.
Charles de Foucauld, c’est un début de vie difficile, un jeune homme qui perd sa mère, puis son père. Il se cherche et peine à trouver sa voie. “Ce qui m’a touché dans cette figure de sainteté, explique le cardinal, c’est le caractère progressif et jamais achevé de sa propre vocation (...). Sa vocation passe par beaucoup d’étapes et cela me paraît très actuel”.
Canonisé en mai 2022, son chemin de sainteté ne peut être compris qu’en contemplant tout son chemin de vie du début jusqu’à la fin. Selon Mgr Aveline, “la sainteté, c’est cette profonde disponibilité du cœur de Charles de Foucauld(...), la disponibilité à chercher ce qui donnerait du sens à sa vie et il a mis longtemps à le trouver”. Habité par une forte mésestime de lui-même, il retrouve la confiance à travers ses différents voyages, au Maroc notamment. Sur sa route, il rencontre des croyants d’autres religions. Il retracera, dans ses lettres, sa fascination pour “ces gens qui priaient”. Ce fut un véritable déclic pour lui! “La prière régulière des musulmans, cette fidélité l’a touché (...), et quelque chose en lui s’est changé. Il est transfiguré de l’intérieur”. En résumé, ce sont ces croyants, “qui ont intégré cette dimension de transcendance”, qui l’ont fait cheminer.
Pour Mgr Aveline, “la bonté est ce qui pourrait résumer l’attitude spirituelle de Charles de Foucauld. Accepter que Dieu vous sculpte, que Dieu vous retire des choses (...) en acceptant que Dieu vous simplifie, quitte à ce qu’il y ait quelques arrachements, cela fait croître une bonté qui témoigne de la bonté de Dieu”.
Quand on demande au cardinal ce qu’il aimerait qu’on retienne de son livre “Charles de Foucauld, itinéraire de conversions”, il résume: “toute sa vie est un cadeau que le Seigneur fait à d’autres, à nous même bien sûr (...) mais un cadeau pour d’autres mais pas nécessairement celui auquel on pense (...). Aujourd’hui nous comprenons mieux que la mission de l’Eglise est d’être au service de la bonté avec laquelle Dieu aime le monde et de l’amour qu’Il lui porte. C'était l’essentiel de sa vie mais il ne le savait pas. La réalité de notre vocation, nous ne la découvrirons qu’à la fin”.
"Charles de Foucauld, itinéraire de conversions" aux éditions chemins de dialogue.
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