À quoi bon changer son caractère si Dieu nous aime tel que nous sommes? C'est que Dieu aime aussi ce que nous désirons être - plus tendres, plus humbles, plus serviables.
"Un chrétien doit-il avoir bon caractère ?" C'est le thème d'une conférence que donne le frère Paul-Adrien d’Hardemare, o.p. Et dont le titre fait souvent sourire. Pourtant, il soulève d'importantes questions. "On se bat toujours avec son caractère", constate le dominicain. "Notre caractère est quelque chose que nous supportons au quotidien ; il sera plus facile d'être heureux avec un bon caractère qu'avec un mauvais caractère." Pour fr. d'Hardemare, la question est donc à la fois très concrète mais aussi éminemment spirituelle. "Il y a des enjeux spirituels très clairs, très précis."
Colérique, acariâtre, agressif, susceptible, râleur, renfrogné : nous sommes tous menacés. Et bien souvent la vie commune nous fait voir à quel point c'est vrai ! Avec toutefois un paradoxe, on remarque souvent que ce ne sont pas toujours les plus mauvais caractères qui font les personnes les plus difficiles à vivre. C'est que le caractère a précisément quelque chose à voir avec le rythme quotidien de la vie. Et qui nous concerne tous.
"Je m'aperçois que tout le monde, de près ou de loin, se pose la question de son caracère et du caractère des autres." La vieille tante acariâtre - figure immortalisée par le film "Tatie Danielle" (1990) - ou l'adolescent en crise... On rêve parfois que change le caractère de l'autre, tout en faisant l'expérience que changer le sien est difficile. C'est même si difficile que pour beaucoup changer de caractère est impossible. Dire "je suis comme ça et je ne changerai pas", c'est supposer quelque part que l'on a de la chance si on est délicat et attentionné ou que l'on n'a pas de chance si on est colérique et râleur.
Parce que précisément notre caractère change... Il change avec le temps, avec les événements, selon les personnes que l'on a en face de soi, selon les rôles dans lesquels on s'enferme parfois. Notre caractère est une patière plastique, sans doute plus qu'on ne croit : il change et c'est une bonne nouvelle ! La "matière première", comme dit le dominicain, peut certes donner "une direction" : mais "elle n'est pas le tout de notre caractère".
Et parce que ce qui compte, en plus de ce que l'on est, c'est ce à quoi on aspire. Il y a ceux qui disent "Chassez le naturel, il revient au galop !" - et comment ne pas désespérer de soi-même ? - et ceux qui croient que "Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage" (La Fontaine). Pour fr d'Hardemare, "si on a une vie spirituelle, morale, si jamais vraiment on le désire - parce que c'est aussi une question de volonté et de souhait - on peut y arriver" : on peut changer ! "Ce qui nous définit aussi c'est ce à quoi nous voulons ressembler. Dieu nous connaît et il connaît aussi ce que nous voudrions être."
"Vous avez des pages entières dans le Nouveau Testament qui vont vous dire quels sont par exemple les rapports que doivent avoir les chrétiens entre eux : qui doivent être faits de tendresse, d'humilité, de serviabilité, d'obéissance réciproque." Par exemple, saint Paul ne le dit pas mais c'est bien de la question du caractère qu'il s'agit.
Le caractère c'est une question de grâce, de combat spirituel. "Un chrétien, d'une certaine manière, a un double caractère, il a celui dont il hérite, le vieil homme difficile à travailler, marqué par les mauvaises habitudes, et par-dessus, celui que l'on aimerait avoir, le caractère du Christ, le nouvel homme."
Entretien réalisé en décembre 2017
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