Quand des théologiennes s'attaquent aux textes bibliques difficiles à entendre pour les femmes aujourd'hui, ceux qui ont tendance à les enfermer dans certains rôles ou certaines fonctions, des textes dérangeants pour l'oreille actuelle. L'ouvrage "Une Bible des femmes" (éd. Labor et Fides) s'enrichit des dernières recherches en matière d'éxégèse. Et montre que dans la Bible il n'y a pas une seule vision de la femme.
Cet ouvrage est-il une lecture féministe de la Bible ? "Si par féministe on entend une lecture qui promeut l'égalité des hommes et des femmes, oui sans aucun doute", répond Blandine Lagrut. Même si l'objectif de ce livre "n'était pas d'avoir un texte homogène avec des positions qui se ressemblent" mais bien de "laisser entendre la pluralité des voix féminines aujourd'hui".
Proposer aux femmes une nouvelle lecture de la Bible et spécialement de ces textes que l'on a du mal à recevoir, cela avait déjà été l'ambition de l'américaine Elizabeth Cady Stanton (1815-1902), exégète, féministe, abolitionniste et suffragiste, auteure de "The Woman's Bible" (1895-1898). D'une certaine façon les 21 théologiennes lui rendent hommage. "On est au-delà du manifeste, on est plutôt dans une lecture créative, dynamisante." Il ne s'agit pas de revendiquer, "même si par certains aspect nos propositions peuvent être un brin subversives".
L'approche des théologiennes prend acte des études bibliques récentes. Celles qui scrutent notamment "les problèmes de traductions". Par exemple, dans la Lettre aux Romains : "Je vous recommande Phébée notre sœur, ministre de l’Église qui est à Cencrées." (Rm 16, 1) Or, Phébée est souvent qualifiée de "servante diaconnesse" or le mot en grec "diaconos", est le même mot qui qualifie le diacre. De même, quand on parle d'Andronicus et Junias, "on a masculinisé Junias en Junion, une manière de minimiser le rôle des femmes très actives dans les premières communautés chrétiennes".
Le travail des théologiennes remet en question des manières de "commenter les textes qui se sont imposées". Et qui "reflétaient la hiérarchie hommes-femmes dans les sociétés plus antiques" et qui en ont "peu à peu parasité la lecture".
On avance souvent comme stéréotype féminin celui de la femme pure versus la femme tentatrice. Comme si la femme chrétienne ne pouvait que se déployer entre "deux pôles", d'un côté Ève, la tentatrice pécheresse de la Genèse, de l'autre la Vierge Marie, révélation du nouveau Testament qui viendrait réparer, rétablir, la figure d'Ève.
Or, il y a dans l'Ancien Testament des femmes matriarches et des femmes prophétesses. Par exemple, dans le Deuxième Livre des Rois, on trouve Houlda, "une femme qui est passée sous silence" alors qu'elle est "quasiment comme un relais de Moïse". Il y a aussi la figure de Priscille, citée six fois dans le Nouveau Testament, qui "sort du périmètre de la vie domestique pour être une véritable missionnaire, alliée de Paul, enseignante chrétienne, qui a une vocation à l'intrépidité !"
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