"Va d’abord te réconcilier avec ton frère"
Méditation de l'évangile (Mt 5, 20-26) par le père Bernard Devert
Chant final: "Seigneur je n'ai pas le coeur fier" par soeur Ruth Rousseau
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Je vous le dis :
Si votre justice ne surpasse pas
celle des scribes et des pharisiens,
vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux.
Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens :
Tu ne commettras pas de meurtre,
et si quelqu’un commet un meurtre,
il devra passer en jugement.
Eh bien ! moi, je vous dis :
Tout homme qui se met en colère contre son frère
devra passer en jugement.
Si quelqu’un insulte son frère,
il devra passer devant le tribunal.
Si quelqu’un le traite de fou,
il sera passible de la géhenne de feu.
Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel,
si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse ton offrande, là, devant l’autel,
va d’abord te réconcilier avec ton frère,
et ensuite viens présenter ton offrande.
Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire
pendant que tu es en chemin avec lui,
pour éviter que ton adversaire ne te livre au juge,
le juge au garde,
et qu’on ne te jette en prison.
Amen, je te le dis :
tu n’en sortiras pas
avant d’avoir payé jusqu’au dernier sou. »
Source : AELF
« Tu ne t’en sortiras pas tant que tu n’auras pas payé jusqu’au dernier centime ».
La question posée est-elle bien de s’en sortir ?
Certes, Dieu fait de nous des hommes libres ; cette liberté a un prix, notre responsabilité qui parfois nous met en face de nos irresponsabilités avec la dérive d’une déshumanisation possible qu’entraîne la résignation.
Un prisonnier, condamné pour un crime passionnel, me demande au moment d’entrer dans la célébration eucharistique comment il peut s’en sortir. Il est juste, dit-il, que je sois derrière les barreaux mais je ne paie rien si ce n’est ma liberté confisquée. Comment m’en sortir et réparer l’irréparable, payer pour une vie qui n’a point de prix.
Comment puis-je sortir de ma prison intérieure qui désormais voile toute espérance ?
Cette légende dans le Talmud peut, sans doute être un embryon de réponse.
Un jour, un roi eut vent qu’un homme sage vivait dans son royaume. Le roi l’envoya quérir et le sage arrive au palais, le roi lui dit alors :
Le roi dit alors : j’ai les mains dans le dos et je tiens un oiseau dans le dos. Peux-tu me dire s’il est vivant ou mort ?
Le sage prit peur. Il sentait que, quelle que soit sa réponse, le roi pouvait tuer l’oiseau. Il regarda le monarque et se tut un long moment, puis déclara finalement : la réponse, Majesté, est entre vos mains. Entre vos mains : « Il renvoie les riches les mains vides ».
Des mains, qui après s’être jointes dans la prière s’ouvrent jusqu’à faire apparaître en leur creux l’effacement des signes de puissance ou de désespoir, ce qui est identique.
Dieu a mis en nos mains ce qu’il nous faut pour avoir la force de donner ce que nous devons donner pour honorer notre responsabilité.
Là, peut-être, il nous faudrait entendre le propos de Georges Bernanos dans la finale du Journal d’un Curé de Campagne : « Si tout orgueil était mort en nous, la grâce des grâces serait de s’aimer humblement soi-même ».
Des mains qui deviennent signes, qui font signe à l’Amour qu’il est aimé.
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