Noé peut-il nous inspirer pour échapper au chaos ? Qu’il s’agisse des émeutes, du terrorisme, ou de la guerre en Ukraine, les événements récents semblent nous plonger dans un chaos, celui de la violence. Mais quelle est la responsabilité de l’Homme …et Dieu ? La lecture du récit de l’Arche de Noé éclaire cette question du mal et nous aide à repenser notre liberté.
Qu’est-ce qui nous submerge aujourd’hui ? A quoi ressemble notre déluge au 21ème siècle ? En lisant les premières pages de la Bible, et plus particulièrement le récit de Noé, un détail au milieu de ce chaos est frappant : c’est la raison pour laquelle un seul homme échappe au déluge. « Mais Noé trouva grâce aux yeux du Seigneur (…) Parmi ses contemporains, Noé fut un homme juste, parfait. Noé marchait avec Dieu. » [Genèse 8, verset 6 à 9]. Le seul rescapé, Noé, sauvé avec les animaux de l’arche, échappe au déluge parce qu’il est juste.
Le dépassement de cette crise est fait par un homme qui résiste à la violence de son temps, c’est en cela qu’il est juste
« Le dépassement de cette crise est fait par un homme qui résiste à la violence de son temps, c’est en cela qu’il est juste » explique Béatrice Oiry, professeur d'exégèse biblique à l'Institut Catholique de Paris. En plongeant dans ce récit d’un monde corrompu, noyé dans un déluge envoyé par Dieu, c’est un peu le tableau d’un monde contemporain en plein dégradation qui apparait. « C’est un récit pour aujourd’hui, un récit prophétique » souligne Béatrice Oiry. Pourquoi ? « Parce qu’il soulève la question de la faute et de l’expérience du mal sur la terre » poursuit Béatrice Oiry.
Ainsi les neuf premiers chapitres de la Bible portent une réflexion : Dieu est-il complice du mal ? Dieu a-t-il voulu le mal qui est sur terre ? « Dieu n’est pas responsable, il n’y a aucune complicité de Dieu avec le Mal. Mais Dieu doit faire avec l’homme qui fomente le mal. Et dans la Bible, l’une des racines du mal est le mensonge » rappelle l’éxégète.
Appelé à sortir de l’Arche, Noé offre un sacrifice. « Le Seigneur respira l’agréable odeur, et il se dit en lui-même : ‘Jamais plus je ne maudirai le sol à cause de l’homme : le cœur de l’homme est enclin au mal dès sa jeunesse, mais jamais plus je ne frapperai tous les vivants comme je l’ai fait. Tant que la terre durera, semailles et moissons, froidure et chaleur, été et hiver, jour et nuit jamais ne cesseront’. » [Genèse 8, 21-22].
Pourtant, dans un premier temps, « Dieu se repend d’avoir créé l’homme. Mais il réalise que l’Humanité est encline au mal, qu’il va devoir faire avec. Il renonce alors à l’idée d’un nouveau déluge » explique la bibliste Béatrice Oiry. C’est à ce moment que Dieu va établir une nouvelle Alliance avec l’Humanité. Noé a permis à l’Homme de traverser le déluge. Désormais, Dieu n’enverra plus les eaux qui submergent, mais il établit une promesse.
« L’histoire biblique commence sous le jour d’un chaos dépassé. Avec ce mythe, nous savons qu’il n’y a plus à craindre que Dieu défasse sa création, c’est un monde sûr. Noé est bien LE juste par lequel toute l’humanité est rendue à la vie ». C’est cela qui distingue ce récit biblique des autres récits de déluge, comme les récits mésopotamiens. Ce n’est pas la complicité ou non avec les Dieux dont il est question mais bien le caractère juste de Noé.
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