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Vivre le carême avec la famille franciscaine : Aller au désert

Un article rédigé par Véronique Alzieu - RCF, le 9 mars 2022 - Modifié le 13 mars 2022
Halte spirituelle, l'intégraleVivre le carême avec la famille franciscaine : Aller au désert

Cette année RCF a choisi de vivre le Carême à la lumière de la spiritualité franciscaine avant de passer la semaine Sainte avec les  soeurs clarisses du couvent de Poligny. Pour cette première série, Michel Soquet décrypte au micro de Véronique Alzieu la symbolique du « désert », très présent en cette période de Carême. Un terme récurrent dans la Bible. À la fois lieu de l’épreuve, de la solitude, de la soif mais aussi le lieu de la rencontre avec soi-même et avec Dieu.

Michel Soquet est écrivain et laïc franciscain. Il est l’auteur du livre « Libre, simple et heureux : retourner à l’essentiel avec saint François » paru aux éditions MAM.

UnsplashUnsplash

Le « désert » un temps de sobriété mais aussi de joie

 

Pour Michel Soquet prendre un temps de désert est "plus que jamais nécessaire, mais difficile aussi". L’actualité récente avec le Covid, la guerre en Ukraine nous occupe l’esprit et nous empêche de prendre le recul nécessaire pour accepter ce lacher prise. Or, le Carême est un temps nécessaire pour sortir de ce que Michel Soquet appelle le "trop plein" ce qui est de l’ordre du non-indispensable, ces milliers d’addictions que nous avons. "Le Carême c’est une invitation a faire un peu de vide en nous, dans nos agendas, pour revenir à l’essentiel" explique-t-il.

Le Carême est une période de sobriété mais également un temps de conversion et de contemplation de ce qui a de beau dans la création.  C’est aussi un temps de joie même si cela n’est pas toujours évident à appréhender lorsqu’on parle de "désert". Michel Soquet nous invite à la "joie franciscaine". Une forme de gratitude à l’égard du Seigneur. Pour illustrer son propos il reprend les mots de Jacques Attali qui disait " être joyeux ça n’est pas nier la réalité du monde, c’est la prendre comme elle est, l’affronter et choisir de n’y voir pour un moment que le meilleur."

 

 

Pour moi le Carême chrétien c’est l’anti-selfie. Je tourne mon téléphone de l’autre côté, je mets une sourdine à mes addictions, je cesse de me regarder et je tourne mon regard vers le très-haut.

 

Le paradoxe du Carême, entre intériorité et extériorité

 

 

"Il y a une sorte de lien qui est nécessaire entre notre intériorité et notre extériorité. Faire silence en soi pour être plus ouvert à Dieu mais en même temps n’être pas absent du monde, de nos responsabilités, de nos actions, de nos engagements" explique Michel Soquet pour décrire le paradoxe du Carême qui nous appelle à l’intériorité pour se rendre davantage disponible au monde extérieur.

 

Pour lui le Carême doit nous libérer de tout ce qui n’est pas strictement nécessaire. "Est ce que finalement l’histoire de la Bible n’est pas une tentative de libération d’un esclave ?" se demande-t-il. Nous sommes esclaves de nos faiblesses, de nos tentations et plus largement du pêché. Le temps de désert que nous propose le Carême nous donne des outils pour nous purifier et revenir à l’essentiel de ce que nous sommes et du monde qui nous entoure.

 

 

Le désert dans la spiritualité franciscaine

 

François d’Assise, fondateur de l’ordre des frères mineurs, a eu une jeunesse éparpillée. "Il n’a pas cessé de céder à la tentation du « trop plein » justement » explique Michel Soquet. En recevant l’appel de Dieu il a rapidement eu besoin de plus d’authenticité, lui qu’on appelait pourtant « roi de la jeunesse d’Assise". Quelques années plus tard François appellera « dame pauvreté » l’élue de son coeur. Un bel exemple de changement radical de comportement, sous l’influence de l’Esprit Saint, qui nous invite à nous diriger vers la joie en acceptant de traverser le désert et de vivre le silence de la prière jusqu'à Pâques.

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