Le temps de l'Avent est une période pour nous aider à vivre pleinement la venue du Christ sur Terre, ce nouveau-né, ce Jésus à qui il a fallu faire de la place. Cette année, RCF choisit de s'arrêter sur celui qui nous bouscule : l'étranger, l'exilé, celui qui vient chercher refuge en France. Et si le drame des migrants, souvent abordé sous l'angle politique ou sociétal, avait une portée théologique et spirituelle ?
Dans un contexte international particulièrement tendu cette année, RCF a choisi de manifester sa solidarité avec celles et ceux qui doivent quitter leur pays et tout laisser derrière eux pour trouver la paix et la sécurité. C’est pour cela que, cette année, RCF propose à ses auditeurs de vivre Noël avec la communauté Sant’Egidio.
"La première chose qui m’a interpellée c’est la joie de la rencontre, une joie qui est ineffable et qui est importante." Il était médecin généraliste dans "une commune plutôt bourgeoise, bcbg". Francis Merckaert a exercé pendant 35 ans à Mouvaux, dans les Hauts-de-France. Un jour, il est tombé sur une petite annonce dans une revue médicale pour exercer dans le centre de rétention et d’hébergement de Sangatte, près de Calais.
La population qu’il a rencontrée à Sangatte était "tout à fait aux antipodes" de sa patientèle habituelle. "Dans un immense hall", il a soigné "des personnes issues des guerres de Yougoslavie ou d’Iran, des personnes ayant fui pour sauver leur peau, des médecins, ingénieurs, architectes, juristes, envoyés par leurs familles pour sauver leur peau et envoyer de l’argent au pays d’origine".
Rapidement, le médecin s’est senti "bousculé". Plus il passait de journées à Sangatte, plus il voyait se creuser "un fossé énorme" entre d’un côté "des personnes ayant fui des guerres et une situation dramatique" et, à Mouvaux, "des gens qui se plaignait pour une bricole, disons..." L’expérience de Sangatte a particulièrement marqué le Dr Merckaert. Ça a été "le début d’une grande aventure", une aventure professionnelle, humaine, spirituelle. "Malgré la souffrance importante qu’on rencontrait, une sorte de joie émanait entre nous, de par le partage et la confiance qu’on nous faisait."
Quand on le questionne sur "les migrants", au pluriel, Francis Merckaert répond toujours par des histoires singulières. Parce que "le contact, se laisser toucher par l’autre", c’est ça qui "change le regard". Ainsi, il nous raconte l’histoire d’une femme qui avait quitté son pays pour différentes raisons. Partie enceinte, avec son fils, elle est d’abord arrivée au Maroc où elle a été maltraitée. Dans le bateau, un petit zodiac, alors qu’elle traversait la Méditerranée, le passeur a jeté son fils à l’eau. Elle a failli mourir elle-même en tentant de le secourir. Elle a accouché en France. "Cela fait sept ans de cela et on se voit de manière très régulière." Alors si on se demande ce qui habite le cœur de cette femme, profondément meurtrie, tout simplement, c’est "le souhait d’une autre vie, plus digne, plus respectueuse, avec un travail possible".
"Pourquoi la rencontre de l’autre et de l’étranger en particulier nous apporte une joie ?" s’est demandé Francis Merckaert. Une question que ce diacre a voulu approfondir. Il en a fait un mémoire de théologie sur le thème : "Si l'étranger était chemin pour notre salut". En soignant les réfugiés et les migrants, le médecin a en effet découvert un chemin de salut, une relation vers Dieu.
Un chemin spirituel qui commence avec toutes les questions que ces rencontres ont soulevées : qu’est-ce qui donne sens à la vie ? Qu’est-ce que vivre ? Quels sont les liens que l’on crée dans la société ? Le médecin s’est senti profondément interpellé par l’espoir de ces personnes exilées. "Malgré les souffrances importantes qu’ils avaient vécues, on sentait un espoir important d’une vie autre, une vie meilleure. Pour eux l’essentiel c’était vivre, d’abord. Vivre dignement, vivre dans le respect et vivre une vie de famille normale."
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