"Vous êtes la lumière du monde"
Méditation de l'évangile (Mt 5, 13-16) par le père Sébastien Antoni
Chant final: "Vous êtes le sel de la terre" par Philippe Goeseels / Grazia Previdi / Béatrice Sepulchre
En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Vous êtes le sel de la terre.
Mais si le sel devient fade,
comment lui rendre de la saveur ?
Il ne vaut plus rien :
on le jette dehors et il est piétiné par les gens.
Vous êtes la lumière du monde.
Une ville située sur une montagne
ne peut être cachée.
Et l’on n’allume pas une lampe
pour la mettre sous le boisseau ;
on la met sur le lampadaire,
et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
De même, que votre lumière brille devant les hommes :
alors, voyant ce que vous faites de bien,
ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. »
Source : AELF
Bon et alors… Pourquoi de telles platitudes dans l’Évangile ? Tout cela pour ça ? Dire que le sel donne du goût et que la lumière des lampes est faite pour éclairer… Avouons que c’est d’une banalité presque affligeante, non ? Du bon sens tout au plus, une simple évidence qui ne va pas révolutionner la foi, la vie des croyants… On peut aussi aller plus loin dans la lecture. Ce sel, cette lampe, c’est nous, nous dit Jésus « Vous êtes le sel, vous êtes la lumière… »… Les fidèles, les croyants, les disciples, les intendants des trésors de Dieu… Les responsables du goût et de la lumière pour le monde… Mais attention… Avec dosage subtil et juste mesure… En effet, trop de sel rend le plus fin des repas immangeable, et trop de lumière éblouit et empêche de bien voir… Obligeant à fermer les paupières pour ne pas s’abîmer les yeux… Et donc à ne plus rien voir du tout !
De la mesure donc… dans le témoignage, l’exemple, la vie, les conseils, les demandes, les sollicitations, la présence, … C’est dans la mesure que s’inscrit notre responsabilité de croyants. Il est une tentation terrible celle de la surenchère dans l’annonce de la foi… Et de la surenchère dans l’évangélisation, la prière, le jeune, l’ascèse, l’adoration, la contemplation, le catéchisme, l’enseignement, les témoignages, les homélies…. … On peut casser les oreilles et les pieds des gens lorsque l’on s’impose à eux en imaginant que notre expérience personnelle est la mesure de la foi… Pire que notre témoignage pourrait convaincre ou convertir… Quelle terrible illusion ! Quelle orgueilleuse affaire même !… Car, au moins quelquefois, sous couvert de dynamisme ou de zèle pour annoncer Dieu, on ne fait que s’imposer ! Et une fois que nous avons parlé… Les autres ferment les yeux et leur bouche… Ne voulant plus ni voir Dieu, ni recevoir la Parole de Dieu qui normalement a goût de miel et conduit à la louange…. Comme on le lit dans le livre des proverbes et le livre du prophète Ezéchiel ou encore l’apocalypse…
Oui, veillons à ne pas rendre l’Évangile écœurant comme un plat de salicornes auquel on aurait ajouté encore du sel ou de rendre la Bonne Nouvelle aveuglante comme une lampe frontale pointée sur vous alors que vous ouvrez tout juste les yeux au réveil le matin…
De la mesure donc, en tout… Surtout dans le témoignage et l’évangélisation. Voilà notre responsabilité. Voilà le point d’attention essentiel derrière les évidences d’une première lecture trop rapide de l’évangile de ce jour.
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