Magazine littéraire en lien avec l'association de promotion de la lecture "Lire à Saint-Étienne".
Michel Thiollière est l'invité d'Anne Marie Vergnon et Jacques Plaine pour son livre "J'ai déchiré le silence"
1520, en Terre de Feu, Magellan cherche le passage vers le pacifique. il aperçoit des feux sur la côte : ceux des tribus indigènes Selk'nam. Comment vont réagir ces nomades, qui se livrent à des guerres fratricides entre tribus, à l'arrivée des hommes blancs sur leurs terres ?
1897, les Salésiens du père Don Bosco installent des missions pour évangeliser les jeunes filles. Parmi elles, Lola raconte à soeur Ermelinda comment ses ancêtres ont vécu ces journées.
La chronique de Jacques Plaine
MICHEL THIOLLIÈRE
J’ai déchiré le silence
Éditions de Phénicie
Michel Thiollière, professeur d’anglais au lycée Honoré d’Urfé, puis maire de Saint-Étienne de 1994 à 2008 et
sénateur de la Loire de 2001 à 2010 est aussi écrivain,« J’ai déchiré le silence » est son sixième ouvrage.
C’était en 1897, elle s’appelait Lola. Oui Lola. Elle était une survivante des Selk’nam une des populations habitant la
Terre de Feu depuis des millénaires et pourchassée par des hommes venus du Nord. Recueillie par la Mission des
Salésiens, « la barbarie m’avait limogé l’esprit » disait-elle.Isolée, séparée de sa tribu, elle avait rencontré Ermelinda,
une bonne sœur chargée d’évangéliser les jeunes filles hébergées comme elle à la Mission. Mais à la différence
des autres, Lola savait écrire. Elle avait les mots, « autant de mots qu’il y avait d’étoiles dans le ciel » assurait-elle les
yeux brillants de lunes. Elle avait alors décidé d’écrire.D’écrire son histoire, celle de sa tribu.
« Je relirai ton texte au fur et à mesure que tu l’écris lui avait promis Ermelinda, ce sera comme un exercice de grammaire et de vocabulaire, et d’ajouter : mais une fois relu et
corrigé, je le mettrai au feu. Tu m’entends ? Au feu ! »L’histoire - celle de grand-mère Te-al - avait commencé le 21 octobre 1520. Ce jour-là
Cashkil – petit-fils de chamane et lui-même promis à le devenir – avait vu apparaître au fin fond de la baie des Ombres éternelles, celle qu’on appelle aujourd’hui le détroit de Magellan
– « quatre apparitions d’une taille inouïe ». « Des oiseaux crées par un prodige, un dieu peut être... que des ailes immenses semblaient porter sur les flots ».
Il en avait parlé à la tribu, certains l’avaient cru, d’autre non. Ces monstres avaient disparu, puis étaient revenus. On y avait même vu des hommes blancs. Des Sauvages-tout-blancs
qui connaissaient le froid et le feu, qui s’habillaient « d’oripeaux tous plus hideux les uns que les autres » qui vivaient sans femmes et qui avait un outil qui « tue les bêtes sans les
toucher » Alors que faire avec ces hommes nouveaux ? Ces envahisseurs ? Les combattre avec nos arcs et nos flèches ? Les ignorer ? Et si notre révolte passait par le silence ?
Telle était l’histoire de grand-mère Te-al. L’histoire dont Ermelinda faisait des boulettes qu’elle jetait dans le feu
La chronique de Jacques Plaine
CHRISTIAN VÉROT & GEORGES BAUDOT
Charbon rouge Éditions Abatos
Tous deux auteurs stéphanois côte à côte dans le
même stand à la Fête du Livre de Saint-Étienne,
Christian Vérot (capitaine Bouveuil) et Georges Baudot
(le prince du bois Mon) ont eu l’idée de faire cohabiter
enquête policière et parler gaga.
Comme le disait « Jean-Marie du Bois Mon » avec son
parler de pagnot de Chavanelle, le cadavre à la main
blanche serait toujours à fumer les mauves par la
racine dans les grêles du crassier de Michon si un certain
Georges ne s’était pas engagé dans le kilomètre vertical de
Manigod. Une course mythique de 3,4 km de long pour
1 000 mètres de dénivelé.
Pour cette épreuve qui demande une condition physique
hors du commun le dit Georges n’avait rien trouvé de mieux
pour s’entraîner que les pentes abruptes du crassier de
Michon. À courir comme un qu’a pas de ratelle, de bas en
haut et de haut en bas trois fois de rang et quand c’est fini
ça recommence, et je te remonte et je te redescends, jusqu’au jour où à force d’y faire et d’y
refaire y s’aplate, sur quoi je vous le donne en mille ? Sur un macchabée à moitié enterré.
Un bayayet tatoué comme un qu’a fait les Afrique et qui une fois sorti de son trou par six
inspecteurs de « la scientifique » sera pour la police, les PJ de Saint-Étienne et de Lyon, le
procureur de la République, sans oublier la fine équipe de boit-sans-soif du Jean-Marie, un
furieux mystère à élucider.
Un tatoué de première on l’a déjà dit mais un tatoué qui a pris une balle dans le buffet et une
autre entre les deux yeux et que le brave monde n’aurait peut-être jamais retrouvé sans les
entraînements à la fois singuliers et pluriels du Georges dans ce lieu hors sol et totalement
interdit d’accès aux jacounâsses comme vous et moi.
Un vrai polar avec de la drogue, des salauds, de la police et des morts, mais aussi de la
parlure comme du temps où le marché de Jacquard était à Chavanelle et où le Sapeur
regardait passer les trams de son jardin du Cours Fauriel.
Le bon temps je vous dis, où l’on ne parlait pas le gaga que dans des livres
Originaire de Roche la Molière, Chrystel Duchamp est graphiste dans une agence de communication. Après
un premier recueil « La boîte aux objets perdus » puis un roman à quatre mains avec Sébastien Boucherie,
elle écrit ici, après « L’Art du meurtre » et « Le Sang des Belasko » son troisième thriller aux éditions de
l’Archipel.
La chronique de Jacques Plaine:
Originaire de Roche la Molière, Chrystel Duchamp est graphiste dans une agence de communication. Après
un premier recueil « La boîte aux objets perdus » puis un roman à quatre mains avec Sébastien Boucherie,
elle écrit ici, après « L’Art du meurtre » et « Le Sang des Belasko » son troisième thriller aux éditions de
l’Archipel.
Esther a disparu. Vingt cinq ans, diplômée d’une école de communication, en free-lance à Lyon, Esther ne répond
plus. Pour une paille en croix - à la fin d’un dîner familial et à l’heure de la mousse au chocolat et du pousse-café- elle a
claqué la porte. Depuis silence radio.
Au bout de huit jours, folle d’angoisse, sa sœur Anaïs, force sa porte – sans difficulté puisqu’elle a les clefs - et se trouve
face à l’impensable : non seulement l’appartement est dans un état de désordre qui laisse augurer du pire mais elle
découvre, abandonné à une patère, le sac à main de sa sœur avec porte-monnaie, chéquier, papiers, portable et
clefs de voiture. Et preuve qu’Esther n’est pas partie de son plein gré la voila nez à nez avec son chat, son cher angora, agonisant sans eau ni croquettes.
Au commissariat du IIIe le policier de service essaye de minimiser l’affaire. Pas convaincue pas ses explications et toujours aussi alarmée Anaïs fonce à la PJ à la rencontre d’un vieil
ami, le commandant Missot : « J’ai un problème...personnel. Ma sœur a disparu »
En off parce que ce genre de dossier n’est pas de son ressort, et bien que surchargé de boulot - et de contrariétés dues à son ex-femme que la séparation n’a pas arrangée et aussi
de soucis causés par sa fille qui se laisse dépérir pour ne pas dire mourir de faim - le commandant accepte de remuer tout ce qui était remuable pour y voir un peu plus clair dans
cette disparition.
Et là, entre trois femmes qui se balancent au bout d’une corde le crâne rasé et la langue coupée, quelques dizaines d’hommes dans des situations tout aussi critiques après avoir
goûté à de drôles de pains de campagne et une étrange confrérie perdue dans la nature quelque part au sud de Lyon et de Saint-Étienne, le commandant Thomas Missot va essayer
de faire la lumière dans cet océan de désordre. En off pour Esther et en bon père de famille
pour son anorexique de fille.
Jeanne-Marie Sauvage-Avit nous propose son 7ème roman paru aux éditions Charleston : " le royaume du condor ". L'émouvante histoire de Mirella Abrial, une jeune star de la chanson, dont la vie bascule lorsqu'elle apprend qu'elle souffre d'un cancer de la gorge.
Sa vie bascule très vite, elle décide de partir en Bolivie, sur l'altiplano, dans une étonnante communauté villageoise. Là, isolée du monde, elle découvre une autre manière de vivre. Alternant les passages centrés sur Mirella et ceux qui concernent la vie qui continue pour ses proches, sa famille en France, Jeanne-Marie Sauvage-Avit entraine ses lecteurs et lectrices dans un roman plein de rencontres, de découvertes et de rencontres, sur fond d'amour et de solidarité !
La chronique de Jacques-Plaine
JEANNE-MARIE SAUVAGE-AVIT
Le Royaume du condor
Charleston
Professeur d’histoire et de géographie à la retraite,
Jeanne-Marie Sauvage-Avit a vécu ses vingt premières
années à Saint-Étienne. Prix Claude Fauriel 2012 pour
« Le printemps des femmes » elle a aussi remporté le
prix du Livre Romantique 2017 avec « Cueilleuse de
thé ».
C’est après son dernier concert de la saison que Mirella
Abrial chanteuse de renommée internationale trouva au
milieu de son courrier une enveloppe qui détonne. Une
lettre d’un laboratoire d’analyses médicales. Signe indien
d’un drôle de voyage. Un voyage qui commencera chez son
médecin de famille, continuera à l’hôpital pour finir par un
verdict assassin : cancer de la gorge. Stupéfaction,
angoisse, panique « On ne meurt pas d’un cancer à trente
ans ».
« Elle avait des choses à faire, à apprendre, des livres à
lire, des pays à visiter, des gens à aimer, des chansons à
écrire... » Oui mais tout ça c’était avant. La vie, ou plutôt la
maladie, la tumeur, le crabe en a décidé autrement. « Les
concerts, les tournées, terminé ! ». Coup de tête, coup de mou, elle prend sa décision.
Partir. Mais où ? À l’autre bout du monde. « Tout va bien, je pars en voyage » dira-elle à
tous, parents et amis. Sauf à Charlotte son agent qui l’a découverte il y a quatorze ans.
Charlotte qui dirige sa carrière. À Charlotte, elle dira tout du cancer mais rien du reste.
Le reste c’est la Bolivie. Un village perdu au pied du Locancabur. Un volcan qui culmine
dans les six mille mètres. Avec dans ses bagages une boîte de comprimés prescrits par
l’oncologue. De la chimio en pilules qu’elle prendra les jours où elle aura envie de vivre. Et
elle dira aux indigènes qu’elle est chez eux pour écrire. Écrire un livre. La biographie d’une
cantatrice, pourquoi pas.
Une autre planète cette Bolivie. Le pays des vigognes « robes fauves, ventre blanc » et du
grand condor des Andes. Le pays de la « Pachamama » déesse-terre de l’ancien empire
Inca et patrie des chamanes, ces sages qui parlent aux esprits. Ces magiciens qui
guérissent de toutes les misères du monde. Parait-il.
Alexandre Zotos
" Ismail Kadaré par lui-même " (L'Harmattan)
Le présent essai fait le point sur les conditions et circonstances dans lesquelles s'est déroulée la carrière d'Ismail Kadaré. Il s'arrête notamment sur les deux romans qui ont marqué cette carrière : Le Général de l'armée morte et Le Grand Hiver. Il remet en question l'image d'un écrivain persécuté qui ressort du Poids de la croix et réexamine l'affaire dite des « Pachas rouges » ainsi que les alibis de son exil, sur la foi d'analyses textuelles et de témoignages, certains de source albanaise. Il ne s'agit pas de contester un génie littéraire qui s'est armé sous le régime communiste. Kadaré s'est avéré digne du prix Nobel comme porte-voix d'un pays qu'il a servi de sa plume en exploitant toutes les ressources de sa culture et de son histoire, et on s'interroge sur ce qui a pu lui nuire auprès du jury de Stockholm.
Paul Fournel
" Attends voir " P.O.L
Pendant longtemps on a cru que le méchant était Ray Duluc. Il faut dire qu'il avait le profil : des meurtres, des vols de pâtisseries (cookies, flans), des faux en écriture, des rôdes sur le darknet et les sorties d'école. Ce n'était pas exactement un bon bougre. Mais comme a dit la cheffe : "Ça n'en fait pas pour autant un coupable - en tout cas pas coupable de ça."
La question des limites environnementales a traversé les XIXe et XXe siècles sans vraiment parvenir à s'imposer. La donne serait-elle en train de changer en ce début de XXIe siècle ? Face à la multiplication des atteintes portées au " système Terre ", la communauté scientifique s'est lancée depuis quelques années dans un projet aussi urgent qu'ambitieux : proposer aux décideurs et au grand public un aperçu des principales variables qui déterminent l'équilibre des écosystèmes à l'échelle planétaire. Au-delà du climat et de la biodiversité, ces travaux abordent également des questions moins connues du grand public, comme le déséquilibre des cycles biogéochimiques, le changement d'affectation des sols, l'introduction de polluants d'origine anthropique dans les écosystèmes ou encore l'acidification des océans. Autant d'enjeux pour lesquels la communauté scientifique essaie aujourd'hui de déterminer des frontières à ne pas dépasser si l'humanité veut éviter les risques d'effondrement.
La chronique de Jacques Plaine:
AURÉLIEN BOUTAUD – NATACHA GONDRAN
Les limites planétaires
La Découverte
Aurélien Boutaud est docteur en sciences de la Terre et
de l’Environnement. Natacha Gondran est professeur à
l’École des Mines de Saint-Étienne.
C’est l’histoire de huit milliards de types qui depuis pas mal
de temps scient la branche sur laquelle ils sont assis.
En fouillant le sol tout d’abord pour y trouver du charbon
non plus pour se chauffer la couenne ou cuire la poule au
pot mais pour alimenter les hauts-fourneaux et tout ce dont
l’industrie a besoin pour mettre plus au four qu’au moulin,
ou en creusant des trous à la recherche de pétrole pour leur
automobile - 1,42 milliard d’autos dans le monde en 2022 –
ou pour l’aviation – 23 000 avions de ligne aujourd’hui,
40 000 prévus en 2041.
Quand ces milliards de terriens ont faim, pas de problème
non plus, ils coupent les arbres, remplacent les forêts par
des surfaces agricoles – 13 millions d’hectares par an soit la
surface de la Grèce ou l’équivalant d’un terrain de foot
toutes les secondes. Et pour intensifier la production ils ne lésinent ni sur les engrais – azote
ou phosphate – ni sur les pesticides.
La couche d’ozone qui se troue, le cycle de l’eau qui se dérègle, celui du carbone perturbé
qui renforce l’effet de serre, le CO2 qui modifie l’alcalinité des océans, des signes qui
auraient dû alerter ces irréfléchis d’autant que les scientifiques les avaient prévenus. Vingt
lauréats du prix Nobel réunis à Stockholm en 2011 avaient même lancé une mise en garde
sans nuances « Nous ne pouvons plus exclure la possibilité que nos actions collectives
nous amènent à franchir des points de rupture, qui risquent d’avoir des conséquences
brutales et irréversibles pour les communautés humaines et les écosystèmes. »
Et puis tout d’un coup la médiatisation soudaine et exaltée du réchauffement climatique a
réveillé ceux qui faisaient la sourde oreille à ces constats alarmants. Et leur a fait réaliser
que l’avenir de l’humanité était en jeu. C’est ce défi qu’Aurélien Boutaud et Natacha
Goudran nous proposent ici. Comment rester en dessous des limites planétaires ?
Notre avenir serait-il suspendu à quelques degrés de réchauffement de la planète ?
Dommage qu’homo sapiens ne soit pas Superman.
Opéra stéphanois, en deux tomes, vient de paraître aux Actes Graphiques.
C’est le premier ouvrage consacré à une histoire singulière : la place de l’art lyrique à Saint-Étienne, ville ouvrière, de Napoléon à Jean-Louis Pichon.
Du 5 mars 1810 au 24 juin 2021, vous saurez tout, ou presque, sur les spectacles lyriques, musicaux et chorégraphiques données dans les divers théâtres qui parsèment l’histoire de l’opéra stéphanois : Comédie du Pré de la Foire, Théâtre des Ursules devenu Théâtre Massenet, Etoile-Théâtre, Eden-Théâtre et enfin Maison de la Culture devenue Esplanade puis Opéra-Théâtre et pour finir Opéra tout court.
Cette histoire est loin d’être un long fleuve tranquille : drames, conflits, incendies, polémiques et cabales parsèment l’histoire mouvementée de l’opéra stéphanois.
Les 270 images, souvent inédites, qui enrichissent considérablement le texte, sont issues des collections des archives municipales, de l’Opéra de Saint-Étienne, de la médiathèque municipale, d’Histoire et Patrimoine, du Musée d’Art et d’industrie et de la collection personnelle de l’auteur.
Gérard-Michel Thermeau, docteur en histoire et professeur agrégé, est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’histoire de la région stéphanoise. Il a dirigé Une Histoire de Saint-Étienne quand il était président d’Histoire et Patrimoine de Saint-Étienne.
La chronique de Jacques Plaine
GÉRARD THERMEAU
Opéra stéphanois - deux siècles de vie musicale
(1810 – 2021) T. 1 & 2
Actes graphiques
Président d’honneur d’Histoire et Patrimoine, Gérard
Thermeau - docteur en histoire - est professeur agrégé
au lycée Jean Monnet de Saint-Étienne.
En 2 volumes, 380 pages et 270 images, voici l’histoire du
grand opéra, de l’opéra-comique, de l’opéra bouffe, de
l’opérette, de la comédie musicale mais aussi de la vie
musicale classique à Saint-Étienne depuis 1810.
Une histoire des lieux tout d’abord. Des salles de spectacle
souvent trop petites, inadaptées. « Provisoire en bois et en
briquetage » comme le Grand Théâtre Massenet inauguré
en 1853 et qui brûlera en 1928. L’Éden, le Rex, L’Étoile-
Théâtre, la salle Jeanne d’Arc puis enfin la Maison de la
Culture qui aura le feu aux murs elle aussi en 1998.
Une histoire des hommes ensuite. Des acteurs de la vie
musicale, chanteurs, chefs d’orchestre, musiciens, et bien
entendu directeurs, têtes de turc pour tout et n’importe quoi
et en particulier pour le choix du répertoire. Soixante-
quinze passeront à la trappe en un peu plus d’un siècle.
Viendra alors « le temps du temps long » avec Ducarme père et fils - près de quarante ans -
puis avec Jean-Louis Pichon, vingt-cinq ans. Sous le règne de « Pichon » l’Opéra changera
même de statut, d’échelle, de division et pour la première fois de son histoire prendra une
dimension internationale.
Une histoire enfin de ceux qui sont de l’autre côté du rideau et de la fosse. Le public
bourgeois ou populaire que suivant les circonstances, journalistes ou élus flattent ou
massacrent, caressent dans le sens du poil « la classe ouvrière ne repousse pas les
distractions intelligentes » ou à l’heure des demandes de subventions vouent aux gémonies
« Il y a sur le pavé un si grand nombre d’ouvriers inoccupés, que je trouverais raide qu’il
faille que cette masse de déshérités paie encore par contrecoup les distractions de ceux
desquels ils ont fait la richesse »
Une histoire que Gérard Thermeau nous raconte jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce que, Jean-
Louis Pichon parti cultiver son jardin, quelques orages provoquent de grosses vagues et que
le ciel – malgré les vibratos éperdus du pangolin de Wuhan - puisse enfin s’éclaircir.
Hélène Gestern
" 555 " (Arléa)
C'est en défaisant la doublure d'un étui à violoncelle que Grégoire Coblence découvre une partition ancienne. A-t-elle été écrite par Scarlatti, comme il semble le penser ? Mais, à peine déchiffrée, la partition disparaît. Cinq personnes, dont l'existence est intimement liée à l'œuvre du musicien, se lancent à la recherche du précieux document sans se douter que cette quête éperdue va bouleverser durablement leur vie.
Chronique de Jacques Plaine
HÉLÈNE GESTERN 555 Arléa Hélène Gestern enseignante-chercheuse à l’Université de Nancy, lauréate du prix RTL-Lire pour « 555 » fait partie de la dernière sélection du prix Exbrayat 2022 pour ce même roman. C’est en décousant la doublure d’un vieil étui de violoncelle que Grégoire – restaurateur d’objets ancien - fait une découverte qui va bouleverser son existence et celle de quelques autres. Une partition manuscrite trois fois plus ancienne que l’étui qu’il a entre les mains est cachée dans « le ventre de l’instrument ». Regarde ! dit-il à son ami et associé Gian le luthier que s’arrachent les plus grands violonistes du monde. D’où tu sors ça ? Et les voilà tous les deux chez Manig Terzian la concertiste qui fait courir le tout Paris de la musique. Ni une ni deux elle se met au clavecin, déchiffre, s’extasie et reconnaît à la pièce un mélange d’allégresse et d’angoisse « qui imprègne l’œuvre d’un homme que je joue depuis plus de quatre décennies ». Cet homme c’est Scarlatti. Domenico Scarlatti, le virtuose aux cinq cent cinquante cinq sonates, mort en 1757. Scarlatti qui, la preuve est donc faite, en aurait écrit une de plus. Une qu’un menuisier – pardon un ébéniste – vient de retrouver par le plus grand des hasards dans un étui à moitié bouffé par les mites. Une qui à peine récupérée vient d’être volée – volée, envolée, kidnappée - mais par qui et pourquoi ? Un mystère qui va bouleverser la vie de Grégoire, lui qui ne s’est jamais remis du départ de Florence. Secouer celle de Gian ce coureur de jupons et de casinos prêt à tout pour retrouver sa mise et ses promises. Celle de Manig Terzian aussi, soixante-dix ans mais jamais rassasiée de gloire et de succès et qui voudrait entraîner sa petite nièce sur les mêmes sommets. Deux autres personnages vont s’embarquer sur le même bateau. Le biographe de Scarlatti, obnubilé par les exigences d’un éditeur impatient et l’activisme d’un jeune concurrent avide de prendre sa place. Enfin un collectionneur Belge, plus riche que riche, mais inconsolable du décès de sa chère Beatrix. Un magnifique roman musical, roman un peu policier aussi, mais où, comme dans tout bon polar, celui qui a fait le coup n’est pas un inconnu sorti de rien dans le dernier chapitre.
En parcourant les lieux où elle est passée, Jean-Marc Ghitti nous fait découvrir l'itinéraire intellectuel et spirituel de Simone Weil. Jeune professeur de philosophie, elle est passée chez nous, au Puy, à Roanne, à Saint-Etienne où elle s'est engagée auprès des travailleurs, en particulier en donnant des cours du soir à la bourse du travail ! Un lycée de Saint-Etienne porte d'ailleurs son nom !
Parfois confondu avec sa presque homonyme Simone Veil, la femme politique, son oeuvre posthume résonne fortement dans notre actualité et Jean-Marc Ghitti nous permet de comprendre combien son engagement et sa passion de la vérité peuvent nous aider aujourd'hui.
Chronique de Jacques Plaine
JEAN-MARC GHITTI Passage et présence de Simone Weil Éditions Kimé Jean-Marc Ghitti, philosophe, romancier et poète français est né à Saint-Étienne. Études de lettres et de philosophie à Saint-Étienne, Paris et Nice où il soutient une thèse sur le lieu comme source d’inspiration. Président de l’association « Présence philosophique au Puy ». Le Puy-en-Velay où il a enseigné la philosophie. Comme il y a deux Corneille, il y a deux Simone Weil. L’une avec un W l’autre avec un V. l’une diplômée de Normal Sup, l’autre membre de l’Académie française. L’une prof de philo, l’autre présidente du Parlement Européen. L’une, résistante, enterrée à Londres, l’autre, déportée à Auschwitz, enterrée au Panthéon. L’héroïne de ce livre c’est la première, inhumée le 30 août 1943 au cimetière d’Ashford. Devant huit personnes dont Maurice Schumann futur ministre du Général. Elle avait trente quatre ans. Une femme étrange dont la vie fut courte mais chaotique et nourrie de souffrances. Que ce soit lors de son premier poste de professeur de philo où à la tête des chômeurs elle devient la vierge rouge du Puy-en-Velay. Que ce soit à Auxerre où si telle avait été la mode en 1932 elle aurait déboulonné la statue de Paul Bert. L’année suivante aussi où fatiguée d’enseigner elle décidera de travailler en usine. Découpeuse chez Alsthom, fraiseuse chez Renault avant de s’engager à Bourges comme fille de ferme. Mais ces brèves de comptoir ne doivent pas faire oublier l’essentiel, occulter ce qui est gravé dans le marbre et sur sa tombe : «Simone Weil, une des plus grandes philosophes modernes. » Simone Weil une philosophe dont l’œuvre n’est pas faite de livres mais de cahiers, de notes, d’articles, écrits au Puy, Saint-Étienne, Auxerre, Roanne, New York, Londres à moins que ce soit en mer au milieu de l’Atlantique. De lettres, à Georges Bataille, à Jules Romain (écrite mais jamais envoyée), à Bernanos (envoyée mais restée sans réponse), au Père Perrin. De rencontres, en Espagne - ou plutôt en Catalogne ce qui n’est pas la même chose - ou en Ardèche avec Gustave Thibon, « celui qui nous a donné Simone Weil » dira François Mauriac. Enfin – et j’aurais peut-être dû commencer par là - à la Bourse du Travail de Saint-Étienne, avec Jean Duperray l’auteur d’« Harengs frits au sang ». Mais là est une autre histoire.
Jean-Paul Delfino est un des trois auteurs sélectionnés pour le prix Charles Exbrayat. Il est l'invité de l'émission "A plus d'un titre" enregistrée en public à Planfoy, avec Jacques Plaine, Jean-Claude Duverger et la comédienne Muriel Coadou de la compagnie Collectif 7.
Lorsque les pouvoirs publics tentent d'expulser Jonas de son manoir au sommet d'une dune, Isla Negra se transforme en camp retranché et chacun dans la ville va prendre parti...A mesure que la falaise s'effondre, les masques tombent !
Une fable truculente, des personnages qui sortent de l'ordinaire, de l'émotion, et du rire : la longue-vue de Jonas, braquée sur l'horizon, nous embarque pour le voyage !
Rencontre avec un des trois auteurs en lice pour le prix Charles Exbrayat !
Jean-Marie Quemener est reçu à la mairie de Tarentaise pour présenter " Sombre éclat ".
En juin 1940, Charles Ntchorere, capitaine de tirailleurs sénégalais, est froidement exécuté par les allemands. Et si l'ignorance et la barbarie avaient reculé, ne fut-ce qu'un instant ? Et si deux guerriers, un officier "indigène" et un officier de la Wehrmacht, avaient pu s'entendre ? Qu'auraient-ils eu à se dire ?
Une émission réalisée par Anne-Marie Vergnon et Jacques Plaine, avec Gilles Chabrier, comédien de la compagnie Collectif 7
Annet, son mari, vient de mourir. Marie Joséphine se retrouve seule pour élever ses sept enfants dont le dernier n’a que trois ans. Elle trouvera de l’aide auprès de sa famille, à Roanne. Puis les oiseaux quitteront le nid. Ils nous emmèneront à Paris pour visiter la toute nouvelle tour Eiffel ou pour parcourir les allées de l’Exposition universelle de 1900. Francisque, malgré son handicap, trouvera l’aisance nécessaire pour réaliser son projet d’achat d’une vigne. Son fils, Honoré, balloté par l’armée entre Maroc et front de l’Est, devra attendre l’armistice pour retrouver la joie des vendanges....
La chronique de Jacques Plaine:
ALAIN FAUCOUP
Les Vendanges de la Croix-Raisin
Éditions du Mot Passant
Alain Faucoup éditeur connu et reconnu a décidé à
l’heure de la retraite de changer de casquette. Le voilà
donc écrivain et auteur d’une saga en trois volumes,
celle de la famille Vodable.
Le héros de « L’Oublié de Marie-Galante » et celui de « La
Scie des Amouilhaux » c’est lui, Annet Vodable, un paysan
du fin fond de l’Auvergne. En 1823, à dix-neuf ans, il avait
tiré un mauvais numéro et avait laissé, ferme, famille et
amoureuse - Victorine la fille qu’il aimait par-dessus tout -
pour traverser les océans et se retrouver, fantassin de la
marine Royale, à l’autre bout du monde. À la Guadeloupe
exactement. Un pays dont il ignorait tout, même le nom.
Quand il était rentré – sept ans et demi plus tard - il avait
retrouvé les siens mais pas Victorine. Si ! Il l’avait retrouvée
Victorine, mariée à un autre et avec trois enfants sur les
bras. Fou de chagrin et de rage il s’était jeté dans le turbin
comme d’autres se balancent dans la rivière. Le bois, les
bois, la scie de long, les scieries hydrauliques. Et au bout du bout il avait refait sa vie. Avec
Marie Joséphine de vingt ans sa cadette. Une jeunesse qui enchaînera les grossesses.
Douze à la suite. Pour ne pas dire coup sur coup.
Sept enfants vivants - de deux à dix-sept ans – réunis aujourd’hui autour de leur mère et
devant la tombe du père. Sa tombe à lui qui vient de mourir de la typhoïde comme d’autres
mourront plus tard de la grippe espagnole.
Une tribu qui du jour au lendemain va devoir affronter la vie, celle de la ville et celle de la
campagne. Des gamins qui vont grandir. Devenir des hommes, devenir des femmes, se
marier, avoir des enfants. Des solitaires et des couples qui vont voir naître le monde
d’aujourd’hui. Le chemin de fer et la voiture. L’électricité et l’eau sur l’évier. La poste et le
téléphone. La tour Eiffel et le métro. Certains connaîtront la fusillade du Brûlé, d’autres
l’incendie du Bazar de la Charité.
Et puis à Sarajevo - un dimanche - l’archiduc François Ferdinand et son épouse seront
assassinés. Ce jour-là Honoré - petit fils d’un fantassin de la marine Royale à la Guadeloupe
– sera deuxième classe au 4e Zouaves à Casablanca. Un dimanche de juin 1914 qui fera
date.
NICOLE MERCIER-THOMASSON
Le Ruban de satin bleu
Éditions du Mot Passant
Née à Saint-Just-la-Pendue, vivant à Montbrison, Nicole
Mercier-Thomasson nous livre ici son troisième roman.
C’est au bord de l’étang de la Cotille, à deux pas de
Montbrison et en mangeant une belle pomme rouge, que
Léonard Trémolin – qui plus souvent qu’à son tour avait
croqué bien d’autres pommes – fut arrêté par deux
gendarmes. Deux gendarmes à cheval et en bicorne. C’était
en pleine troisième République et alors qu’une division de la
flotte russe d’Alexandre III venait de débarquer à Toulon.
Ce qui n’a rien à voir sauf que l’événement situe l’époque,
les gendarmes à cheval et leur bicorne.
Depuis des décennies - au moins trois - Léonard Trémolin,
avec sa charrette, sa mule, son chien, son chat, son
perroquet, sans oublier son violon, arpentait les chemins de
Montbrison à Saint-Germain-Laval, de Noirétable à Saint-
Romain-le-Puy et proposait aux belles dames et aux autres,
dentelles, tissus, fils, aiguilles, boutons, onguents et
produits de beauté.
« Qu’est-ce que vous me voulez ? » Avait-il crié aux pandores venus l’arraisonner.
« Devine ? » Lui avaient-ils répondu avant de l’embarquer, entravé, les mains ficelées dans
le dos, à la prison la plus proche. Et c’est là, dans un cachot miteux qu’il avait fait
connaissance de trois allumés de première qui attendaient le bagne, Cayenne, la guillotine
ou ... la liberté. Il y avait Pierre un comptable qui s’était perdu pour une fille qu’au bout de six
mois il n’avait toujours pas déflorée, Lino un Italien du sud que sa femme venait de larguer
avec ses cinq enfants pour un veuf qui en comptait lui une demi-douzaine, et enfin un
troisième larron - « l’endormi » pour ses potes – auteur-inventeur-créateur d’une nouvelle
forme de vol à la tire, le vol sur vélo Hirondelle de Manufrance.
Lui, aussi innocent que l’agneau pascal, espérait rien moins que la liberté sauf que les
gendarmes venaient de découvrir le curé de Mornand le crâne fracassé et agonisant les
bras en croix dans sa cuisine. Un vieux père curé que connaissait bien Léonard et
réciproquement. Et comble de poisse, de malveillance ou de tout ce que vous voudrez, on
venait de retrouver l’arme du crime. Devinez où ? Je vous le donne en mille.
CHRISTOPHE CARLIER
Un prénom en trop
Plon
Agrégé de lettres et docteur ès lettres Christophe
Carlier est essayiste et romancier.
Brune, brillante, fascinante, Rebecca - responsable
juridique dans une entreprise d’Annecy - a tapé dans l’œil
d’un drôle de pistolet. Un tordu de première, un malade de
la toiture. Un psychopathe diagnostiquerait la Faculté, un
drôle d’oiseau dirait le populaire, un mec à enfermer
ajouterait sa concierge. Un pervers en tous cas, hypnotisé
par la donzelle dans la touffeur d’une boîte de nuit des
bords du lac et qui dès le premier regard n’aura qu’une idée
: entrer dans la vie de la belle pour la dévaster.
« Je l’ai détaillée, comme on caresse un chat, comme on
respire un parfum, comme on vide un verre d’alcool. » Avec
constance, vice, cynisme et un don certain pour faire le mal,
il va jour après jour - et pendant des années - distiller son
venin. Par petites touches, une lame de rasoir dans sa boîte
aux lettres, trois mots ambigus sous l’essuie-glace de son
Austin, un pied de poupée Barbie dans son potage, ou par des actions plus médiatiques et
d’une autre envergure – l’assassinat de toutes les Rebecca du quartier par exemple - il va
imposer sa présence, tisser sa toile diabolique, enfermer sa proie dans un océan de terreur.
Le lecteur - vous, moi et les autres – serons informés, tenus au courant, mis dans la
confidence de ce harcèlement, par Violette une petite stagiaire entrée récemment au service
de Rebecca. La cinquième roue du carrosse tout d’abord mais qui au fil du temps prendra du
galon, deviendra le témoin privilégié de cette aventure macabre et qui sait la pièce maîtresse
d’un thriller qui ne veut pas dire son nom.
Et il faudra attendre la dernière ligne de la dernière page pour découvrir que si ce livre a
obtenu « le Prix du roman de la gendarmerie nationale » ce n’est peut-être pas par
provocation de son président de jury, le général d’armée Christian Rodriguez.
Jean-Jacques Monchalin
" Les demoiselles de Montbrison " (Autoédition)
Émile Sabot, libraire à Montbrison, mène une vie paisible aux côtés de Mathilde, son épouse et de Thérèse, son employée modèle. Il consacre ses loisirs à la randonnée, la poésie et l'astronomie. Tout va bien jusqu'à ce jour d'avril où il apprend la mort tragique de Louise, rencontrée lors d'une balade dans les Monts du Forez. Sa vie bascule alors. L'enquête est confiée au commissaire Valentin qui voit en Émile un coupable idéal. Un indice compromettant, retrouvé sur le lieu du drame, conforte les soupçons du policier. L'enquête piétine. Émile est désespéré d'autant que, dans le même temps, Thérèse disparait après avoir gagné une très grosse somme d'argent au tiercé. Le libraire, afin de prouver son innocence, fait appel à un vieil ami devenu détective privé : Nick Malone. Celui-ci, pour démêler le vrai du faux, va fouiller dans le passé de Louise et découvrir qui elle est vraiment.
Les chroniques de Jacques Plaine
JEAN-JACQUES MONCHALIN Les demoiselles de Montbrison Éditions du Cluzel Jean-Jacques Monchalin, né à Roche la Molière, vit dans la plaine du Forez. « Les demoiselles de Montbrison » est son premier roman. C’est une histoire de libraire. Celle d’un libraire de Montbrison - ancien mauvais élève du Lycée Claude Fauriel - qui vend des livres parce qu’il se sent incapable d’en écrire. « J’ai essayé et me suis vite rendu compte qu’il était plus facile de les lire ou de les vendre ». Le dimanche - pour le plaisir de voir la Plaine du Forez par en dessus - il laisse sa femme s’occuper de sa mère et part le nez au vent sur les chemins des Montagnes du Soir. C’était au temps où Catherine Langeais était la madone de « Trente six chandelles », Léon Zitrone commentait le Grand Prix d’Amérique, Gelinotte « la madone des sleepings » venait de tirer sa révérence et Roquepine s’apprêtait à faire de même. Ce dimanche là, un petit sac en toile sur l’épaule, notre libraire prend la route direction Essertines quand tout à coup - juste après le pont du Vizézy - se trouve nez à nez avec la plus belle femme du monde. Ou presque. Une styliste de chez Dior, grande, mince, qui a du chien et un cabot nommé Oscar. Deux éclairs, trois coups de tonnerre, quatre gouttes de pluie et voilà notre homme attablé chez la dame à « partager la blanquette qui mijotait sur le fourneau ». Une histoire salace ? Un conte de fée ? Que sais-je ? dirait Montaigne, sauf que le facteur va bientôt faire une découverte : la dame raide morte dans sa cuisine. Transportée d’urgence à l’Institut Médico-légal de Bellevue sa tête un rien cabossée intriguera la police. Une sale affaire pour notre libraire soupçonné du pire. Il se souvient alors d’un vieux copain de régiment promis à la carrière de gendarme puis reconverti « détective privé » après avoir sauté la femme du commandant. Pendant ce temps, Thérèse l’unique employée de la librairie, amoureuse de Camus, Balzac, Proust et Sagan, découvre le PMU, joue pour la première fois de sa vie, se fait le Tiercé du Grand Prix d’Amérique - vingt briques - tombe dans les pommes, se refait la cerise et disparaît.
Didier Cornaille
" Les bois de la discorde " (Presses de la cité)
Vieux paysan un peu original, Charles n'aime rien tant que les bois et ses chevaux. Ahmed, ancien harki vivant en banlieue parisienne, le sait bien. Ensemble, ils ont travaillé aux Eaux et Forêts dans les années soixante. Si la vie les a séparés, Ahmed n'a pas oublié. Il y revient avec Farid, son petit-fils. La découverte du Morvan est une révélation pour le jeune homme des cités, doux rêveur qui s'épanouit au contact de la nature. Charles le prend en affection et l'emmène avec ses chevaux en forêt. Heureux dans sa nouvelle vie, Farid fait aussi la rencontre de la jolie Aurélie. Mais au village tout le monde n'apprécie pas sa présence, surtout celle que l'on surnomme "l'Embrouilleuse"…
La chronique de Jacques Plaine:
DIDIER CORNAILLE Les Bois de discorde Presses de la Cité
Journaliste puis romancier – quarante-deux romans dont « le Périple du chien » finaliste du prix Exbrayat 2004 – Didier Cornaille est aussi l’auteur d’une collection de guides de randonnées à cheval qui - du haut de sa cavale - l’a amené à découvrir le Forez et le Pilat. C’est dans les Aurès et sous les étoiles d’une nuit sans lune que tout a commencé. Que le deuxième classe Charles Fauverand a mis au parfum son copain Patrice Villevieil - fils de notaire et prêt à reprendre l’étude de papa - d’un projet auquel il compte bien l’associer. « Et puis si tu me donnes un petit coup de main, ça peut aller bien plus vite ». Grâce à Patrice - la quille venue - ça a été très vite et Charles est devenu le maître des petits bouts de forêts du canton vendus à l’occasion de successions où les héritiers n’avaient que faire de confettis de terres inexploitables. Et Charles les a exploitées ces terres. Avec passion et détermination. « Charles était un homme du bois. Il n’était heureux que la cognée à la main au plus profond des futaies… ». Il les a exploitées grâce à quelques harkis trop heureux d’oublier dans son sillage leur condition de supplétifs et de faire autre chose que de se morfondre dans des camps où la France les avait méchamment parqués. Or voilà que quarante ans plus tard et partant à la chasse aux souvenirs, Ahmed un de ces harkis, débarque chez Charles avec son petit-fils ; un garçon fatigué de son HLM et de ses trafics, de sa banlieue ensauvagée ; Farid avide de nature, impatient de campagne, amoureux des arbres et des bois. Un copié-collé de Charles, la jeunesse en plus, les rhumatismes en moins. Une aubaine ? Un rêve? En tout cas une façon pour Charles de s’inventer un avenir. Sauf qu’au village il y a Justine. Justine la reine de l’embrouille, la sulfateuse de sousentendus qui dérangent, d’allusions qui mettent le doute, de mots qui tuent. Justine, une bonne femme qu’on « achèterait pour la battre » aurait dit ma grand-mère, acoquinée avec « un faramelan qui prend sa raie du cul pour le méridien de Greenwich » aurait ajouté mon grand-père. Ah j’oubliais. À Dijon, la porte à côté, il y a aussi Aurélie.
" Avec mon enfance " de Gérard LINDEPERG ( Editions de l'aube )
Gérard Lindeperg
" Avec mon enfance " (Éditions de l'aube)
Après "Avec Rocard" et "Avec la Loire", où il mettait en scène son parcours de militant politique et de député, Gérard Lindeperg nous livre le troisième volume de ses mémoires. Dans un registre plus intime, il évoque ses origines familiales et sa ville du Creusot dans les années d'après-guerre. D'un trait vif, l'auteur nous introduit dans une société dominée par l'ombre tutélaire de la dynastie Schneider qui impose sa loi, son rythme et sa marque, aussi bien à l'usine qu'à la ville. Dans cette cité ouvrière, Gérard Lindeperg prend conscience très tôt de l'injustice sociale et la honte domine son enfance. L'école sera l'occasion de prendre une revanche sur le dénuement familial. L'engagement politique permettra de vaincre les humiliations de l'enfance creusotine et d'éprouver, au fil des ans, la honte d'avoir eu honte de la pauvreté.
La chronique de Jacques Plaine:
Gérard Lindeperg, inspecteur d’Académie en 1991, « Numéro deux » du parti Socialiste en 1992 fut député de la Loire de 1997 à 2002. Après « Mémoires d’un Rocardien de province » et « Avec la Loire », il écrit ici « Avec mon enfance » le troisième volume de ses mémoires. À l’occasion des élections municipales de 2002 où il conduisait la liste d’Union de la gauche - et pour se présenter aux Stéphanois soucieux d’en savoir plus sur un candidat venu d’ailleurs - Gérard Lindeperg a publié « Fleurs de givre. » Il reprend aujourd’hui son histoire, celle de ses parents, de ses grands-parents, de tous ceux qu’il aime, avec une autre ambition : celle de leur éviter de rejoindre dans l’anonymat « l’immense cohorte des sansgrade dont le temps efface la mémoire aussi vite que la mer engloutit la trace des pas sur le sable ». Il fait revivre son père et sa mère avec amour et sensibilité. Avec toutes les interrogations d’un enfant qui ne comprend pas tout, qui s’inquiète de mots, de silences, de comportements qui l’étonnent parce qu’il n’en a pas les clefs. Son père est alsacien plus souvent en opérations militaires qu’à la maison. « Il a passé son enfance au milieu des grands arbres de la forêt vosgienne » et rêve son fils en « ingénieur des ponts, des eaux et des forêts ». Sa mère, elle, est pontonnière dans l’univers des usines Schneider. Elle « a passé sa vie au milieu des hautes cheminées du Creusot » et espère faire de lui un simple dessinateur Schneider. Toute une époque renaît sous la plume de Gérard Lindeperg. Celle d’Yvette Horner et d’André Verchuren, de Raymond Souplex et de Jane Sourza, de Louis Armstrong et de Sidney Bechet, de Gina Lollobrigida et de Sophia Loren. C’était le temps de ceux qui avaient une voiture et de ceux qui n’en avaient pas, de ceux qui partaient en vacances et de ceux qui restaient à la maison. Dans ses deux premiers tomes de mémoires on a découvert un Gérard Lindeperg qui de « rien » est devenu « Numéro 2 » du parti Socialiste. On le retrouve ici à l’âge où il décide de cultiver son jardin. Il s’adresse à ses parents morts depuis bien longtemps et, avec les mots simples du bon fils, leur écrit ce que jadis il n’a osé leur dire de vive voix. Tout simplement.
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