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Françoise Henry "Jamais le droit de crier" (The Menthol House)
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Françoise Henry "Jamais le droit de crier" (The Menthol House)

Un article rédigé par Anne-Marie VERGNON - RCF Saint-Étienne, le 21 décembre 2019  -  Modifié le 28 février 2024

FRANÇOISE HENRY
(Prix Charles Exbrayat 2009 pour
« Juste avant l’hiver »)
 (The Menthol House)
 
Une femme achète des fleurs au marché, et ces fleurs voient tout ce qui se passe chez elle, dans sa vie intime. Une curieuse explore les sacs d’une clocharde céleste, une passante écoute un homme rompre avec son amie sur son téléphone portable… Pourquoi va-t-on toujours regarder ce qu’on ne devrait pas, et fouiller dans ce qui ne nous appartient pas ? Trahisons, mensonges, secrets… On cherche ce qui se cache derrière les apparences, on va très loin, on ose. À ses risques et périls.
 

Chronique de Jacques PLAINE publiée dans L’Essor

Françoise Henry – Jamais le droit de crier – The Menthol house – 16 €
Françoise Henry, finaliste du Fémina, a reçu de nombreux Prix littéraires dont le Prix
Marguerite Audoux et le Prix Charles Exbrayat. Comédienne pour France Culture et
France Inter, elle a aussi publié de nombreux poèmes. « Jamais le droit de crier » est son
premier recueil de nouvelles.
Des nouvelles de gens qui vont, qui viennent, qui passent, qui courent, qui téléphonent dans la
rue comme cet « homme d’âge moyen, bien habillé, très correct, qui marchait sur le
boulevard de l’Hôpital » et qui, entre deux feux rouges, règle ses problèmes de cœur en
mettant un continent entre lui et sa femme : « je pars, je te dis qu’il faut que je parte ». Ou ces
deux vieilles peaux, parc Monsouris, qui voient un enfant qu’elles imaginent perdu,
abandonné, envolé, échappé des Misérables, d’Oliver Twist ou d’Ange Pitou et qui sont fort
déçues que non, trois fois non et quel dommage, il s’agit seulement d’un gamin qui a devancé
sa mère de quelques mètres pour lui cueillir un bouquet de pâquerettes. Ou cet autre encore,
boulevard Saint-Marcel, qui avise en lettres bleu électrique les mots « chambres de
voyageurs » sur la façade d’un hôtel et décide sans plus attendre de faire sa valise pour
profiter de l’offre : « Jeanne, je vais sans doute faire un petit voyage ».
Plus inquiétante cette descente aux enfers, un matin tout près du parc Choisy. Un voyage dans
le monde super glauque d’une femme de rien qui pousse « de tout son corps, de toute sa
fatigue » un caddie qui déborde de dix-neuf sacs en plastique. Sa fortune, ses secrets, son
garde-manger, sa taverne d’Ali Baba.
Et puis voilà la famille Bretzel. Monsieur, Madame, les enfants et la bonne. Tous installés
dans une grande maison, en Allemagne, non loin du lac de Constance. Madame se goinfre de
cerises, trois des enfants « se promènent en short blanc, une raquette à la main », le
quatrième joue du piano, quant à la bonne elle frotte, frotte, frotte pendant que cloîtré dans
son bureau monsieur fait l’écrivain. Un écrivain qui écrit beaucoup, publie peu, n’a aucun
succès mais ne va pas moins mettre le feu au lac.
De téléphone en portable, de Nokia en Samsung, on entend aussi une voix qui se dit « au fond
du gouffre », un novillo qui se découvre papa… pendant que le balayeur pousse l’eau du
caniveau. Jusqu’à la mer ? Pourquoi pas.
Vendredi 20 décembre à 18 heures et à Lire à Saint-Étienne 5, rue Traversière,
enregistrement public sur RCF de l’émission « A plus d’un titre » avec Françoise Henry.

  


© clichés Lire à ST-Etienne Louis Reynard/RCF42

 

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