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Gérard Georges "Lucie Lumière"
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Gérard Georges "Lucie Lumière"

Un article rédigé par Anne-Marie VERGNON - RCF Saint-Étienne, le 5 janvier 2019  -  Modifié le 28 février 2024
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Chez les Collange, Lucie est la pièce rapportée, une enfant de l'Assistance publique. Juste tolérée, elle a peu à partager avec sa famille d'adoption. Au village, à la ferme, partout on dit qu'elle a le diable aux trousses. Du haut de ses douze ans, Lucie a une révélation : elle sera écrivain... En cette année 1963, dans son village d'Auvergne, pour Lucie, la vie ne fait que commencer.
 

Chronique de Jacques PLAINE publiée dans L’Essor

Gérard Georges - Lucie lumière - Presses de la Cité-20 €
 
Né à Montbrison, Gérard Georges est romancier, poète et nouvelliste. Dans une autre vie il fut journaliste de radio, professeur de lettres puis principal de collège.
 
Si en Auvergne la tradition veut que l’on s’embrasse trois fois pour dire bonjour ou bonsoir, dans la famille Collange - des paysans installés au cœur de la Limagne et enrichis grâce à l’ail rose de Lautrec - l’embrassade triphasée n’est pas au rendez-vous tous les jours.
 
Disons même que dans cette famille il y a un vilain petit canard  à qui l’on ne fait pas souvent de mamours. Ce vilain petit canard c’est Lucie. Une gamine de l’Assistance publique que la famille a cru bon de mettre sous sa coupe parce qu’à la clé il y avait un petit pécule qui serait versé tous les trois mois à papa et maman. Une petite « gratte » - comme on dit par ici et pas si négligeable que ça - au cas où l’ail rose ait quelques faiblesses sur les marchés spécialisés. On n’est jamais trop prudent !
 
Mais pourquoi donc - puta de Diou comme dit l’Arsène qui ne peut aligner deux phrases sans les entrelarder d’une bordée de jurons - mais pourquoi donc Milladiou tant de méchanceté voire de haine à l’encontre de cette pauvre gamine ? Que ce soit de la part de l’Arsène, le père, un gringalet qui a concentré toute son intelligence dans la culture des gousses d’ail (roses évidemment), de Marie-Joséphine, la mère, qu’il a épousée uniquement parce qu’ils avaient fait Pâques avant les Rameaux, du fils, de la fille, sans oublier Eugénie la bonne (à tout faire) et le gros Marcel le garçon de ferme, une collection d’abrutis qui ne peut supporter ni l’intelligence exceptionnelle ni la beauté flamboyante de Lucie.
 
Une gamine qui dans sa tête bien faite sait pertinemment qu’elle ne finira pas ses jours dans cette cour des miracles. Convaincue même - suite à une passe d’armes avec le principal du collège - qu’elle a un joli brin de plume, elle se mettra dans la tête qu’un jour elle deviendra écrivain. Et comme dans un roman un auteur peut s’offrir toutes les fantaisies, Gérard Georges se payera même le luxe de la présenter à sa propre attachée de presse aux Presses de la Cité pour un début de carrière en fanfare.

  

© clichés Louis Reynard Lire à ST-Etienne/RCF 42

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