40 ans après sa mort, Maria Callas reste la voix du siècle

"La cantatrice Maria Callas est morte ce matin à son domicile parisien, avenue Georges-Mandel, elle avait 53 ans." C'est par ce communiqué du 16 septembre 1977 que l'AFP annonçait le décès de la diva. Aujourd'hui, 40 ans après sa disparition, l'artiste reste inégalée et sa voix suscite toujours autant d'émotion et d'admiration. "Au-delà de l'immense cantatrice qu'elle a été, elle a été aussi un personnage dont l'histoire personnelle est bouleversante." Alain Duault est l'auteur en 2014 d'une biographie, "Dans la peau de Maria Callas" (éd. Le Passeur), où il raconte les 15 derniers jours de la Callas et revient sur les grandes étapes de vie.

Pourquoi MAria Callas a bouleversé l'histoire de l'opéra

"Avant elle l'opéra c'était du concert en costume, Callas arrive et tout d'un coup l'opéra est du théâtre." Au-delà du don qu'elle avait pour le chant, la cantatrice a insuffler dans son art une façon d'incarner ses personnages, avec densité et profondeur. "Elle est entrée à l'intérieur d'eux-mêmes, elles les a épousés de l'intérieur", explique Alain Duault.
 

Maria Callas, un destin malheureux

Son parcours personnel n'y est pas pour rien. Tout au long de sa vie, Maria Callas a connu une existence malheureuse. Avait-elle noté elle-même la coïncidence frappante entre les personnages féminins qu'elle a incarnés et la femme, amoureuse malheureuse, qu'elle a été? Dès sa naissance, le 4 décembre 1923 à New York, sa mère a refusé de la regarder, elle qui avait perdu un fils deux ans plus tôt. Sa soeur Cynthia, qui sera rebaptisée Jackie - le doigt du destin? - était l'adorée, la chérie de ses parents. Elle, Maria, était l'enfant rejetée, moquée pour son poids et ses lunettes, "à l'école on l'appelle le gros serpent à lunettes", raconte son biographe
 

La scène de l'opéra pour enfin exister

Maria Callas grandit dans le quartier des immigrés de Long Island, où son père Georges Kaloyeropoulos s'était installé. Moquée à l'école et rejetée en famille, il ne lui reste que la radio. "C'est elle qui l'a sauvée." En l'écoutant, elle reproduit des airs et attire l'attention des voisins. Ce sont eux qui signalent le don de sa fille à Evangelia. Elle y voit l'occasion de revenir en Grèce et inscrit la jeune prodige au conervatoire d'Athènes. L'enfant mal-aimée trouvera sur scène des raisons d'exister: elle y sera écoutée, regardée, aimée. Si tout le monde connaît 'La callas', aujourd'hui, c'est "parce que c'est un personnage qui a existé avec une force rare".