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Iles Marquises , la renaissance d'une identité 1/3
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Iles Marquises , la renaissance d'une identité 1/3

Un article rédigé par Thierry Lyonnet - RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023

Après Tahiti et Bora Bora , Thierry Lyonnet nous emmene cette semaine à la rencontre de la communauté catholique des Iles Marquises. A 1500 km de Tahiti cet archipel possède une langue et une culture qui lui est propre.Pourtant le peuple marquisien a bien failli disparaitre au début du 20 eme siècle.L'Eglise catholique et notament un évêque : Mgr Le Cléach ont grandement participé à la sauvegarde de l'identité marquisienne. 

Thierry Lyonnet / RCF - Baie de Taiohae, sur l'île de Nuku Hiva Thierry Lyonnet / RCF - Baie de Taiohae, sur l'île de Nuku Hiva

Les Marquises. Ce sont des artistes comme Paul Gauguin, Herman Melville ou Jacques Brel qui ont le plus contribué à nous les faire connaître, ces îles paradisiaques d'un archipel perdu dans l'océan Pacifique, à 1.500 km de Tahiti.

 

À la fin du XIXè siècle, et au début du XXè siècle, la culture marquisienne était en sursis. Aujourd'hui la communauté catholique joue un rôle important dans la préservation du patrimoine et de l'identité marquisienne.

 

Les missionnaires ont joué un rôle de catalyseur pour faire renaître la culture marquisienne

 

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La culture marquisienne

 

 

Au XVIIIè siècle, la population marquisienne comptait 80.000 personnes. En 1920, il en restait moins de 2.000. La population marquisienne a failli disparaître et avec elle l'une des cultures les plus riches du Pacifique. Architecture, langue, chant, tatouage... On doit à Mgr René-Ildefonse Dordillon (1808-1888), auteur du premier dictionnaire marquisien, d'avoir renouvelé la culture de l'archipel.

 

 "C'est lui qui s'est vraiment mis à la portée de ses ouailles, qui a fédéré les marquisiens autour du christianisme et qui a restructuré la société", explique Daniel Pardon, ancien rédacteur en chef de La Dépêche de Tahiti. "Les missionnaires ont joué un rôle de catalyseur pour faire renaître la culture marquisienne."
 

Les sacrifices humains

 

 

Dans la partie septentrionale de l'archipel, sur l'île de Nuku Hiva se trouve le site archéologique de Kamuihei. "Dans la vision de l'espace-temps marquisien, plus on s'éloigne de la mer et plus on monte vers les montagnes, plus on se rapproche des dieux et plus les lieux sont sacrés donc tabou", explique Jacques Pelo spécialiste de l'histoire des Marquises. C'est dans ces espaces "tabou" que se pratiquaient les sacrifices humains. Un passé douloureux pour leurs descendants. Marquisienne, et chrétienne, Lucie Kaotaï se dit respectueuse de ses ancêtres, mais elle a du mal à considérer qu'ils ont pu pratiquer l'anthropophagie et les sacrifices humains. "Je suis quelqu'un qui n'aime pas entendre tout ça, ça me fait beaucoup de peine."

 

Les sacrifices humains ont perduré tout au long du XIXè siècle, mais leur sens a pris une autre dimension. "Quand les missionnaires français sont arrivés en 1838, cela faisait déjà 50 ans que les Marquises étaients envahies par les bateaux étrangers - exclusivement anglo-américains, explique l'historien, avec l'introduction de l'alcool les sacrifices humains ont perdu leur notion sacrée pour devenir des actes criminels dus à l'alcoolisme."  Le rôle des missionnaires aura été de faire cesser la pratique des sacrifices humains et aussi - avec plus de difficulté - les guerres tribales. Pour Lucie Kaotaï, "c'est grâce à ces missionnaires que cette violence a diminué, qu'il a eu du changement dans la vie de nos ancêtres, ce sont les missionnaires qui ont pacifié l'île". 
 

 

L'influence des missionnaires

 

 

Assez tristement, l'influence missionnaire a pu se faire à partir du moment où la population marquisienne a vraiment décliné. "De cette manière, ils avaient plus accès aux gens", explique Jacques Pelo. Sensible au style de vie des missionnaires, en grande partie comparable à celui de leurs prêtres, les Marquisiens ont accueilli favorablement les chrétiens. "Quant au message chrétien ça a été très dur à comprendre." L'évangélisation des îles Marquises aura été bien plus longue que celle des îles de la Société.

On reproche souvent aux missionnaires d'avoir anéanti la culture des populations locales. Pour Daniel Pardon, "la destruction de la culture marquisienne est le fait des santaliers (ceux qui étaient venus chercher du santal), des baleiniers et de tout les beachcombers qui traînaient dans le Pacifique qui ont amené des armes, la syphilis, l'alcool, la violence... énormément de choses qui ont totalement destructuré la société". Selon lui ça ne fait pas de doute, "les missionnaires ont plus été des infirmiers que des tueurs".

 

 

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