Aujourd'hui dans les racines du présent en partenariat avec le journal La Croix, Frédéric Mounier s'intéresse aux élites qui font notre pays et à leur histoire depuis les lumières. Qui sont-elles ? Quel a été leur lien avec le peuple ?
Pour répondre à ces questions, Frédéric Mounier est accompagné d'Éric Anceau, historien et auteur de "Les élites françaises, des Lumières au grand confinement" aux éditions Passés Composés, et de Jérôme Chapuis, rédacteur en chef du journal "La Croix".
Un statut ambivalent
Dans son ouvrage "Les élites françaises, des Lumières au grand confinement", Éric Anceau, revient sur l'impact des élites sur notre société au cours des 300 dernières années. L'évolution du statut des élites est ambivalente.
Il y a, au fil de l'Histoire, une tentative de dissolution des élites via la démocratisation et en même temps l'historien rappelle "que nous ne pouvons nous passer d'élites, aucun peuple ne peut se passer d'élites".
Pour illustrer cette ambivalence, l'historien prend l'exemple du communisme et de Karl Marx pour qui "à la fin des fins il n'y aura plus d'élites" en ajoutant que dans les régimes communistes "il y a avait bien une nomenklatura".
Les élites éclairées
À l'époque des lumières, outre les nobles proches de la monarchie, de nouvelles élites émergent. Éric Anceau évoque notamment "des bourgeois qui aspirent à gouverner mais qui sont, d'une certaine façon, bridés par le pouvoir [...] car la bourgeoisie qui économiquement parlant gagne du terrain, n'arrive plus politiquement parlant à trouver sa place."
Les élites Napoléonienne
Napoléon Bonaparte qui est général, ne peut pas gouverner seul et à besoin d'un soutien solide pour son coup d'état. À cette époque, une nouvelle frange de la société prend sa place en tant qu'élite : les notables, qui sont durant l'Empire "les bourgeois propriétaires" explique Éric Anceau.
À cette époque on assiste à un élargissement et une diversification des élites initialement issues de la noblesse.
Renouveller l'élite par l'éducation
La très longue IIIème république, de 1870 à 1940, a été marquée par la création d'établissements méritocrates, comme l'actuel Science-Po créé en 1872 ou l'école de guerre militaire créée en 1875, sensés élargir les bancs de l'élite à tout citoyen.
"Il va également y avoir la création de cette fameuse école de la république, avec un mythe qui est celui de cette méritocratie républicaine. On va pouvoir, parce qu'on est un enfant talentueux, arriver au sommet de l'État" affirme Éric Anceau.
Le mouvement des gilets jaunes
Malgré un mouvement initialement tourné contre les élites politiques en place, les gilets jaunes se sont très vite tournés vers des figures emblématiques afin de porter leur message plus loin.
Pour l'historien Éric Anceau, c'est quelque chose que l'on peut observer fréquemment lorsqu'il y a un mouvement qui se met en place contre ceux qui détiennent le pouvoir, "on court circuite l'élite par une contre élite."