Dans les Évangiles, les pharisiens n'ont pas le beau rôle. Hypocrites, serpents, engeance de vipères, Jésus a des mots très durs vis-à-vis des pharisiens. Mais qui sont-ils et pourquoi sont-ils si durement traités ?
Véronique Alzieu reçoit Mireille Hadas Lebel, professeure émérite d'histoire des religions à la sorbonne et spécialiste du judaïsme dans l'antiquité, pour en discuter. Ces sujets sont notamment évoqués dans son livre "Les Pharisiens dans les Évangiles et dans l'Histoire" publié aux éditions Albin Michel.
Les pharisiens dans l'Histoire
Alors qu'aujourd'hui le pharisianisme est mal vu, ce ne fut pas toujours le cas. Mireille Hadas Lebel, nous rappelle que le seul historien de l'époque, Flavius Joseph, a une image toute à fait différentes de cette communauté souvent critiquée dans les textes bibliques. "Je ne dis pas qu'elle était entièrement positive mais elle était totalement différente" souligne l'historienne qui a souhaité creuser et comprendre pourquoi il y a encore aujourd'hui tant de stéréotypes sur ce groupe religieux.
Flavius Joseph parle des pharisiens à partir du IIème siècle avant Jésus-Christ. Ce courant religieux juif serait apparu en opposition aux Saduccéens.
Les pharisiens dans les Évangiles
Contrairement aux écrits de Flavius Joseph, les Évangiles ne sont pas, à proprement parler, des textes historiques, pour Mireille Hadas Lebel ils ont malgré tout "une grande valeur historique parce que cela nous renseigne sur tous les débats de l'époque."
Les pharisiens se trouvent, comme les saduccéens et les esséeniens en Judée, ils ont une influence religieuse et politique importante à l'époque.
Dans les Évangiles, notamment celui de Saint Mathieu, Jésus réprimande les pharisiens. Pour Mireille Hadas Lebel, la dureté des mots employés varie en fonction de la traduction qu'on en fait. "Jésus agit comme un prophète et le prophète n'est pas hostile à son peuple au contraire, il veut le redresser, le ramener dans le droit chemin, il aime son peuple" explique-t-elle.
"Il est aussi possible que comme cette diatribe ne se trouve que chez Mathieu [l'évangéliste], Mathieu est un peu forcé le trait maintenant qu'il est dans un autre camp, il ressent une hostilité contre ses anciens frères" ajoute l'historienne. D'ailleurs dans les Évangiles de Luc et Marc, la violence des mots envers les pharisiens est moindre.