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Girl de Edna O'brien : la vie plus forte que la barbarie
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Girl de Edna O'brien : la vie plus forte que la barbarie

RCF,  -  Modifié le 14 novembre 2019
"Girl" d'Edna O'Brien, un roman qui a reçu un prix spécial du jury Femina pour l'ensemble de son oeuvre

Magnifique auteure irlandaise qui publie cet automne un roman à couper le souffle. Rien que ce livre valait la reconnaissance de ses pairs. Distinguée par ce prix Femina qui lui est décerné pour l’ensemble de son œuvre, l’écrivain de 88 ans est un auteur engagée, notamment pour la cause des femmes.

Elle qui, avec son premier roman en 1960, fit déjà scandale en racontant l’apprentissage affectif de deux « filles de la campagne », c’est le titre du livre. Le scandale qu’elle dénonce aujourd’hui, c’est celui de boko haram et de la violence aveugle, qui détruit les jeunes filles. On se souvient de l’enlèvement de ces lycéennes par les djihadistes au Nigeria. Que sont-elles devenues ? L’héroïne du livre, qui les incarne toutes à la fois, nous entraîne à sa suite.

L’adolescente et ses camarades sont réduites à l’esclavage. Page après page, sur les pas de Maryam, nous avançons dans l’effroi. On résiste, on ne veut pas y aller tant c’est un gouffre qui s’ouvre sous nos pas et la plume d’Edna O’Brien ne nous épargne rien. Le froid, la faim, la violence… La peur paralyse la femme enfant, livrée à tous les vices et sévices des terroristes sans morale. Une descente aux enfers que vous imaginez, je n’en dis pas plus ce matin, même si le récit est terrifiant.
 

Un livre difficile, âmes sensibles s’abstenir 

 
Peut-être, mais en même temps, qui, si ce n’est la littérature, nous fait saisir les réalités du monde ? Il y a des pages terribles, mais aussi une incroyable force de vie chez cette gamine mariée de force à un de ses bourreaux, qui donne naissance à une enfant qu’elle appelle Babby : « je ne suis pas assez grande pour être ta mère », confesse-t-elle alors qu’elle parvient à s’échapper. Commence alors une autre aventure, vivre dans la forêt, abandonner son amie mordue par un serpent, se faire accepter de ceux qu’elle croise… Sur la route, il y a eu de bonnes âmes. Dans son grand malheur, armée d’un courage qui n’est pas moins grand, Maryam va retrouver le chemin de la ville. Mais elle fait peur, même à sa famille. « Nous avons quantité de dieux qui font comme ils décident », lui dit-on. On ne sait plus à qui s’en remettre…
 
Un livre qui révèle encore la puissance de l’écriture d’Edna O’Brien…
 
Qu’il faut vraiment lire ! C’est à l’écrivain que revient la mission de dire l’indicible. Edna O’Brien raconte cette barbarie que l’adolescente ne peut pas révéler, même quand elle se trouve face au toubib : « Il sait qu’il y a plus à dire, mais que je ne peux pas. Entre nous il y a ce fossé béant ». La grande dame des lettres irlandaises est allée à la rencontre de ces filles martyres, celles qui ont réussi à s’échapper. Elle a interrogé les familles, les autorités, les soldats, avec ce constat qui suinte à chaque page : comment tant de violence est possible ?  Et si la vie était, finalement, plus forte que toutes les barbaries ?
 
C’est Girl d’Edna O’Brien, traduit par Aude de Saint-Loup et Pierre-Emmanuel Dauzat, aux éditions Sabine Wespieser. Et ce soir, au pied de la lettre… nous parlerons de nos blessures et de l’infini, de la mort et de la vie, avec la comédienne Irène Jacob pour son livre Big Bang chez Albin Michel et Philippe Forest pour Je reste roi de mes chagrins chez Gallimard.

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