Il a fallu plus de 8000 mètres de difficultés pour que 10 alpinistes népalais touchent leur rêve du doigt. En bravant le froid, le manque d'oxygène, l'inhospitalité, et l'inhumanité d'une telle ascension les dix hommes ont réalisé une prouesse : la première ascencion hivernale du deuxième plus grand sommet du monde. Thierry Lyonnet reçoit Emilie Brouze, l'auteur de "L'Hiver en Himalaya. Le défi ultime." aux éditions Glénat, pour tenter de comprendre ce qui pousse les alpinistes à gravir des sommets en plein hiver à -50°c.
Un projet né d'une fascination
Emilie Brouze et Bérénice Rocfort-Giovanni ne se définissent pas comme "aventureuses" comme leur livre pourrait le laisser entendre. Émilie est née en Haute-Savoie et a toujours aimé randonner dans les chemins sinueux, mais pour elle, gravir des sommets à 8000 mètres en plein hiver, c'est plus une fascination, qu'une envie.
Cet émerveillement des deux auteures a donné naissance à leur livre : "L'hiver en Himalaya. Le défi ultime." "C'est vrai que quand on voit ces gens tenter des choses qui nous paraissent des folies, on se demande : pourquoi ?" explique Émilie Brouze.
"Nombre d'astronautes ayant marché sur la lune : 12, nombre de personnes arrivées au sommet du K2 en hiver : 0."
8000 mètres de difficultés
Surtout à une altitude aussi grande, le problème majeur est le manque d'oxygène notamment à partir de 7500 mètres lorsqu'on entre dans "la zone de la mort". Cela peut avoir des effets très négatifs sur le corps comme causer des hallucinations ou le fameux "MAM", le mal aigu des montagnes.
Quelles motivations poussent les himalayistes ?
Cette pratique des sommets himalayens en hiver a été introduite par les polonais dans les années 80 car "ils n'ont pas pu participer à toutes les grandes conquêtes à partir des années 50 des "8000", donc ils ont voulu trouver une place dans l'histoire" raconte Émilie Brouze. Pour le K2, c'était aussi une motivation des alpinistes : devenir des pionniers en réussissant ce que personne n'a jamais réussi.
Les alpinistes qui gravissent la montagne à la pire saison ont également le désir de se dépasser dans des conditions extrêmes. C'est aussi pour certain une quête de sensation, "il y a un rapport à la mort qui est particulier" pour ces hommes et ces femmes qui prennent des risques importants. "C'est frôler la mort pour donner du sens à la vie" résume l'auteure de "L'Hiver en Himalaya. Le défi ultime" Émilie Brouze.