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"Je ne suis pas seul à être seul" : la solitude douloureuse
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"Je ne suis pas seul à être seul" : la solitude douloureuse

RCF,  -  Modifié le 18 octobre 2019
Aujourd'hui, zoom sur « Je ne suis pas seul à être seul », de Jean-Louis Fournier, publié aux éditions Jean-Claude Lattès

Il y a un monde fou qui souffre de solitude. Non pas cette douce solitude d’une promenade en bord de mer ou d’une lecture qui vous captive. Non : c’est de cette solitude douloureuse dont veut parler l’auteur. Jean-Louis Fournier, c’est cet écrivain réalisateur, complice d’un certain monsieur Cyclope, alias Pierre Desproges pour les plus anciens téléspectateurs. Fournier, c’est aussi l’auteur drôle et délicat de Où on va papa ? récit tendrement mélancolique qui racontait la vie de ses deux fils handicapés. Ce nouveau livre est de la même veine, faisant suite à Veuf, publié en 2011, et racontant les jours désoeuvrés d’un homme qui prend de l’âge et qui se moque de lui-même sans pour autant cacher l’épreuve : « J’ai appelé plusieurs fois SOS solitude. C’est toujours occupé. Je ne dois pas être seul à appeler. Je voudrais tellement qu’on me parle que je suis prêt à appeler l’horloge parlante. »  
 

Une solitude difficile à vivre… que l’humoriste raconte avec une certaine poésie
 

« Le pire, c’est la solitude. J’en viens à aimer les moustiques », dit-il avec humour mais aussi avec une vérité criante. Il surveille ses voisins, qui gardent les volets fermés, désespère de les voir juste un instant, le temps de les saluer. Il dit bonjour aux gens qui passent mais se désole de leur mutisme : « Tout est fermé, les portes, les volets, les visages ». Il avance, se confie, toujours avec une pirouette et des coups de griffe pour moquer notre société : « Bientôt on sera seul dans des taxis sans chauffeur. A qui va-t-on pouvoir raconter nos malheurs ? » Heureusement pour lui, il y a les musées, l’écriture, mais c’est une fois seul qu’on se rend compte de la place vide des proches : « Bientôt, il n’y aura plus sur la terre une personne à qui je puisse demander : « tu te souviens ? ». Je suis condamné à me souvenir seul. »
 

Voilà qui n’est pas très réjouissant, vous n’allez pas nous remonter le moral…

 
Peut-être, mais n’est-ce pas le rôle de la littérature, aussi, de mettre des mots sur le quotidien de nos existences ? De pointer la réalité silencieuse de la vie qui va ? Jean-Louis Fournier, c’est une écriture, un style, bref, incisif, gouailleur et tellement sincère derrière le masque de l’humoriste. Pierre Desproges disait de lui « Jean-Louis est un fou chiffonné, cerné d’angoisses existentielles, pour qui tout allait bien jusqu’à ce jour maudit où il est né. » Je vous assure : on sort de ce livre attendri, en se disant qu’il faut goûter la vie, les moments de solitude et aussi toutes les rencontres qui peuvent nous arriver. Et se dire, comme l’écrivain : « le n’ai pas envie des autres, j’ai besoin des autres. »
 
Je ne suis pas seul à être seul, de Jean-Louis Fournier, est publié chez Jean-Claude Lattès. Et ce soir, au pied de la lettre, deux écrivains dans votre émission :
 
Les relations de famille, justement, avec mes invités, Laurence Nobécourt qui publie Le chagrin des origines chez Albin Michel et Aurore Lachaux, auteur de Complément du non au Mercure de France.
 

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