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"Kiosque", de Jean Rouaud
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"Kiosque", de Jean Rouaud

RCF,  -  Modifié le 23 mai 2019
Christophe Henning a lu pour nous l'ouvrage de Jean Rouaud, "Kiosque" (éd. Grasset). Il nous livre son ressenti et retrace l'histoire de cet auteur pas comme les autres.
Christophe Henning / RCF Christophe Henning / RCF

Souvenez-vous, c’était à l’automne 1990, le plus prestigieux des prix littéraires était attribué à un écrivain débutant, un parfait inconnu du monde littéraire : Jean Rouaud. Son livre – Les champs d’honneur, paru aux éditions de Minuit – a conquis le jury du Goncourt, le public aussi.

Et l’auteur lui-même a séduit tout le monde. Pensez donc, kiosquier rue de Flandre, dans le XIXe arrondissement, c’était tellement romantique, ce marchand de journaux s’imposant dans la République des lettres… Reste que ce n’était pas une partie de plaisir : Jean Rouaud travaillait à mi-temps pour gagner sa croûte et s’adonner pleinement à l’écriture le reste du temps. Ces sept années passées dans son kiosque, c’est le sujet de ce livre…

UN RÉCIT AUTOBIOGRAPHIQUE ET CERTAINEMENT TRÈS LITTÉRAIRE…

 "Kiosque" est le cinquième tome d’un ensemble intitulé "La vie poétique". En effet, puisant dans sa propre existence d’enfant de Loire inférieure monté à Paris, Rouaud raconte ses années de kiosque, dans le froid, les courants d’air, à une époque pas si lointaine où la presse était encore florissante et les lecteurs curieux d’aller chercher leurs journaux au bout de la rue.

Ca donne, on s’en doute, des portraits truculents d’habitués originaux : "tout me revient à mesure que je regagne le temps du kiosque, toute une galerie magnifique, écrit Jean Rouaud. Comme je leur dois à tous. Comme ils m’ont aidé à me concilier le monde, comme ils m’ont appris". Sans doute a-t-il saisi alors qu’écrire, ce n’est pas une abstraction littéraire mais c’est raconter la vie telle qu’elle est, telle qu’elle fut.

On l’aura compris : ces années de kiosquier ont compté, même si elles n’étaient qu’une distraction alimentaire pour le futur écrivain qui rêvait de rejoindre "ce domaine réservé où l’on croise les tourneurs de phrase et les jongleurs du verbe". Avec le Goncourt, ce fut chose faite.

 
C’EST AUSSI L’HISTOIRE D’UN DESTIN, CELUI D’UN ÉCRIVAIN AVANT QU’IL SOIT PUBLIÉ…

 Tout à fait, et aussi l’histoire d’un anonyme qui ne sait pas si son rêve va se réaliser : "Selon toute probabilité, j’étais condamné à mener cette existence à la petite semaine, sans reconnaissance, sans argent, sans autre talent que de savoir sourire et rendre la monnaie, à vie." Avec bientôt une trentaine de livres à son actif, Rouaud forge une œuvre, au ton particulier, à l’écriture sobre en dépit de longues phrases, animé du souci des détails qui font image, témoin d’une époque qui s’effrite : "Les temps étaient en train de basculer".

Il faut encore dire le tendre humour avec lequel il croque les clients du kiosque et son patron, figure comme on en fait plus dans les rues de Paris. Heureusement, ces figures se réfugient dans les pages des romans, c’est un peu cela, "la vie poétique" selon Jean Rouaud. 
 
"Kiosque", de Jean Rouaud, paru aux Éditions Grasset. 

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