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L'adolescence : un sujet d'exploration littéraire
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L'adolescence : un sujet d'exploration littéraire

RCF,  -  Modifié le 17 avril 2020
Comme chaque jeudi, on parle littérature, aujourd'hui Christophe Henning nous présente le premier roman de Victor Jestin, "La Chaleur" paru chez Flammarion
Christophe Henning Christophe Henning

Un jeune auteur de 25 ans, un premier roman, déjà très remarqué, avec le Prix littéraire de la vocation et le prix Femina des lycéens, excusez du peu, qui a emporté tout récemment le « prix Ouest », traditionnellement remis pendant le Printemps du livre de Montaigu qui aurait dû se dérouler début avril, annulé pour cause de covid-19. Mais le jury dont j’ai l’honneur de faire partie a pu se réunir avant le confinement et décerner donc le Prix Ouest à ce jeune écrivain, auteur d’un premier roman époustouflant. Ce n’était pourtant pas gagné, mettant en scène une bande d’adolescents désoeuvrés, passant l’été dans un camping, sujet rebattu en littérature. Mais ici, on est très vite happé par l’histoire de Léonard, 17 ans, racontée à la première personne. On sait ce qui s’est passé dès la première ligne : « Oscar est mort parce que je l’ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d’une balançoire. » Les vacances dans les Landes ne sont pas si insouciantes qu’il n’y paraît. Un camarade meurt sous ses yeux, Léo l’enfouit sous le sable sans trop savoir pourquoi et se demande, tout au long du livre, quand on va retrouver le corps.
 
Un roman policier alors, un crime en bord de mer, une enquête ? Pas tout à fait, plutôt une introspection, l’exploration des zones grises d’une jeunesse facile en apparence, mais en fait tourmentée, inquiète des amours adolescentes, superficielle, oisive et inquiète des lendemains. C’est l’histoire de trois fois rien dans un roman bref, l’histoire d’un gamin paumé, d’un mal être qui se perd dans un camping de bord de mer, mais avec une description au scalpel de sentiments mêlés, exacerbés par la chaleur estivale. Les ados se plaisent, s’ignorent, se séduisent, se séparent, avec une légèreté qui contraste avec les brûlures des sentiments trop vite consumés. Complice ou spectateur impuissant, Léonard se perd dans les sables d’un secret trop lourd. « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans », disait Rimbaud. Mais est-on davantage prêt à aimer, à rire, à vivre heureux ?
 
Un livre à découvrir avant l’été : mais on a le temps de lire en confinement alors j'ai un autre livre à vous proposer aujourd’hui, qui parle aussi d’adolescence… Un bel exercice de littérature en effet : Sébastien Berlendis est prof de philo : un jour de mai, il a proposé à ses élèves d’écrire le souvenir qu’ils souhaiteraient conserver. Deux ans plus tard, il retrouve ces textes et les réécrit à son tour pour en faire de courts récits d’adolescence, bruts, brefs, denses. Les souvenirs précieux sont liés à la famille régulièrement, aux vacances, aux passions, aux premières amours bien sûr, à l’été souvent, à l’amitié, à la vie ensemble, faite de frictions et de séduction, de rêves éveillés. « Je lirai une première fois les textes à voix haute, les écritures se révèleront colorées, de noir, de bleu, de bleu turquoise, de rose ; elles seront encore rondes, tremblantes, ou déjà très assurées ; elles seront fines, raturées, crayonnées, encrées, illisibles parfois… », nous confie l’auteur. Quand je vous disais que l’adolescence est un sujet de prédilection pour la littérature… Allez, vivement l’été.
 

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