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"L’inconnu me dévore" de Xavier Grall
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"L’inconnu me dévore" de Xavier Grall

RCF,  -  Modifié le 3 janvier 2019
Christophe Henning présente un livre paru en 1984 aux éditions des Équateurs.
Fanny Cohen Moreau Fanny Cohen Moreau

2019 commence et je ne peux vous souhaiter que de bonnes lectures. Vous le savez, Stéphanie, pour l’édition, il y a "deux" rentrées par an. La rentrée littéraire d’automne, et la rentrée d’hiver, on attend pas moins de 493 nouveaux romans dans les semaines qui viennent dont le fameux Sérotonine de Michel Houellebecq dont tout le monde parle…

J’ai commencé à lire pour vous cette rentrée d’hiver, mais aujourd’hui, j’avais envie de vous faire découvrir un petit livre oublié, paru en 1984, et que le jeune écrivain Pierre Adrian a exhumé de la bibliothèque paternelle pour le rééditer. L’inconnu me dévore, c’est un livre d’amour que l’auteur adresse à ses cinq filles, qu’il appelle ses "divines". L’inconnu me dévore, c’est le livre d’un journaliste et poète, homme de foi et rebelle, Xavier Grall, mort à 50 ans en 1981. En quelques pages, d’une écriture fine et touchante, l’auteur évoque son enfance corsetée par les curés bretons – c’était avant Vatican II -, il raconte sa découverte de la liberté, de l’audace, de l’aventure, de la nature, il rend la vie vivante…

Un livre écrit il y a presque quarante ans… Toujours actuel ?

Plus que jamais… L’écrivain croyant s’en prend par exemple au cléricalisme – "Méfiez-vous des sacristains, écrit-il. A force de nous sonner les cloches, ils couvrent la forte rumeur des Evangiles". Il ne règle pas des comptes, il nous réveille, un peu comme des vœux adressés en début d’année : "Tout homme peut prétendre à son bol de splendeur, aussi nécessaire que le riz et le pain", écrit-il, lui qui affirme encore : "Je ne suis indifférent à rien. Tout me touche, tout me pénètre". Au fil des pages, on se laisse bousculer par cette voix qui ne donne pas de leçons, mais murmure quelques découvertes d’un homme dévoré de passion et d’amour : "L’espérance est le fruit du chemin, écrit celui qui était considéré comme le "Kerouac" breton : c’est au sein de la nuit que l’on espère le soleil". Le poète n’est pas un idéaliste ni un rêveur : c’est un vivant qui met des mots sur les épreuves de l’existence, la maladie, la mort de son frère… Un livre indémodable.

Un auteur qui a souffert, mort très jeune : que sait-on encore de lui ?

Là encore, il est "moderne" d’une certaine manière : journaliste à Paris, il choisit de rejoindre sa Bretagne pour parler du monde à partir de sa terre. Il a publié une vingtaine d’ouvrages consacrés à la poésie, aux poètes – Rimbaud notamment, à la Bretagne,  où son souvenir est encore vif. A tous, il laisse quelques éclats universels qui nous invitent à ne pas perdre une miette de vie : "J'ai aimé tout ce qu'il était possible d'aimer. J'ai aimé l'amitié, j'ai aimé l'amour. Je les ai aimés aussi sauvagement que la mer aime la rive. Comme le vent aime l'arbre. J'ai aimé les matins et les soirs. Et les arbres. Et les bergeries. Et toutes les demeures humaines plantées dans l'éternel poème de la création. J'ai tout aimé de ce qu'il est possible d'aimer".

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