Du 3 au 19 mars 2018, c'est le Printemps des poètes. "Dans l’ardeur, j’entends la ruade et la belle anagramme qui preÌdit que l’ardeur durera autant que les eÌtoiles." Ainsi Sophie Nauleau, directrice artistique de l'événement, présente-t-elle le thème de cette 20è édition, "L'ardeur". C'est aussi la 10è édition du prix Andrée-Chedid du poème chanté.
Pour un genre qu'on dit éloigné du grand public, une vingtième édition est tout de même le signe d'un succès. Et il n'y a pas que le Printemps des poètes ! "Je pense que ce genre littéraire n'est pas aussi confidentiel qu'on le croit puisqu'il se passe beaucoup de choses même en dehors du mois de mars", constate Thierry Renard, co-fondateur de l'Espace Pandora et responsable littéraire des éditions La Passe du vent.
Et comme le dit la poétesse Hélène Dorion, ce n'est pas parce qu'on n'en parle pas à la télé que la poésie n'est pas populaire ! D'ailleurs elle est bien souvent "la première entrée dans le monde littéraire pour un enfant", comme le remarque Caroline Boidé, auteure avec Vénus Khoury-Ghata de "Kaddish pour l’enfant à naître" (éd. Bruno Doucey).
Certes, la poésie est un genre "à l'abri des modes", nous dit Hélène Dorion, lauréate de nombreux prix littéraires (dont le prix Alain-Grandbois de l’Académie des Lettres du Québec pour "Sans bord, sans bout du monde" en 1996, le prix Aliénor pour "Pierres invisibles" en 1999 ou encore le prix International de Poésie Wallonie-Bruxelles pour l’ensemble de son œuvre, en 1992). Un genre d'une grande diversité, également : il n'y a qu'à lire pour s'en convaincre l'anthologie du 20è Printemps des poètes, "L'Ardeur - ABC poétique du vivre plus" (éd. Bruno Doucey), établie par Thierry Renard et Bruno Doucey.
Certes, on est souvent perturbé par la lecture de certains poèmes qui semblent parfois difficiles à comprendre - voire carrément incompréhensibles ! Mais justement, pour Hélène Dorion, "la poésie déplace l'habitude que l'on a du langage". Et cela ne doit pas nous rebuter car "la poésie n'est pas détachée de la vie, dans nos vies aussi on a des zones d'inconfort et il faut les apprivoiser de la même façon qu'on apprivoise un poème".
Après la poésie africaine, c'est donc le thème de l'ardeur qu'a choisit Sophie Nauleau, inspirée par un vers de Luis de Góngora y Argote (1561-1627) : "Arde le fleuve, arde la mer, fume le monde." "Arder", du latin ardere signifie "brûler", "briller". "Quel plus bel emblème que cet embrasement de l'âme, ce feu sacré de la langue pour célébrer la vitalité du poème ?"
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