Accueil
Murakami : l'auteur se livre sur son métier
Partager

Murakami : l'auteur se livre sur son métier

RCF,  -  Modifié le 13 décembre 2019
Aujourd'hui, on découvre "Profession romancier" de Haruki Murakami, aux éditions Belfond : rentrer dans le temps du silence pour créer.

Mardi, Peter Handke et la Polonaise Olga Tokarczuk recevaient leur prix Nobel de littérature à Stockholm. Ce qui ne fut pas sans remous, compte-tenu des positions pro-serbe de l’écrivain autrichien, mais là n’est pas mon propos aujourd’hui : je voudrais vous parler d’un magnifique auteur japonais souvent cité d’ailleurs comme nobélisable… qui n’a jamais eu donc le Nobel, pas plus que le prix Nakutagawa –l’équivalent de notre Goncourt : « Je n’ai nul titre de ce genre à afficher et je me sens léger, tranquille. Etre juste “Haruki Murakami”, ce n’est pas si mal. Du moins à mes yeux », écrit-il.

Il est vrai qu’avec des millions d’exemplaires vendus, traduit dans une cinquantaine de pays, que peut-il encore manquer à un écrivain mondialement reconnu ?

Bref : voici un romancier hors-pair, plutôt secret, qui, dans un livre plein d’humour et de fausse modestie, accepte de raconter plus de quarante ans de carrière. A commencer par ses tout débuts dans l’écriture. Passionné de baseball, le trentenaire tenancier de boite de jazz regarde le match et confie : « Le bruit de la batte frappant la balle a résonné merveilleusement dans tout le stade. Et c’est à ce moment précisément, qu’une pensée m’a traversé l’esprit : Tiens, et si j’écrivais un roman ? ». Preuve que même la vie d’un écrivain a des côtés romanesques.
 

Un livre sur l’écriture, la littérature, le monde des écrivains et sur le succès aussi…
 
Un récit drôle et instructif sur le métier d’écrivain, tel qu’Haruki Murakami le vit et l’imagine.
Il dit sa confiance en l’avenir du livre, son désintérêt – voire son mépris – pour les mondanités, son travail patient, et son sens de l’observation : « le monde peut paraître ennuyeux mais, en réalité, il est plein de pierres précieuses brutes, fascinantes et énigmatiques. Les écrivains possèdent un œil particulier qui leur permet de découvrir ces merveilles. »

L’écrivain donne encore des conseils aux jeunes auteurs, convaincu que « ce n’est pas si difficile d’écrire un roman », mais que la difficulté c’est de durer : « Le temps est un facteur très important dans le processus d’écriture. C’est le temps du silence, durant lequel on doit laisser pousser en soi les germes du roman, les laisser gonfler. »
 
Ca donne envie, non seulement de suivre ses conseils, mais d’abord de le lire !
 
Et vous auriez raison ! Trois de ces grands romans sont publiés dans une belle édition – digne d’un Nobel. Je ne peux que vous conseiller La course au mouton sauvage, Danse, danse, danse ou encore La fin des temps. Ce qui frappe dans l’écriture de Murakami, c’est cet alliage d’une écriture précise avec une imagination sans limite, une forme de poésie mâtinée de fantastique.

On le suit, on y croit : réaliste, le texte se fait étrange, insolite. Un grand écrivain modeste : « Il y a cependant quelque chose que j’aimerais vous faire comprendre : je suis un homme tout à fait ordinaire. Je suis et je reste un homme normal ». Belle leçon pour les apprentis-écrivains.
 
Profession romancier, d’Haruki Murakami, traduit du japonais par Hélène Morita, paru aux éditions Belfond, comme l’ensemble de son œuvre. Et ce soir, au pied de la lettre, Christophe, qui sont vos invités ?
 
A la poursuite d’écrivains encore avec Bernard Chambaz Un autre Eden et le fantôme de Jack London au Seuil, et Emmanuelle Lambert pour Giono Furioso chez Stock.

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

  • Ce don ne me coûte que 0.00 € après déduction fiscale

  • 80

    Ce don ne me coûte que 27.20 € après déduction fiscale

  • 100

    Ce don ne me coûte que 34.00 € après déduction fiscale

Faire un don