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"Paul, une amitié" de Bruno Le Maire
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"Paul, une amitié" de Bruno Le Maire

RCF,  -  Modifié le 17 janvier 2019
Christophe Henning présente un livre qui vient de sortir.
Bruno Le Maire Bruno Le Maire

Christophe Henning, vous nous présentez « Paul, une amitié », un récit de Bruno Le Maire, paru aux éditions Gallimard.
 
Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, est aussi écrivain. Eh oui, sa lourdes charges gouvernementale ne l’empêche pas d’écrire, profitant des rares heures de vie privée pour jeter sur le papier ce qui fait l’essentiel de son existence. Et ce qui compte, ces derniers mois, c’est la maladie et l’agonie de son ami Paul, victime d’une tumeur au cerveau. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais savoir qu’un ministre est capable de prendre une heure pour aller au chevet d’un ami, c’est plutôt rassurant. Qu’un homme public puisse raconter ses peurs et ses larmes nous renvoie à l’essentiel, la vie, la souffrance, la perte, la mort. Et cela dit aussi la puissance de la littérature – pour celui qui écrit, pour ceux qui lisent aussi – car, finalement, c’est par l’écriture que la mort de l’ami est célébrée : "Il vit quelque chose que je ne peux pas vivre t même pas partager pour le soulager. En réalité il n’y a pas de soulagement possible, sinon être là, assis auprès de Paul sous la fenêtre qui ruisselle à nouveau de pluie, à l’écouter". 

Vous me direz, chère Stéphanie, que peuvent bien avoir à se dire un malade et un ministre ? Les deux hommes parlent de politique, Bruno Le Maire mentionne ses déplacements – nombreux –, ce temps passé entre deux avions, les enjeux, les négociations internationales, et ce besoin d’approcher au plus près de ce qu’est l’expérience humaine de la souffrance, face à laquelle même un puissant est démuni. Face à l’ami, qui perd ses capacités physiques, qui sait qu’il va bientôt s’éteindre, il n’y a rien à dire : "Un homme qui meurt est toujours le premier à mourir".

Les deux amis parlent politique, musique, économie, des heures précieuses qui s’écoulent sans enrayer la maladie mais en offrant à chacun ces instants intenses : "ce qui compte, dit Paul, la mémoire et l’esprit des choses". Quelques mois après la mort de l’ami, le ministre est saisi, lors d’un déplacement en Argentin par cette évidence : "Elle était là, la mort de Paul, parmi les arbres taillés du jardin japonais de Buenos Aires qu’un souffle de vent faisait frémir. A Buenos Aires, Paul m’invita à raconter sa disparition".

L’écriture de ce récit s’est imposée à l’auteur, et la littérature fait œuvre de mémoire. Plus encore, elle s’expose au mystère, à l’incommunicable : "je ne partage rien de la maladie de Paul et je ne peux rien contre la solitude de Paul. La maladie a déjà emporté Paul loin de tout ce que ses amis et sa famille peuvent comprendre et vivre".

Cette amitié brutalement interrompue par la mort n’aura duré que peu d’années, mais elle a permis une vraie confrontation entre deux hommes qui s’admiraient sans être forcément d’accord : "Seuls comptent les amis qui vous déplacent. Ceux qui vous confortent dans vos certitudes ne sont pas de véritables amis, ceux qui vous déplacent ailleurs sont les véritables amis". Un texte sobre, une hymne à l’amitié, une confession pudique… Un hommage fraternel et reconnaissant, confie monsieur le ministre pour "les heures les plus honnêtes de ma vie, parce que les plus dépouillées".
 
« Paul, une amitié », de Bruno Le Maire, publié chez Gallimard

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