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Terres promises, de Milena Agus
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Terres promises, de Milena Agus

RCF,  -  Modifié le 7 juin 2018
Christophe Henning nous présente « Terres promises », l'histoire d'un déracinement et d'une quête vers des terres intérieures.

Ils quittent le sud et remontent vers le nord. Tous leurs espoirs sont dans ce déracinement, ils marchent vers la terre promise et migrent pour fuir la misère… Non, je ne vous parle pas de la crise migratoire qui fait l’actualité : les héros du roman de Milena Agus ne sont pas érythréens ou tunisiens, mais sardes. Ils quittent leur île dans les années 1950 pour tenter leur chance à Gênes et Milan… Mais la richesse ne sourit pas forcément aux audacieux dans cette Italie hier comme aujourd’hui coupée en deux entre le Nord prospère et le Sud défavorisé. Quand Felicita se rend compte qu’elle « n’était rien, ni sarde, ni continentale. Une sans terre », il reste encore la possibilité de renouer avec ses racines, retrouver la Sardaigne, la terre des ancêtres. C’est la deuxième partie du livre…
 
Revenir au passé, c’est un peu abandonner ses rêves… Mais on ne revient pas en arrière, car « la terre promise est un endroit où l’on se métamorphose », affirme l’un des personnages. Et la vie continue : tout n’est pas figé dans ce village de Sardaigne où les destins se croisent. Les générations se succèdent, la romancière italienne nous entraîne dans un tourbillon, les êtres se cherchent, et peut-être qu’ils ne sont pas habités par les même rêves : la terre promise est à portée de main, trop personnelle pour être partagée. Il faut, un jour, se risquer dans cette quête immobile, et découvrir ses terres intérieures… Les personnages n’en sortent pas toujours indemnes, s’inquiète l’héroïne : « Il doit bien y avoir des personnes maltraitées par la vie dont le cœur reste tendre. Ou cela n’arrive-t-il qu’aux saints ? »
 
Italienne, Milena Agus est aussi née en Sardaigne. Elle s’inspire de sa propre existence, et Felicita, l’héroïne, lui ressemble comme une sœur jumelle. Mais une vie passée au tamis de l’écriture. Et j’aime bien le style elliptique de Milena Agus qui parcourt à grands enjambées le temps pour rejoindre chacun des personnages à des moments charnières. L’audace vient bousculer le réel, ce qui explique l’écriture brûlante, l’urgence qui laisse l’impression parfois de flashes, de scènes denses et d’une sorte d’espoir fou qui habite les destins. « Nous venons au monde comme si c’était une terre promise »… mais tout reste à faire. Un roman âpre, lumineux, traversé d’un souffle fiévreux. C’est puissant, comme on dit maintenant.

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