« Une famille », de Pascale Kramer

Je vous appelle de mes vacances, et pendant les vacances, je ne sais pas pour vous, mais moi je lis les livres mis de côté, ceux que j’ai envie de lire depuis quelque temps, notamment les livres qu’on a pu me conseiller : rien de tel qu’un roman dont on vous a dit du bien. Et je remercie l’amie qui m’a suggéré de mettre dans ma valise « Une famille », onzième roman de Pascale Kramer. Le titre est explicite : il s’agit de l’histoire d’une famille, qui pourrait être le récit de bien des familles. Ce n’est pas une saga, mais un instantané, au moment de la naissance de Jeanne. Autour de la petite, se retrouve ses parents, Lou et Jean-Baptiste, mais aussi les grands-parents Danielle et Olivier, la tante Mathilde, l’oncle Edouard… Bien sûr, chacun se réjouit, mais Jeanne nouveau née s’inscrit dans une histoire familiale où la place de chacun n’est pas forcément évidente…
 
Romain est le fils d’une première union de la grand-mère Danielle – vous me suivez ? – qui est un peu l’enfant terrible, le fils prodigue, l’oiseau tombé du nid, et qui est d’ailleurs tombé bien bas. C'est un grand absent, qu'on ne voit pas mais dont tout le monde parle. Toute la famille a subi les frasques de l’aîné marginalisé, qu’il a fallu tirer de l’enfer de l’alcool… Bref : voilà qu’au moment de la naissance de Jeanne, la disparition de Romain plonge toute la famille dans le désarroi. Face à l’adversité, les caractères se révèlent, les impatiences s’expriment, le sentiment de culpabilité et d’impuissance resurgit…
 
Là où le livre est original, c’est qu’il nous fait revivre ces mêmes heures selon les différents personnages. Et vous vous en doutez, la version des uns et les autres ne nous raconte pas tout à fait la même histoire… Et les grands-parents qui connaissent  - et pour cause - l’itinéraire de chacun ne sont pas forcément les mieux placés pour comprendre leurs enfants et petits-enfants qui leur échappent. Sous la plume de la romancière, les liens entre frères et sœurs prennent toute leur intensité. On se perd parfois dans l’enchaînement des aller-retour chronologiques, mais cette famille comme les autres nous montre combien les moindres détails prennent de l’importance dans le récit d’une fratrie. C’est ce qui en fait le sel des histoires qu’on se raconte de génération en génération !