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La symphonie du cinéma Sergio Leone 2/2
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La symphonie du cinéma Sergio Leone 2/2

Un article rédigé par Fabien Genest Natio - RCF,  -  Modifié le 17 juillet 2023
Aujourd’hui dans La Symphonie du cinéma, seconde partie du portrait sonore consacré par Fabien Genest à Sergio Leone. Après les débuts et la naissance du western spaghetti, cette semaine il était une fois l’histoire d’une nation.
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Sergio Leone en 1984 sur le tournage d'Il était une fois en Amérique avec Jennifer Connelly
© Warner Bros

Nous poursuivons notre voyage dans le cinéma de Sergio Leone, immense réalisateur, né à Rome en Italie en 1929 et disparu, également à Rome, le 30 avril 1989, auquel la Cinémathèque française de Paris a eu la bonne idée de consacrer à la fois une rétrospective et une exposition très réussie qui s’achève à la fin de ce mois de janvier.
 


Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l'Ouest (1968) © Paramount CIC

Le thème principal d’Il était une fois dans l’Ouest, signé Ennio Morricone, évidemment, est l’alliance parfaite de ce que peut être une musique marquante au cinéma.
A savoir : une trame harmonique puissante, palpable, que l’on peut visualiser, des instruments au service des images qui font partie intégrante de l’histoire et ici sur ce morceau la voix lancinante d’Edda dell’Orso, souvent utilisée au cours de sa carrière par Ennio Morricone, qui apporte un supplément d’âme évident. Bref, d’emblée, le spectateur se retrouve plongé en cette année 1968 dans l’histoire de cette fresque fascinante de l’Amérique du milieu du XIXe siècle… qui annonçait, après la trilogie du dollar que nous avons évoquée la semaine dernière, une seconde trilogie, celle d’un pays : les Etats-Unis.
Leone-Morricone, deux noms qui parlent à l’imaginaire et des musiques hissées au rang des plus grands classiques du cinéma. Deux enfants du Trastevere de Rome, aussi, où ils se croisent pour la première fois en 1937 sur les bancs de l’école élémentaire.
"C’est plus qu’un couple, c’est comme une sorte de mariage involontaire", confiait Sergio Leone au sujet de son duo avec Ennio Morricone en février 1989, au micro de France Culture, deux mois avant  sa disparition. Selon la légende, Leone lui aurait demandé de réécrire ses partitions vingt fois avant de se déclarer satisfait. La musique était jouée sur le plateau durant le tournage afin de mieux imprégner les acteurs.


Charles Bronson, l'homme aÌ€ l'harmonica dans Il était une fois dans l'Ouest © Paramount CIC

Le duel (Man with an harmonica) entre Charles Bronson et Henry Fonda est l’une des scènes les plus mythiques de l’histoire du cinéma où les regards plein cadre, les silences, le soleil, tout est magnifié dans ce face à face de plus de 8 minutes haletant au possible et terriblement efficace.
Dans Il était une fois dans l’Ouest, chacun des quatre thèmes principaux est joué à l'apparition d'un personnage. L'harmonica désaccordé pour Charles Bronson, une séquence grinçante à base de cordes puis s'étendant à tout un orchestre pour Henry Fonda, et une phrase très séquencée pour Cheyenne joué par Jason Robards. Pour Jill, incarnée par la gracile Claudia Cardinale, un ragtime ou mélodie romantique accompagnent son image à l’écran dans une symbiose parfaite.
Changement de tonalité mais pas d’ambiance.
Nous sommes désormais en 1971 lorsque sort Giu la testa, dans son titre original en italien, et ses fameux « Sean, Sean », présents dans les cœurs de la musique d’ouverture d’Il était une fois la révolution. Encore une fois, comme pour Il était une fois dans l’Ouest, Morricone a fait appel à la voix magnétique de sa compatriote, Edda dell’Orso.
Il était une fois la révolution, c’est ni plus ni moins que le deuxième volet d’une trilogie qui se conclura 13 ans plus tard avec Il était une fois en Amérique.
Après le temps de la Conquête de l’Ouest, Sergio Leone situe l’action de son film au Mexique à la veille du premier conflit mondial.


James Coburn et Rod Steiger dans Il était une fois la révolution (1971) © Giuseppe Ruzzolini / United Artists

Scherzi a parte est extrait de la bande originale de Giu la testa. Le film met en scène un pilleur de diligences, joué par Rod Steiger, et un Irlandais, membre de l’IRA en fuite, spécialiste en explosifs, auquel James Coburn prête ses traits.
Ces deux-là vont échafauder le projet de braquer une banque qui se révélera plus riche en prisonniers politiques qu’en lingots d’or. Ils vont alors se retrouver, bien malgré eux, plongés en plein cœur de la tourmente et de la révolution mexicaine…
C’est Peter Bogdanovich qui devait initialement réaliser Il était une fois la révolution, que Sergio Leone s'était juré de seulement produire. Si Sam Peckinpah fut un instant envisagé, mais boudé par la United Artists, ce sont les comédiens, James Coburn et Rod Steiger, qui ont finalement persuadeé Leone de le tourner. Grand admirateur de John Ford, Sergio Leone rend hommage dans le film au légendaire cinéaste américain, celui de La Chevauchée fantastique et de La Prisonnière du désert en baptisant le personnage interprété par James Coburn du prénom de Sean, on y revient, en référence au prénom véritable de John Ford, qui était d'origine irlandaise.

L’Homme tranquille (The Quiet man), de John Ford, remporte deux Oscars en 1952. Le film conte l’histoire d’un boxeur joué par son acteur fétiche,  John Wayne, qui décide de quitter l’Amérique pour revoir son Irlande natale et qui tombera amoureux de Maureen O’Hara, la sœur de son ennemi. Un grand succès des années 50 et une transition toute trouvée pour évoquer à présent le dernier chef d’œuvre de Sergio Leone .
Il était une fois en Amérique sort en 1984, accompagné d’une attente importante.
Le cinéaste n’a plus tourné depuis plus de dix ans et promet une fresque grandiose de l’adaptation du roman d’Harry Grey, The Hoods, et elle le sera.


Ils étaient quatre, unis comme les doigts de la main. Il était une fois en Amérique (1984) © Warner Bros

Il était une fois en Amérique évoque à travers le parcours de Noodles, petit voyou du ghetto juif de New York qu’incarne Robert De Niro, et de trois de ses camarades, 40 ans de l’histoire de l’Amérique.
Amitié, loyauté et trahison sont ici encore une fois au cœur de cette œuvre fleuve de plus de 3h45, mais réduite à 2 h pour les Etats-Unis.

"Pour Il était une fois en Amérique, j’ai obligé Ennio à placer Amapola, une vieille chanson américaine et je lui ai encore fait composer la musique avant de faire le film", ainsi parle Sergio Leone. Et qu’importe si le film fut un désastre financier et un échec commercial.
Le temps aura donné raison au génie de Sergio Leone, qui, malgré tant de chefs d’œuvre ne reçut jamais d’Oscar de son vivant à Hollywood, ni même ne fut nominé.    

 
La minute Judy Garland
Cette semaine, je vous invite à écouter C’est ça le rugby, une chanson humoristique à la gloire du ballon ovale, interprétée en 1970 par les inimittables Frères Jacques.  Un titre de saison alors que la France affrontera le Pays de Galles le 1er février au stade de France, pour l’ouverture du tournoi des VI-Nations…

Quelques conseils pour prolonger cette émission :
Et tout d’abord Ennio Morricone, ma musique, ma vie, un livre qui vient de paraître en fin d’année aux éditions Séguier. Des entretiens recueillis par le jeune compositeur italien Alessandro De Rosa. Trois années de rencontres et de discussions passionnantes sur la vie et l’œuvre du Maestro. Et puis un autre livre indispensable : La Révolution Sergio Leone (aux éditions de la Table ronde), le catalogue de l’exposition à voir encore pour qq jours à la Cinémathèque de Paris. Je ne saurais que trop vous recommander, aussi, de voir ou revoir tous les films cités dans cette émission, ainsi que leurs compléments sonores.

Play list des morceaux diffusés :
Once upon a time in the West, main theme, Ennio Morricone
Farewell to Cheyenne, from Once upon a time in the West, Ennio Morricone
Man with an harmonica, from Once upon a time in the West, Ennio Morricone
Giu la testa, main theme from Il était une fois la révolution, Ennio Morricone
Scherzi a parte, from Il était une fois la révolution, Ennio Morricone
Dopo l’esplosione, from Il était une fois la révolution, Ennio Morricone
The Quiet Man, main theme, Victor Young
Poverty, from One upon a time in America, Ennio Morricone
Amapola part. II, from One upon a time in America, Ennio Morricone
Cockeye’s song, from One upon a time in America, Ennio Morricone
C’est ça le rugby, Les Frères Jacques
Friends, from One upon a time in America, Ennio Morricone
 

 

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