Tous les sept ans, il est prévu une révision de la loi de bioéthique. L'actuelle date de 2011 : le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) prévoit sa révision pour la fin de l'année 2018. Mais avant cela, il organise une période de débats publics dès janvier 2018, les États généraux de la bioéthique. Débats que l'on peut suivre et auxquels chacun peut contribuer via le site internet dédié.
GRAND DÉBAT - MERCREDI 18 AVRIL 2018 À 20H45 - Le diocèse de Lyon, RCF, RCF Lyon et l'Université catholique de Lyon (UCLy), avec l'Espace de réflexion éthique de la région Auvergne Rhône-Alpes, vous proposent une soirée exceptionnelle. Dans le cadre des États généraux de la bioéthique, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, reçoit Mgr Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe de travail de la Conférence des évêques de France sur la bioéthique, participera à un débat public avec des professionnels de la médecine et des spécialistes du soin. Une soirée animée par Étienne Pépin, en présence du Père Thierry Magnin, recteur de l'UCLy.
PODCAST / RÉÉCOUTE ► L'Église face aux questions de bioéthique
Bioéthique, Les fiches de l'Église catholique de France
Dans un communiqué du 16 février 2018, la Conférence des évêques de France (CEF) annonce l'ouverture d'un nouvel espace sur son site Église et bioéthique et la publication de fiches rédigées par le groupe de travail "Église et bioéthique".
Don d'organes, diagnostic prénatal, PMA / GPA, utilisation des biotechnologies, fin de vie, recherche sur l'embryon humain... Autant de sujets débattus lors des États généraux de la bioéthique et qui font l'objet de fiches. Chacune propose un état des lieux scientifique et juridique - ce que dit la science, ce que dit la loi - suivi d'un résumé des questions que cela pose, éclairé par une synthèse rappelant les enjeux éthiques. L'Église catholique veut ainsi "permettre aux catholiques et à toute personne de bonne volonté d’exercer pleinement leur mission de citoyen en participant au débat pour le bien de tous les Français".
Bioéthique, de quoi parle-t-on ?
"La bioéthique concerne la médecine et la recherche utilisant des parties du corps humain. Elle vise à définir les limites de l’intervention de la médecine sur le corps humain en garantissant le respect de la dignité de la personne et a pour objectif d’éviter toute forme d’exploitation dérivée de la médecine (trafic d’organes, clonage humain…)." (Source : Vie publique.fr)
Parler de bioéthique au XXIè siècle
Aujourd'hui, les progrès de la science sont tels que le champ de la réflexion sur le respect du corps humain et de la dignité humaine est vaste. Les débats lors des États généraux de la bioéthique couvrent aussi bien la procréation (PMA, GPA...) que la recherche sur l'embryon, le don d'organe, les données de santé et le respect de la vie privée, l'intelligence artificielle, la fin de vie... jusqu'à la relation entre santé et environnement.
Lois de Bioéthique et enjeux démocratiques
L'un des enjeux de la révision de la loi de bioéthique est justement l'aspect démocratique. Comment le débat d'experts peut-il rejoindre le plus grand nombre ? Les citoyens sont-ils assez informés des progrès de la science pour contribuer au débat ? Comment susciter l'intérêt de chacun sur des aspects éthiques et philosophiques qui impliquent de penser l'homme et son environnement ? Selon les derniers sondages, 60 % des Français sont favorables à la PMA pour les couples de femmes. Est-ce à dire que tous ont réfléchi aux enjeux du débat ?
Penser le progrès
Ces questions éminemment techniques rejoignent pourtant le plus intime de nos existences. Et les progrès de la science offrent souvent des réponses à des situations de souffrance. Une personne handicapée physique pourra par exemple envisager de marcher, une personne atteinte d'une maladie incurable peut guérir grâce à la thérapie cellulaire, un couple qui souffre d'infertilité peut envisager différentes façons d'avoir un ou plusieurs enfants, une personne seule peut décider de procréer...
Qu'est-ce qui est de l'ordre du progrès et qu'est-ce qui nuit à l'homme ? La procréation médicalement assistée au risque de l'eugénisme, le droit à mourir dans la dignité au risque du suicide assisté... comment fixer des limites ? Peut-on sans risque pour l'humain prélever des cellules souches sur des embryons ?
Les chrétiens et la bioéthique, à l'heure de l'écologie intégrale
"Tout en encourageant les progrès des sciences biomédicales qui ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques, l’Église nous invite à un discernement." Sur les questions bioéthiques, les Églises chrétiennes manifestent leur volonté de faire entendre leur(s) voix. L'Église catholique en France publie sur son site un dossier Science et Ethique (où on peut consulter de nombreux textes de références).
Avec son encyclique Laudato Si', le pape François apporte de précieux éléments de réflexion, notamment en lien avec la bioéthique. Il invite en effet à une écologie intégrale, où le respect de l'environnement et de l'homme sont étroitement liés. Un texte qui rejoint le corpus particulièrement dense que l'on appelle la Doctrine sociale de l'Église catholique (DSE), et qui offre une vision exhaustive de l'anthropologie chrétienne.
Quelques outils pour se faire un avis...
• Parmi les voix appelant à la prudence en matière de bioéthique, certaines dénoncent les enjeux économiques et la pression financière. Ils pointent par exemple du doigt les profits (et abus) que permettent à la Gestation pour autrui (GPA) et la spéculation sur le corps de la femme.
• D'autres dénoncent une tentation de l'homme-Dieu et les menaces en germe dans la volonté de toute-puissance chez les tenants d'une médecine sans limites éthiques. On pense à la fin de vie et au suicide assisté - sans parler du rêve d'immortalité carressé par certains transhumanistes...
• Au nom du principe de précaution, certains avancent la part d'incertitude et les risques encourus de certaines pratiques. Et parce qu'un grand nombre de ces questions de bioéthique ont des aspects irréversibles, il est essentiel de penser le monde tel qu'on le laissera aux générations futures.
• Dans le cas de la procréation, enfin, il sera nécessaire de penser non seulement le droit à l'enfant, mais le droit de l'enfant - notamment à connaître ou non ses géniteurs, par exemple.