3 questions à Eric Heyer
Les conclusions de l’OFCE sont les suivantes. Si les mesures pour les ménages n’auront quasiment aucun effet sur leur pouvoir d’achat cette année, elles permettront une augmentation générale du niveau de vie en 2019, à hauteur de six milliard d’euros. Toutefois, que ce soit en 2018 ou en 2019, les principaux bénéficiaires seront les ménages les plus aisés qui devraient notamment profiter pleinement des réformes sur la fiscalité du patrimoine mobilier.
D’une manière globale, qui sont les gagnants de cette loi de finance 2018, et pour quelles raisons ?
"Si on devait dresser le portrait type du gagnant, ce serait un cadre du secteur privé qui aurait un patrimoine mobilier plutôt qu’immobilier, qui ne fumerait pas, et qui vivrait plutôt dans les grandes villes pour ne pas utiliser sa voiture. Ensuite on peut considérer que pour le gros de la classe moyenne, ce budget est neutre. On voit bien qu’il y a des grands gagnants, parmi les 1 à 2 % des ménages les plus aisés" explique Eric Heyer, économiste, auteur de l’étude de l’OFCE.
A contrario, qui sont les grands perdants de ce budget et peuvent-il espérer du mieux dans les années à venir ?
"Pour l’instant, les perdants, si on retire les fumeurs ou les automobilistes, ce seraient globalement les retraités et la classe moyenne supérieure. Ils vont subir une augmentation de la fiscalité indirecte et ne bénéficieront pas des baisses d’impôts sur le capital ni sur la taxe d’habitation. On peut aussi voir dans le bas de l’échelle, des perdants. Car s’il y a une revalorisation de certains minimas sociaux, il y a une fiscalité indirecte qui pèse plus sur les ménages modestes que sur les ménages aisés. Pour cette catégorie-là, on a l’impression que l’année 2018 sera la plus mauvaise des années, car il y a un certain nombre de décisions qui vont monter en charge en 2019" ajoute Eric Heyer.
Le gouvernement affirme que si l’on favorise une politique qui crée plus de richesses, cela va créer plus de croissance et donc plus d’emplois. Et au final réduire les inégalités. Au regard des mesures prises et des réformes en cours ou envisagées, est-ce-que cette logique tient la route ?
"Rien n’est moins sûr. Quand vous baissez la fiscalité du capital, est-ce-que vous assurez que les ménages qui vont bénéficier de cette baisse d’imposition vont investir dans des entreprises françaises ? C’est vraiment un pari. Et nous verrons dans deux ou trois ans ce que nous aurons comme retour d’expérience" conclut-il.
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