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Alstom, Siemens, l'Europe et la Chine
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Alstom, Siemens, l'Europe et la Chine

RCF,  -  Modifié le 8 février 2019
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La Commission européenne a opposé un veto au projet de création d’un champion européen du ferroviaire à travers l’acquisition du Français Alstom par l’Allemand Siemens.  Pourtant, cette fusion avait le soutien de la France et de l’Allemagne… Qu’est-ce qui est en jeu derrière cette affaire ?

Ce qui est en jeu, c’est la réponse à apporter par l’Europe à la montée économique de la Chine.

Pour la Commission, "la concentration entre Siemens et Alstom aurait entraîné une hausse des prix pour les systèmes de signalisation et pour les futures générations de trains à très grande vitesse". Elle vise à protéger des clients (type SNCF), des concurrents, des consommateurs. Heureusement que le droit de la concurrence existe : il joue plutôt comme un stimulant. Mais l’Europe dont nous avons besoin est-elle d’abord une Europe des consommateurs, ou une Europe des citoyens européens qui veulent avoir un avenir sur nos territoires dans le monde qui vient ?

En réalité, ce n’est pas la Commission européenne qui est en cause, mais l’absence de stratégie industrielle européenne claire : les consommateurs ne peuvent-ils pas payer un peu plus si cela se traduit par une puissance industrielle européenne pourvoyeuse d’emplois sur nos territoires et dans le monde ?

Une évolution du droit de la concurrence est-elle envisageable dans le contexte actuel?

Le contexte a profondément changé. Le marché pertinent aujourd’hui n’est-il pas le monde, non l’Europe ? L’horizon de temps ne devrait-il pas être la vue longue ? Le chinois CRCC, leader mondial du ferroviaire, n’est pas encore très présent en Europe ; il y viendra. Et s’il conquiert le monde entier, nous Européens séparés entre Français d’un côté, Allemands de l’autre ne pèseront pas lourds. La Chine et son plan Made in China 2050 veut le leadership mondial de l’innovation. Nos rivaux s’appuient sur des subventions massives, une politique industrielle agressive, une protection sur leur marché domestique. Et puis, il y a eu une prise de conscience en Allemagne, avec le rachat du leader de la robotique, Kuka, par des Chinois. Des secteurs comme la défense et l’énergie, mais aussi les producteurs automobiles, Siemens ou même Deutsche Bank sont considérés comme stratégiques.

La concurrence n’est pas une fin en soi, elle doit être mise au service d’une stratégie industrielle européenne. Il en va de l’indépendance stratégique de l’Europe. Construisons-là !  

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