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Ambiance glacée chez Renault
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Ambiance glacée chez Renault

RCF,  -  Modifié le 22 novembre 2018
Chaque jeudi Vincent de Féligonde vous propose une chronique sur l'actualité économique.
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L’ambiance était aussi glaciale que la météo ces derniers jours chez Renault, après l’arrestation au Japon de leur PDG, Carlos Ghosn, accusé de malversations. Les salariés sont inquiets pour l’avenir de l’alliance Renault Nissan.

Oui, Renault Nissan, c’était l’un des rares exemples de mariage réussi dans l’industrie automobile, qui n’en a pourtant pas manqué. Car l’automobile, c’est un monde. Un monde de techniciens et d’ingénieur amoureux du produit : la voiture. Les cultures d’entreprises sont très fortes. Il est difficile de les mêler, surtout à l’international.
 
Qu’est ce qui explique la réussite de Renault-Nissan ?
 
D’abord les conditions de sa naissance, en 1999. Nissan était alors au bord de la faillite. Et Renault, qui a alors pris une participation dans le groupe pour le sauver, n’est pas arrivé en vainqueur. Le patron de l’époque, Louis Schweitzer, était marqué par l’échec du projet de mariage avec le suédois Volvo, abandonné six ans plutôt, en raison de l’attitude arrogante des Français. Louis Schweitzer a eu l’intelligence d’envoyer au Japon son numéro deux, un homme polyglotte au profil international puisqu’il était lui-même franco-libano-brésilien : Carlos Ghosn.
 
Qu’a-t-il fait ?

En deux ans, il a fermé cinq usines et changé du tout au tout les méthodes de travail. Avec succès. Si bien qu’il est devenu une véritable star au pays du soleil levant, traditionnellement très réservé, particulièrement à l’égard des étrangers. En 2001, est même paru un manga, une bande dessinée japonaise, racontant son histoire : naissance au Brésil, enfance au Liban, scolarité et études supérieures en France, carrière chez Michelin puis Renault.

Et ça a marché.

Oui, en 2005, Carlos Ghosn a remplacé Louis Schweitzer à la tête de Renault et imposé aux deux groupes de travailler ensemble. Il passait un tiers de son temps en France, un tiers au Japon, et le dernier tiers à voyager dans le reste du monde. L’Alliance a su intégrer les constructeurs roumain Dacia et russe, Avtovaz, rachetés par le Français, avant de s’élargir en 2016 au japonais Mitsubishi, via une participation de Nissan. Si bien que l’an dernier, Renault-Nissan s’est hissé au premier rang mondial de l’industrie automobile devant l’allemand Volkswagen, le japonais Toyota et l’américain General Motors.

Tout le monde était content…

Oui et non. En vingt ans, Nissan s’est deux fois plus développé que Renault, du fait notamment de sa présence en Chine, où le Français était absent. Et les Japonais ont commencé à réclamer plus de pouvoir, tandis que Carlos Ghosn préparait une fusion, qui aurait définitivement acté la prééminence des Français, puisque Renault détient 43% de Nissan, quand ce dernier ne possède que 15% de son capital.

Est-ce à dire que l’affaire Ghosn est un coup monté ?

Non. Les faits qui lui sont reprochés sont sans doute réels. C’est ce qui explique que le gouvernement français ne l’a pas soutenu. Le but de Paris était avant tout de sauver l’alliance.

Sera-ce possible ?

Les observateurs sont partagés. Les deux groupes ont développé des plateformes communes, une base technique sur laquelle sont assemblés des véhicules d’aspect différent, mais partageant les même éléments mécaniques, y compris les moteurs. Cela a permis de dégager près de 6 milliards d’euros de synergies l’an dernier. Renoncer à cela pourrait être suicidaire. Mais il faudra sans doute accepter que les Français abandonnent un peu de pouvoir.

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