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Anne Ratier: l’interdiction du meurtre est fondatrice
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Anne Ratier: l’interdiction du meurtre est fondatrice

RCF,  -  Modifié le 30 juin 2020
Anne Ratier a tué son fils de trois ans, polyhandicapé. Cela s’est passé il y a plus de trente ans, mais elle vient d’écrire un livre dans lequel elle explique son geste.
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Et la promotion de ce livre par certains médias a suscité de vives réactions. "Quand une personne tue une autre personne qui se trouve être handicapée, ce n’est pas un acte d’amour émouvant, c’est un meurtre". Ce cri de colère, est poussé par Elisa Rojas, à l’occasion de la promotion du livre d’Anne Ratier "J’ai offert la mort à mon fils". Cette mère y déclare avoir volontairement empoisonné son fils handicapé à l’âge de trois ans. Elisa Rojas rappelle que si préméditation il y a, c’est un assassinat, et la vulnérabilité de la victime, son âge, son handicap, sont des circonstances aggravantes.
 

Qui est cette femme, Elisa Rojas ?

Elle est avocate. Elle est aussi elle-même une personne handicapée, qui plaide du haut de son fauteuil roulant. Le mauvais traitement réservé aux personnes handicapées dans notre société est son combat : elle a cofondé le Collectif Lutte et Handicaps pour l’Égalité et l’Émancipation. Dans la colère que l’on devine dans ses propos, ce n’est pas tant à la mère qu’elle s’en prend, qu’au journaliste Hugo Clément qui interviewe cette femme sur le site Konbini.
 

Que lui reproche-t-elle exactement ?

Il lui offre ainsi une tribune de la façon la plus complaisante, sans aucun recul, ni réflexion d’aucune sorte, comme s’il pouvait s’agir d’un débat parmi d’autre : "Tuer son enfant est-il un droit ?". Effrayant ! Pour l’avocate, si Hugo Clément prétend que la discussion est permise, c’est parce qu’il connait la tendance eugéniste de notre société : la vie d’une personne handicapée très dépendante n’a pas de valeur, la mort est préférable au handicap, autant d’à priori lancés surtout par des personnes valides.

Elisa Rojas reproche ainsi à Hugo Clément et Konbini d’alimenter cette théorie développée de sinistre mémoire sous le IIIème Reich, sous le qualificatif de "mort miséricordieuse". Et l’avocate de conclure : "Oui, mais voilà, nous sommes en 2019. Nous n’avons pas à passer notre chemin quand il s’agit de nos vies, nous ne sommes plus obligés de supporter l’ignominie et le déversement de haine encouragés par des médias irresponsables sans rien dire".

"La complaisance médiatique est un problème éthique" déclare en écho dans Figarovox le philosophe Damien Le Gay. Il déplore l’instrumentalisation émotionnelle de situations particulières dramatiques par des médias qui n’ont d’autre objet que de faire progresser ainsi, sans aucune réflexion possible, l’eugénisme et l’euthanasie. Elisa Rojas nous y fait réfléchir clairement, elle, refusant de se laisser guider par l’émotion. Sa référence, c’est l’interdiction du meurtre dans le code pénal. Un interdit fondateur !
 

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