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Assurance-chômage: les négociations reprennent
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Assurance-chômage: les négociations reprennent

RCF,  -  Modifié le 1 février 2019
Vincent de Féligonde vous propose sa chronique sur l'économie.
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Patronat et syndicats devaient en principe se retrouver aujourd’hui pour poursuivre leur négociation sur l’avenir de l’assurance chômage. Ce ne sera pas le cas.
 
Non, Stéphanie. Et ce n’est pas la neige tombée ces derniers jours qui en est la cause. C’est parce que les trois instances du patronat, le Medef, qui représente plutôt les grandes entreprises, la Confédération des PME (CPME) et l’U2P, qui est le porte-parole des artisans, commerçants et professions libérale ont claqué spectaculairement la porte des négociations lundi. Plus précisément, elles ont  "suspendu" leur participation.
 
Pourquoi ?

Elles veulent protester contre, je cite, la "détermination" d’Emmanuel Macron, de réguler les contrats courts par un système de bonus-malus. Une détermination affirmée jeudi dernier par le président de la République lors de sa rencontre très médiatisée avec les citoyens de Bourg de Péage, dans le cadre du Grand débat pour sortir de la crise des "gilets jaunes".
 
Quel est le problème ?

Le nombre de contrats à durée déterminée, CDD, de moins d’un mois a été multiplié par 2,5 en vingt ans. Les deux tiers de ces contrats sont le fait d’une relation suivie entre un même employeur et un salarié, réembauché régulièrement, mais sans accéder au contrat à durée indéterminée, CDI. Dans l’hôtellerie et la restauration, 12% des contrats sont de moins d’un mois, dans les services administratifs, le commerce de voitures, le transport et la logistique, 10%... Au total, estime un spécialiste, "400 000 personnes sont piégées dans cette forme de trappe à précarité".
 
Qu’est-ce qu’envisage le gouvernement en matière de bonus-malus ?

Comme l’expliquait dans La Croix de mardi notre spécialiste, Emmanuelle Réju, le mécanisme imaginé par les experts du ministère du travail prévoit de calculer, dans une entreprise donnée, le nombre de ruptures de contrats de travail donnant lieu à inscription à Pôle emploi (fin de CDD, fin de mission d’intérim) rapporté à l’ensemble des effectifs. Si ce ratio est supérieur à la moyenne du secteur, la cotisation chômage de l’employeur, actuellement de 4,05%, est relevée. Et elle est réduite dans le cas contraire. Globalement, le coût du travail n’augmente pas, ce qui constitue une ligne rouge pour le gouvernement. Un système malin sur le principe, mais assez difficile à mettre en œuvre. Même les syndicats le concèdent.

Comment ont réagi ces derniers à la suspension des négociations ?

Ils sont évidemment satisfaits de voir que la crise des "gilets jaunes" contraint le gouvernement à mettre la pédale douce sur sa politique pro-business et donner des gages sociaux à une population précaire qui s’est souvent retrouvée sur les ronds-points. Mais cette victoire est à double tranchant, car la ministre du travail a clairement dit qu’elle reprendrait la main si les partenaires sociaux, patronat et syndicats, échouaient à trouver un accord. Ce qui pourrait signer la fin du paritarisme, la gestion par les partenaires sociaux de l’Unedic, l’assurance chômage, qui serait dès lors assurée par l’Etat. Une promesse électorale d’Emmanuel Macron, que ce dernier avait un peu mis en sourdine.

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