Avis de tempête sur l’Eglise catholique

Le discrédit est tel que rien ne semble être suffisant pour réparer les infâmies dont nous nous sommes rendus coupables, chacun à sa façon. Les catholiques, parangons de vertu, nous retrouvons mis face à nos hypocrisies et nos lâchetés. Elle n’est pas belle, l’image de nous que le miroir tendu par l’actualité nous renvoie. Qu’elle doit être lourde, cette charge supportée par ce vieil homme en blanc à Rome.

Il y a sûrement eu une prise de conscience générale lors de ce sommet pour la protection des mineurs qui va sans doute malgré tout changer l’Eglise, espérons que les victimes seront désormais enfin correctement écoutées, mais que de que de vies brisées, que de lenteurs, de temps perdu, d’hypocrisies.

Et je repensais aussi à ces paroisses où nos jeannettes n’ont pas le droit d’approcher de l’autel ou à ces couples de responsables de groupe rejetés parce que les accidents de la vie ont fait que leur quotidien n’est pas celui d’un modèle présenté comme indépassable. Comment supporter ce rigorisme idiot contre des personnes qui cherchent à faire le bien, quand, en plus, l’institution protège des criminels ?
 
Et pourtant…
"Comme Jésus montait dans la barque, ses disciples le suivirent. Et voici que la mer devint tellement agitée que la barque était recouverte par les vagues. Mais lui dormait. Les disciples s’approchèrent et le réveillèrent en disant : « Seigneur, sauve-nous ! Nous sommes perdus. » Mais il leur dit : « Pourquoi êtes-vous si craintifs, hommes de peu de foi ? » Alors, Jésus, debout, menaça les vents et la mer, et il se fit un grand calme". C’est tiré de l’evangile de Matthieu.

Je ne sais pas si Jésus est en train de dormir, mais la barque est secouée et notre foi avec. Dimanche, dans cette petite église de Jambville qui voit passer tant et tant de scouts et guides de France, nous étions une soixantaine à célébrer l’Eucharistie, loin des palais magnifiques de Rome. Nous étions là réunis en Son nom, avec nos doutes, nos fragilités, nos blessures plus ou moins secrètes. Et puis il y avait ces bougies, ces textes que nous partagions. J’ai repensé à tous ces prêtres, ces religieuses et religieux qui cheminent avec nous depuis tant d’années, qui souffrent encore plus que nous, à qui nous devons tant. J’ai repensé à ces milliers de laïcs anonymes, humbles et serviteurs. Comme des lumières fragiles et tellement fortes. Nous étions une soixantaine, tous ne partageaient pas notre foi mais ils tenaient à être là avec nous à ce moment-là. Je me suis rappelé qu’en camp scout, à la veillée, nous avons les orteils dans l’herbe, en en lien avec l’infiniment petit, et les yeux perdus dans les étoiles, dans l’infiniment grand. Revenir à l’essentiel pour retrouver Foi, Espérance et Charité.
 
Et si l’Eglise est durablement discréditée pour prendre la parole sur les questions de morale sexuelle, alors que ce soit pour nous l’occasion de laisser enfin la place à la parole que nous portons en matière d’économie, de protection de l’environnement et de ce qui fait notre maison commune.