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Bienheureux, avec ou sans majuscule !
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Bienheureux, avec ou sans majuscule !

RCF,  -  Modifié le 11 décembre 2018
Chaque jour Jean Pruvost vous propose un mot à analyser.
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Voilà encore un mot comme accueillant qui est tantôt un adjectif, « bienheureux celui qui vit en paix », donnent comme exemple nos dictionnaires, tantôt un nom, les Bienheureux, qui prennent alors un sens précis dans l’Église catholique. Quant à l’origine du mot, elle est transparente, l’adverbe bien et l’adjectif heureux. Raconter l’histoire de ce mot n’est pourtant pas inutile.

Il a été construit en français, en associant donc un adverbe, bien, et un adjectif, heureux et c’est en 1190 qu’on en atteste. En fait, dans son tout premier sens, « bienheureux », qualifie une chose, qui satisfait l’âme, qui donne du bonheur. Marot au XVIe s. dira par exemple que « Bienheureuse est la main… qui vers moi l’envoya ». Ensuite, presque en même temps, l’adjectif qualifiera une personne, jouissant d’un bonheur parfait.

Le mot prit alors un sens religieux, et devint en ce sens à la fois adjectif et substantif, défini par Furetière comme « celuy qui jouit de la béatitude » avec un exemple significatif, « Le paradis est le séjour des bienheureux » ou encore la « Bienheureuse Vierge Marie », les « Bienheureux apôtres ». Dès lors, poursuit Furetière, on l’a aussi dit « de ceux morts en odeur de sainteté, & que l’Église a désigné pour estre canonisé, et dont elle approuve la vénération. » Enfin, un autre sens fut donné au mot bienheureux, toujours en terme d’écriture sainte, « bienheureux se dit de ceux » précise nos anciens dictionnaires « qui ont les qualités comprises dans les huit béatitudes mentionnées dans l’Évangile selon saint Mathieu » dans le Sermon sur la montagne.

On a retenu la première formule : « Bienheureux les simples d’esprit », qui serait à continuer par les « pacifiques, les affligés, les doux, les affamés et assoiffés de justice, les miséricordieux, les persécutés, etc. » À propos du mot bienheureux, Littré signale que « quelques-uns disent à tort les biin-neu-reu, en donnant à biin, le son nasal de in dans in-digne. » Voilà une prononciation fautive qui a complètement disparu mais il y a encore le problème du trait d’union.

Oui, en 1680 Richelet l’écrit en deux mots mais Littré en 1863 signale u’ « il n’est pas pareil de l’écrire en deux mots. Je suis bien heureux de vous voir » à dissocier d’« être un bienheureux ou bienheureux » qui est « avoir la félicité. » Enfin, autrefois existait le verbe bienheurer. On pouvait dire : « quelle chance de bienheurer ! » Et bien que tout le monde bienheure !

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