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"Capharnaüm" par Nadine Labaki
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"Capharnaüm" par Nadine Labaki

RCF,  -  Modifié le 17 octobre 2018
Ce mercredi Valérie de Marnhac parle du film "Capharnaüm", présenté au dernier Festival de Cannes.

Le film "Capharnaüm" a reçu au Festival de Cannes le Prix du Jury œcuménique remis par votre association SIGNIS ! Nous primons des films pour leurs qualités artistiques et pour leurs valeurs humaines, porteuses du message de l’Evangile. Ce sont les critères de nos Jurys dans une trentaine de festivals dans le monde dont celui de Cannes.

Il s’agit là du 3ème film de Nadine Labaki, une cinéaste libanaise engagée, qui vit à Beyrouth et qui tourne des fables universelles, dans un genre bien à elle qui mélange le drame, le conte et le documentaire. "Capharnaüm", c'est l’histoire de Zaïn, un garçon de 12 ans, qui intente un procès à ses parents pour lui avoir donner la vie ! Une façon choc et symbolique pour la cinéaste de réaliser un grand film sur l’enfance maltraitée. Car les enfants sont pour elle les premières victimes de la pauvreté et des migrations. Et elle veut dénoncer ici les violences que cela engendre et donner une existence à ces enfants sans identité.

Pourtant, Zaïn n’en manque pas de vie ! Il déborde même d’énergie, d’intelligence, de ruse, de courage, de sagesse aussi. Et le jeune Zaïn AL RAFEEA qui joue le rôle, irradie littéralement à l’écran. Mais faute d’avoir pu sauver sa jeune sœur Sahar, il quitte ces parents dépassés et incapables de les protéger et trouve refuge chez une jeune mère éthiopienne sans papiers. Et quand celle-ci disparait à son tour, il doit s’occuper seul de son bébé Yonas.

Le film au départ est ancré dans la réalité, sous la forme d’un procès donc et monté en flash-backs. Il donne la parole à tous les protagonistes : au père, à la mère, à Rahil, la jeune immigrée qui recueille Zaïn. Et la réalisatrice s’interdit de les juger mais elle dénonce une société où les enfants deviennent une monnaie d’échange, mariés contre quelques poules ou achetés par des trafiquants peu scrupuleux.
Nadine Labaki sait aussi nous extraire de cette réalité difficile grâce à de longs travellings filmés du ciel ou à quelques moments de poésie, comme cette fête foraine irréelle dans laquelle Zaïn trouve refuge.

Le projet est né à un feu rouge, à Beyrouth, quand tout d’un coup elle s’interroge sur le sort de ces très jeunes enfants qui mendient ou vendent des jus de fruits. Elle part alors à leur rencontre dans les bidonvilles de la capitale, où elle a tourné plus de 500 heures de rushes pendant 6 mois et a écrit son scénario.

Nadine Labaki utilise sa caméra comme d’une arme de combat, avec toute l’indignation que déclenche chez elle la misère dans son pays. Et comme pour chacun de ses films, elle choisit des acteurs non-professionnels, proches de leur rôle et avec un résultat saisissant de force et de vérité. Filmé à hauteur d’enfant, "Capharnaüm" nous bouleverse et nous révèle une réalité que beaucoup ne préfèrent pas voir. Seule limite du film peut être, l’émotion qu’il déclenche laisse peu de place à la distance nécessaire à une réflexion ou à un débat. Mais il laissera en revanche une trace profonde et tenace dans la longue filmographie de l’enfance au cinéma.

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