C'est pas le Pérou !

"Et de fait le mot "Pérou" a fait rêver et il se retrouve bel et bien ancré dans nos expressions, lorsque nous disons par exemple que "ce n’est pas le pérou". En route pour le Pérou des expressions !

Il faut en vérité remonter à la conquête du Pérou par Francisco Pizarro qui s’empara en 1532 du territoire et qui fit exécuter sans pitié l’Empereur Inca Atahulpa dès 1533. Rien ne commence dans la tendresse et dès 1537 la puissance inca est définitivement brisée. En 1544 on découvre déjà des gisements d’argent à Potosi, gisements qui vont très vite enrichir la société coloniale.

Puis viennent des mines d’or qui font du Pérou pour les Européens un lieu de très grande richesse. Aussi, attesté dès 1661 "le Pérou" est assimilé à quelqu’un de très riche, relevant dans l’imaginaire de l’Empereur inca du Pérou. Au XVIIème, on en est à la formule affirmative : c’est un pérou, un homme riche donc, ou encore c’est le pérou c’est-à-dire une situation de formidable richesse. Mais aussi gagner le pérou, synonyme d’une magnifique réussite. Le tout sans majuscule.

Aujourd'hui, c'est surtout la formule négative qu'on emploie. Une formule qui veut au départ dire, attesté en 1790 que ce n’est pas une fortune. Dans une pièce de Courteline de 1893, on peut lire par exemple "Quatre francs par jour, environ …Ce n’est pas le Pérou", sous-entendant ce n’est pas cher. Et c’est ainsi que "ce n’est pas le Pérou" est devenu synonyme de "Ce n’est pas grand-chose". Eh bien que souhaite-t-on au Pérou, que l’expression redevienne synonyme de richesse : c’est le Pérou, comme on dit c’est Byzance.  

Mais au fait d’où vient le mot "Pérou" ? D’une langue indienne, le guarani, le mot "pirou" signifiant "eau, rivière". Eh bien souhaitons une rivière de prospérité pour le Pérou et qu’on puisse redire haut et fort, "c’est le Pérou" !"