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Ceux qui ont soif
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Ceux qui ont soif

RCF,  -  Modifié le 12 septembre 2019
Le retour d'une certaine théologie humaine d'Amélie Nothomb à Michel Houellebecq
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« Pour éprouver la soif il faut être vivant » : cette phrase écrite par Amélie Nothomb dans son dernier livre, « Soif », interroge non seulement la rentrée littéraire, mais l’homme de foi qui écoute ou qui lit.

Que Michel Ange ait pu représenter le Christ sous les traits d’un Apollon de Renaissance sur le plafond de la Sixtine ne semble plus gêner grand monde, et c’est tant mieux. Le Dieu qui prend chair accepte par la même de s’accommoder des visages que le talent des uns ou l’amateurisme des autres cherchera à lui donner dans toutes les cultures et tous les âges.

Les siècles passent, les arts se développent et les modes d’expression se multiplient. Dans le même mouvement, la question religieuse étant devenue une espèce de tabou social dans notre beau pays, l’ignorance culturelle, pour ne rien dire de la connaissance spirituelle, grandit elle aussi.

Mais voici qu’au cœur d’un temps où l’on ne parle plus que d’emprunts à taux négatifs, d’indice de consommation et où l’or flambe, voici qu’au cœur de ce matérialisme absolu où l’odeur de l’oseille semble avoir étouffée celle de l’encens, voici donc que l’interrogation religieuse, et même chrétienne, revient là où ne l’attendait pas.

Dans ce livre d’abord où la romancière se situe dans la personne de Jésus et se fait chair en lui, décrivant sa montée au Calvaire et son agonie en croix. Et puis dans un film qui ne marquera pas l’histoire du cinéma mais qui donne quelques moments de bonheurs en faisant dialoguer Michel Houellebecq et Gérard Depardieu, en Thalasso (d’où le nom de long métrage). Il y a notamment une scène étonnante et touchante : l’écrivain annonce clairement au comédien qu’il croit en la résurrection des corps. Devant la surprise de son compagnon, il précise de son ton d’éternel déprimé : « oui, je sais moi qu’un jour je sentirai de nouveau le bras de ma grand-mère me prendre par l’épaule », et il pleure.

Pourquoi évoquer et ce livre et ce film ? Parce qu’ils manifestent bien l’attente et le désir de comprendre, de chercher, même à tâtons, le sens de nos vies et de nos morts, la raison d’être de nos personnes et de notre monde. Ils font œuvre de théologie bien humaine, bien païenne pourrait-on dire pour rassurer les orthodoxes. Mais d’une théologie quand même car ils cherchent même maladroitement, dans le désordre de notre temps à nommer Celui qu’on aimerait nous faire oublier, à dire Celui que l’on préfère taire.

Dans l’avion qui le ramenait de Madagascar, interrogé à propos de l’excellent livre de Nicolas Senèze « Comment l’Amérique veut changer de Pape » qui démontre pourquoi les milieux ultras cherchent à provoquer le discrédit de son pontificat, le Saint Père explique : « Les pasteurs doivent conduire le troupeau du péché vers la grâce, c’est cela la morale évangélique. Quand vous verrez des chrétiens, des prêtres, des évêques rigides, derrière eux il y a des problèmes : ce n’est pas la santé de l’Evangile. »

Oui, devant les audaces d’écrivains, de comédiens, ou de tout homme, dans sa recherche de Dieu, ne nous cabrons pas trop vite comme des gardiens d’un temple imaginaire. Ne nous drapons pas trop vite dans une rigidité de censeurs et de moralistes bien-pensants. Prenons le temps d’écouter et d’essayer de comprendre afin d’être pour ceux qui cherchent de ces bons pasteurs qui révèlent en plénitude la Vérité de Celui que tous cherchent.

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