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Comment échapper au glyphosate ?
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Comment échapper au glyphosate ?

RCF,  -  Modifié le 1 février 2019
Retrouvez chaque mardi la chronique écologie.
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On reparle beaucoup de glyphosate avec un reportage choc mais très critiqué, une décision d’Emmanuel Macron de reporter la sortie de ce produit
 
On continue à prendre le problème par le mauvais bout. On se cantonne à une étude sur le caractère cancérigène d’un pesticide, le glyphosate. Et on laisse de côté des points essentiels :

  • "le glyphosate" et "les pesticides" ce n'est pas synonyme. Le glyphosate est un herbicide total. Les pesticides, ça inclut aussi fongicides, insecticides, dont les fameux néonicotinoïdes;
  • le problème des pesticides en général et du glyphosate en particulier ne peut être réduit à celui de l'hypothétique impact de l'un d'entre eux sur la santé humaine. Actuellement on a un consensus scientifique sur l’absence de caractère cancérigène prouvé pour le glyphosate tel qu’utilisé. Ça ne signifie pas que les pesticides ne posent aucun problème écologique
  • oui, l'homme agresse les écosystèmes de mille manières simultanées et donc tout n’est pas la faute du glyphosate ni même des pesticides, ça n’empêche pas que leur rôle néfaste sur la biodiversité ait été prouvé.

 Alors quel est selon vous le problème actuel posé par le glyphosate ?
 
C’est un herbicide total massivement utilisé dans tout un tas d’itinéraires techniques y compris les plus classiques avec bien d’autres traitements et des labours profonds. On fait le ménage, on élimine tout ce qui pousse pour laisser la culture seule. Même si la dangerosité directe pour la santé humaine est faible, cet usage contribue à faire de nos campagnes des environnements morts, ce qui rend nos cultures complètement dépendantes de nos produits. La responsabilité des pesticides dans le déclin de la biodiversité en général est démontrée par des centaines d'études dans toute l'Europe.

Pourquoi les herbicides sont dangereux pour la faune : on élimine toute trace de plantes sauvages sur des surfaces énormes, ces plantes ne nourrissent plus la faune, et les insectes dont elles étaient les plantes hôtes disparaissent aussi. Y compris des régulateurs de ravageurs. La même démarche agro-industrielle a conduit à arracher les haies, retourner les prairies, recalibrer les ruisseaux etc, ce qui est destructeur aussi. Mais on ne peut pas citer une de ces causes pour en dédouaner une autre, c’est un ensemble.
 
Mais les défenseurs du glyphosate disent qu’il est plus écologique que certaines pratiques utilisées en bio.
 
Parce qu’il est utilisé parfois dans une démarche d’allègement du travail du sol, qui en elle-même est une bonne chose. Mais là comme ailleurs, on a besoin de laisser de la place à la vie sauvage pour un écosystème bien portant dont les cultures vont bénéficier. Et c’est un usage mineur du glyphosate, aujourd’hui, ces cheminements. Cela dit, ça prouve qu’il faut d’autres solutions qu’une interdiction immédiate et abrupte.

Ce qu'il faut arriver à inventer, c'est un vrai équilibre entre la culture et un certain niveau de faune et de flore sauvage, plutôt que d'essayer de tout éliminer à part la culture. Pour ça, on a besoin d'agronomie et d'écologie. Ni d'interdictions abruptes ni de blancs-seings à coups de slogans du genre "halte à l'agri bashing". Les citoyens ont le devoir de se renseigner, mais aussi le droit de s’exprimer pour dire dans quelles campagnes ils vivront demain.
 
 

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