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Confinement, quand tout s'arréte
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Confinement, quand tout s'arréte

RCF,  -  Modifié le 27 mars 2020
Une méditation du Père Bernard Devert sur cet arrêt des activités en temps de confinement : un temps de pause pour se tourner davantage vers les personnes fragiles ?
Père Bernard Devert / RCF Père Bernard Devert / RCF

Tout s’est arrêté, ou presque, sauf pour les soignants constamment debout afin que le coronavirus ne vienne pas arrêter la vie ; il a déjà causé trop de drames privant les proches de ne pouvoir dire adieu à ceux qu’ils aiment. Ce qui s’est arrêté, c’est une course folle, stoppée soudainement par un virus invisible mais qui donne une grande visibilité à notre commune vulnérabilité. Saint-Exupéry, dans Citadelle, dit vouloir donner le goût du miracle aux hommes ; n’est-il pas là et partagé par tant d’élans de solidarité. Le confinement a comme libéré des trésors d’attention. Qui n’a pas reçu d’appels téléphoniques d’un lointain ou de ceux qu’on ne voyait plus, au motif de ne pas avoir le temps.
 
Le temps s’est comme arrêté, nous invitant à prendre celui d’une réflexion sur le sens de la vie, comprenant que courir est trop souvent animé par un désir de puissance, vain et, aujourd’hui, sans lendemain. Le jour d’après, quand nous aurons gagné parce que la vie est toujours victorieuse, il nous appartiendra moins de recommencer que de commencer à mettre de l’ordre dans nos cœurs et nos têtes pour que justement il y ait moins de ces désordres qu’on feint de ne pas voir, alors qu’ils déchirent l’unité mettant en cause les fondements d’une Société humanisée. A quel prix notre civilisation est-elle humaine lorsque le fragile est pris en compte. Le néo-libéralisme a montré ses limites alors qu’il se présentait comme les conditions d’un développement illimité. L’économie serait même en situation de chaos si l’Etat soudainement n’avait pas pris la mesure du danger, annonçant des dispositifs qui ne sont pas sans donner crédit à l’après-crise
 
L’humanisme, auquel ensemble nous travaillons, nous conduit à mettre en œuvre des initiatives comme la mise en confinement de ceux qui ne l’ont pas, pour être à la rue. Jamais, sans doute, nous n’avons peut-être mieux compris que bâtir, c’est prendre soin. Les soignants, au sein de notre réseau, témoignent d’une exemplarité sans qu’il y ait de demandes de mise en retrait. Ils savent que soigner, c’est prendre le risque de s’oublier pour être au service de ceux touchés par la maladie. Des héros invisibles qui ne font pas de bruit, mais qui font tant de bien.
 
Nombre d’aides-soignantes, d’auxiliaires de vie, d’infirmières ont de jeunes enfants à garder ; elles ont trouvé la possibilité, malgré bien des difficultés, d’honorer leur mission. Ce qui ne s’arrête pas ce sont les valeurs essentielles que les idées de puissance dissipent ; de fait, elles étaient seulement enfouies. Voici que le séisme qui parcourt le monde fait rouler les pierres pour laisser transparaître ce qui est nécessaire pour résister au mal. Alors, à vous tous, qui êtes des défenseurs de la vie, permettez-moi de vous exprimer un signe d’amitié, de reconnaissance au nom de notre Mouvement qui porte en son essence ce qui est essentiel, l’humanisme ; il est un soin. Aucun d’entre nous ne le déserte.
 
Ensemble, préparons ce jour d’après. Il ne sera pas sans difficulté mais pas sans espoir pour que, dans la mémoire de ce que nous vivons, nous décuplions l’audace nécessaire à faire naître des relations nouvelles.
 
 

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